Depuis le début de son combat pour faire reconnaître ses droits et dénoncer le plagiat dont il a fait l'objet par Cinar, Claude Robinson avait des allures de David contre Goliath. Après 15 ans de démêlés juridiques qui lui auront causé des soucis inestimables et coûté une fortune en frais de toutes sortes, il a obtenu gain de cause dans un jugement cinglant en Cour supérieure à l'endroit de Cinar à qui elle imposait le versement de dommages exemplaires.

Or voici qu'une fois le fond de la cause réglé, le débat juridique s'est déplacé vers une contestation de l'évaluation des dommages subis. Des juges compatissants et compréhensifs à l'endroit des fraudeurs viennent de ramener à la baisse toutes les sommes qui devaient être versées en compensation des préjudices subis par l'auteur. Le résultat a de quoi laisser songeur sur la qualité de notre système de justice. Qui êtes-vous, messieurs les juges, pour ramener à 250 000$ l'évaluation des dommages personnels et professionnels causés à Claude Robinson pendant les 15 dernières années?

Dans ce cas comme dans d'autres, des valeurs de fond de notre société sont en jeu et notre système de justice nous démontre encore une fois son incapacité à imposer des dommages exemplaires et dissuasifs. Un cas de peine ridicule qui s'ajoute à celui des fraudeurs en cravate qui se promènent dans la collectivité après quelques années de détention, à ce récidiviste de l'alcool au volant qui s'est fait arrêter récemment pour la 14e fois, sans oublier celui des Hells Angels qui ont récemment été libérés de toutes accusations en raison de délais juridiques trop longs...

Il fallait, pour s'engager dans une lutte sans merci contre Cinar, la persévérance et le cran exceptionnels d'un Claude Robinson. Bien peu de gens dans la même situation auraient eu son courage et sa détermination. Encore moins le feront à l'avenir parce que le message envoyé par la Cour est clair: même si vous finissez par gagner sur le fond du litige, il y aura toujours des juges compatissants à l'endroit des fautifs pour vous faire regretter amèrement, au nom de l'application des règles (désuètes) de notre loi, d'avoir cru un instant que vous pourriez avoir gain de cause et obtenir un règlement équitable pour les préjudices subis.

Claude Robinson fait figure de symbole de notre démocratie. Il mériterait qu'on l'honore et qu'on se mobilise collectivement pour combler les 750 000$ que la Cour lui avait accordés, en première instance, à titre de dommages personnels. Dans sa lutte pour la reconnaissance de ses droits, Claude Robinson conclurait peut-être aujourd'hui que face à lui, Goliath, c'était plus que Cinar: c'était Cinar et... notre «pauvre» système de justice! Méchant contrat...