La semaine dernière, plusieurs médias québécois ont repris presque mot à mot un article du New York Times qui pointe du doigt le pape Benoît XVI pour avoir contribué directement à étouffer un cas de prêtre pédophile américain du temps où il était cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

La semaine dernière, plusieurs médias québécois ont repris presque mot à mot un article du New York Times qui pointe du doigt le pape Benoît XVI pour avoir contribué directement à étouffer un cas de prêtre pédophile américain du temps où il était cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Si l'information était avérée, à l'évidence la crédibilité de l'Église et du pape Benoît XVI serait gravement entachée.

Aussi est-il étonnant de constater que l'information publiée comporte des imprécisions et des raccourcis troublants compte tenu de la gravité des reproches adressés et des personnes concernées. Le journaliste du New York Times donne une interprétation que les faits ne suggèrent pas.

Rappelons brièvement les faits: un prêtre du diocèse de Milwaukee est dénoncé par trois jeunes pour divers abus à connotation sexuelle qui se seraient déroulés entre 1963 et 1969. Des accusations au criminel auraient été portées en 1974, mais par la suite abandonnées, sans que la raison n'en soit donnée.

Les allégations ont été portées à l'attention de l'archevêque de Milwaukee en 1995. Celui-ci met immédiatement en branle un processus judiciaire ecclésiastique qui ferait en sorte que le prêtre soit laïcisé. Mais une difficulté s'est rapidement présentée touchant le délai de prescription.

Afin de faire lever cet obstacle, l'archevêque de Milwaukee entreprend dès 1996 différentes démarches par le biais de lettres auprès de la Congrégation dirigée par le cardinal Ratzinger et son bras droit, Mgr Bertone, afin qu'un décret de la Congrégation soit émis selon lequel, malgré le temps écoulé, un procès ecclésiastique puisse être tenu.

En mai 1997, il est convenu que le procès pourra être tenu. Surviennent ensuite des difficultés liées au fait que le prêtre ne réside plus dans le diocèse de Milwaukee, mais dans un autre diocèse qui a juridiction. Un autre procès est donc mis en branle dans cet autre diocèse.

En janvier 1998, le prêtre accusé dans cette affaire écrit au cardinal Ratzinger pour porter en appel la décision de passer outre aux délais de prescription. Il ne demande pas une faveur, mais exerce un recours juridique.

En mai de la même année, l'évêque responsable du procès informe Mgr Bertone qu'il ira de l'avant avec le procès, malgré la demande de l'accusé.

À la suite de la rencontre à Rome le 30 mai 1998 avec Mgr Bertone, l'archevêque de Milwaukee décide d'abandonner le procès judiciaire à cause des difficultés liées aux délais de prescription et d'opter pour une démarche administrative qui empêcherait le prêtre incriminé d'exercer quelque ministère que ce soit. Il en informe Mgr Bertone dans une lettre datée du 19 août, mais prêtre incriminé est décédé deux jours plus tard.

Les faits rendus publics par le New York Times contredisent donc les conclusions du journaliste voulant que le cardinal Ratzinger et son bras droit aient voulu étouffer l'affaire. Il s'agit plutôt d'un débat juridique dans lequel les différentes parties entreprennent des démarches pour faire valoir leurs droits. L'intention de l'archevêque de Milwaukee est claire et constante : empêcher par tous les moyens à sa disposition le prêtre incriminé d'exercer un ministère. Dans les faits, le cardinal Ratzinger n'a pas été mêlé à cette histoire.

Il est désolant de constater que le désir d'incriminer le cardinal Ratzinger l'emporte sur la véracité des faits. Il ne s'agit pas ici de défendre à tout prix l'Église, mais de s'assurer que les reproches qui lui sont adressés le soient en toute justice.