C'est la rentrée scolaire, mais pas pour tout le monde. De nombreux parents s'inquiètent parce que leur enfant remet en question la poursuite de ses études, soit par manque de motivation ou d'une vision claire de ce qu'il ou elle souhaite faire dans la vie. Cette inquiétude n'est pas toujours fondée. Et si une pause utile était une façon de contrer le décrochage scolaire?

Pour ceux qui ont terminé leurs études secondaires, il peut être salutaire de prendre une pause utile, un gap year comme on dit dans le monde anglo-saxon, pour se donner le temps de gagner de la maturité, pour faire le point sur ses goûts et aspirations et pour tracer les pistes de son avenir. La pause utile est une mise entre parenthèses temporaires du parcours scolaire dans le but de progresser au plan personnel.  

Un nombre grandissant d'études démontrent les côtés bénéfiques de la pause utile. Selon certaines recherches, les jeunes qui s'accordent une pause semblable affichent de meilleurs résultats scolaires dans leur cheminement académique ultérieur et de meilleurs taux d'emploi lorsque vient le temps d'intégrer le marché du travail.  

Selon une étude commandée par le ministère de l'Éducation du Royaume-Uni, la pause utile favorise la maturité de même que le développement d'aptitudes pour le travail d'équipe et la prise de décision. Selon cette étude, une forte proportion de chefs d'entreprises, au moment de l'embauche, accorde une attention particulière aux candidats qui ont fait une pause utile.  

De grandes universités, comme Harvard et Princeton aux États-Unis, encouragent leurs étudiants à prendre une pause avant de commencer leurs programmes d'études. Trop d'étudiants débutent leurs études universitaires sans avoir vraiment pris le temps de se connaître et de baliser leurs aspirations professionnelles. Une entrée précipitée dans les études post-secondaires entraîne parfois des pertes de temps et d'argent, tandis que le jeune se démotive au rythme de réorientations successives.  

Pour être bénéfique, la pause doit être structurée, c'est-à-dire qu'elle doit permettre de réaliser un projet personnel et d'apprendre par l'action. Les projets peuvent varier d'un jeune à l'autre, mais ils doivent tous viser l'accomplissement d'objectifs de développement personnel. C'est souvent l'occasion d'effectuer un voyage et de s'investir dans une mission de volontariat.  

C'est ce que rend possible Katimavik en permettant aux jeunes Canadiens de s'engager dans un programme d'apprentissage par le service volontaire. Pendant six mois, les jeunes de 17 à 21 ans sont mobilisés en groupes de onze volontaires dans une mission au profit d'organismes sans but lucratif de communautés partout au Canada. C'est une occasion unique de développer des compétences, de s'initier à la citoyenneté, d'aider des communautés aux quatre coins du pays et de faire le point sur son avenir. Katimavik compte d'innombrables exemples de jeunes qui, au terme de leur stage de volontariat, ont retrouvé la motivation de poursuivre leurs études et ont «raccroché» avec enthousiasme et conviction.   

La pause utile est valorisée dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, en Australie et en Scandinavie. Au Canada, cette notion n'est malheureusement pas enracinée dans nos traditions et on a trop souvent tendance à voir d'un mauvais oeil le jeune qui ne s'engage pas immédiatement à poursuivre son cheminement scolaire à la fin de ses études secondaires.

On aurait intérêt à s'inspirer des modèles d'ailleurs. Les parents devraient, dans certains cas, encourager leur jeune à considérer la pause utile. Il s'agit d'un outil parmi d'autres susceptible de contrer le décrochage scolaire et de favoriser l'émergence de futurs citoyens modèles, productifs sur le marché du travail et sensibilisés aux réalités sociales de leur pays.