L'attachée de presse du ministre de la Santé, Yves Bolduc, a dit, sans sourciller, que parfois, à cause de la pénurie de personnel, on n'a pas le choix d'avoir recours aux agences de placement de personnel en soins de santé. Foutaise! Ce «parfois» n'existe tout simplement pas. Depuis l'arrivée au pouvoir de Jean Charest en 2003, le recours au personnel d'agences privées n'a cessé d'augmenter.

L'attachée de presse du ministre de la Santé, Yves Bolduc, a dit, sans sourciller, que parfois, à cause de la pénurie de personnel, on n'a pas le choix d'avoir recours aux agences de placement de personnel en soins de santé. Foutaise! Ce «parfois» n'existe tout simplement pas. Depuis l'arrivée au pouvoir de Jean Charest en 2003, le recours au personnel d'agences privées n'a cessé d'augmenter.

Je travaille cette fin de semaine de soir sur une unité de réadaptation physique qui compte 58 patients. Nous sommes trois préposés aux bénéficiaires, employés régulier de l'hôpital. Les autres employés? Infirmières, infirmières auxiliaires et même l'assistante infirmière-chef proviennent toutes les cinq d'agences! Est-ce là une exception, comme semble le prétendre le ministère de la Santé? Pas du tout. Ce manège dure depuis bientôt 10 ans!

Il y a des employés d'agences qui sont sur le plancher depuis plus longtemps que notre personnel régulier, rien de moins. Je n'ai absolument rien contre ces personnes qui sont tout aussi dévouées et professionnelles que les autres intervenants. Mais en tant que payeur de taxes et d'impôts, je ne peux que dénoncer cette situation qui fait inévitablement grimper les coûts du système de santé, tout en diminuant la qualité et la continuité des soins.

Le manque de volonté et de courage du ministère a fait en sorte qu'au fil des ans, la proportion d'infirmières provenant du privé a augmenté à un point tel que dans certains cas, elle dépasse le nombre d'employés réguliers.

La pénurie d'infirmières que nous vivons présentement n'est que la pointe de l'iceberg. Des milliers de ces professionnelles s'apprêtent à prendre leur retraite au cours des prochaines années. Que fait concrètement le gouvernement Charest afin de stopper cette hémorragie?

Voici donc une idée qui pourrait enrayer le recours aux agences privées une fois pour toutes. Encore faut-il avoir le courage politique de l'appliquer!

Il y a environ 3000 infirmières au Québec qui choisissent d'exercer leur profession au sein de l'entreprise privée. Elles travaillent pour l'une ou l'autre des 145 agences de placement de personnel en soins infirmiers réparties, pour la plupart, dans la grande région de Montréal. Il manque, dans nos hôpitaux et CHSLD, environ 2000 infirmières. Or si j'étais à la place du ministre de la Santé, je prendrais le taureau par les cornes afin de mettre fin à cette pénurie qui paralyse le réseau au grand complet.

Je donnerais un délai de trois mois aux différents établissements de santé afin qu'ils réorganisent leurs lieux de travail pour, en bout de compte, être en mesure de ne plus faire de place aux travailleuses issues de ces agences privées.

Durant cette période de trois mois, les établissements de santé devraient obligatoirement offrir des postes aux infirmières provenant du privé. Si elles veulent continuer à exercer leur profession, il leur serait difficile de refuser car, entretemps, aucun hôpital, CLSC ou CHSLD ne pourrait recourir à du personnel qui provient de l'entreprise privée.

Cette mesure aurait sans doute un effet à la hausse sur les heures supplémentaire effectuées par le personnel régulier, mais à court terme seulement. Si personne n'agit, nos infirmières continueront de faire des heures supplémentaires obligatoires comme c'est le cas depuis trop longtemps déjà. À moins que le ministère de la Santé et le gouvernement Charest préfèrent ne rien faire, laisser aller les choses afin que le privé ne devienne notre prochain sauveur!