En ce lendemain d'élections, les Montréalais s'attendent à ce que l'administration Tremblay fasse preuve d'une intégrité absolue. Ils ne veulent plus ressentir de désarroi face à leur hôtel de ville.

Mais ce radical rétablissement de l'intégrité ne peut pas constituer le seul défi ni le programme complet des nouveaux élus. Il s'agit là d'une exigence fondamentale pour préserver la démocratie, et l'on ne peut que se désoler de constater qu'elle est devenue l'enjeu principal d'une élection. Cela étant dit, il faut nous souhaiter qu'elle ne mobilise pas toutes les énergies pendant quatre ans. Il faut nettoyer la maison et vite, mais il faut aussi continuer de bâtir la métropole.

Administrer une grande ville demande d'être efficace. Il faut livrer des services à ses citoyens. Il y a beaucoup à faire de ce côté-là. Il faut aussi agir stratégiquement pour stimuler son développement économique, social et culturel.

À l'ère où les grandes villes du monde sont en concurrence pour attirer talents et investissements, et à moins de sept ans du 375e anniversaire de la métropole, Montréal a besoin de déterminer ses priorités, de se démarquer et d'affirmer son unicité. Elle a ardemment besoin de se positionner comme une marque... gagnante. Lorsque l'on décide d'investir dans une marque et de la rendre accueillante, attirante, performante et vibrante, il faut d'abord reconnaître et vouloir établir les traits marquants de sa personnalité, y investir et les mettre en valeur par tous les moyens. Il faut surtout éviter de réduire cette démarche essentielle au développement d'un logo et à un choix de couleurs.

La force d'une marque réside dans la pertinence de l'idée maîtresse et dans la clarté et la portée de sa promesse. Pour Montréal plusieurs options sont possibles, mais le défi de Gérald Tremblay sera d'en choisir une, ce qui suppose qu'il en écartera d'autres, quitte à décevoir pour un temps certaines personnes ou quelques groupes.

Et sa première obligation pour la suite des choses sera de demeurer totalement fidèle à ce choix dans toutes ses actions et ses décisions. On parle ici de rigueur. Une marque, et l'idée forte qui l'incarne, ce n'est pas une promesse de perfection, loin de là. Par contre, on peut difficilement trouver meilleur moyen de mobiliser la population en concentrant ses actions et ses efforts sur un but commun, sur une vision inspirante de ce que Montréal peut et doit projeter aux yeux du monde.

Si, par exemple, le choix s'arrêtait sur Montréal métropole de créativité, l'expression de cette promesse devrait se manifester au quotidien dans toutes les décisions et partout dans la ville: dans nos parcs, sur nos artères, dans le métro, dans nos autobus et nos trains, dans nos édifices publics et privés.

Il faudrait que la revitalisation des artères soit signée par nos créateurs, que nos espaces verts soient meublés d'oeuvres d'art, que l'éclairage de nos rues soit particulièrement coloré et original, que nos taxis devenus hybrides soient habillés par le Cirque du Soleil, que nos panneaux de rues portent la couleur et la signature de notre imagination, et que même nos bacs à ordures se distinguent par leur design; il faudrait aussi que les nouvelles constructions résidentielles et commerciales portent fièrement un sceau culturel, que nos transports collectifs soient marqués par notre ingéniosité, que notre aéroport et nos gares accueillent les touristes et voyageurs au son et à l'image de nos artistes.

Pour certains, ce ne serait que des détails, mais le fameux adage qui dit que le tout est plus fort et porteur que la somme des parties prendrait ici encore une fois tout son sens, et cette fois-ci pour et en faveur de Montréal.

Montréal a urgemment besoin d'être vacciné contre la corruption et la collusion. En revanche Montréal est en attente d'une forte dose d'adrénaline pour lui redonner fierté et réussites.

L'auteure est présidente de Marketel et présidente des conseils d'administration de la Société du Havre de Montréal et de l'UQAM.