Le «risque» aura considérablement eu le dessus sur le «refuge» en 2009 sur les marchés financiers, renversant la tendance de 2008.

Au Canada, l'indice boursier principal enregistre un rendement de 30% depuis le début de l'année et celui des obligations gouvernementales 2%. L'indice des pays émergents affiche, quant à lui, un gain de 70% en 2009 (-55% en 2008). Le prix des ressources et la valeur du huard ont également été emportés par ce retour en force de l'appétit pour le risque.

Malgré ces rendements attrayants, les principaux indices boursiers oscillent encore à des niveaux de 30% inférieurs aux sommets de 2008, et il y a peu de chance de revisiter ces sommets à court terme.

 

À pareille date l'an dernier, les marchés escomptaient des scénarios apocalyptiques et les primes de risque frôlaient des niveaux records. L'année 2009 aura été désastreuse pour l'économie mondiale et les Bourses ont bondi, illustrant une fois de plus que les marchés se nourrissent d'anticipations et non des manchettes de journaux.

C'est donc dire qu'a pareille date l'an dernier, le risque ne se situait pas là où on le pensait et les indices boursiers ont entamé une remontée historique au printemps. Bien que ce redressement ait confondu une majorité d'investisseurs, il aura été typique des fins de récession. Le rebond s'est orchestré au moment où la récession mondiale était en perte de vitesse, la Bourse n'a pas attendu la fin de la récession.

Pour 2010, la performance de l'économie devrait éclipser celle des marchés boursiers. L'amélioration des données économiques et l'évolution positive des bénéfices des entreprises devraient alimenter l'actualité dans les prochains mois, favorisant le redressement du niveau de confiance.

Un tel scénario est cependant mieux escompté par les investisseurs, et contrairement à l'an dernier, le profil risque-rendement des actions et des actifs cycliques n'est plus aussi attrayant. Les rendements obligataires devraient se situer entre 0% (gouvernements) et 5% (sociétés) l'an prochain, comparativement à des gains de 10% pour les actions, ce qui justifie à notre avis le maintien d'une surpondération modérée en actions pour débuter 2010.

Le comportement du dollar américain et la remontée des taux d'intérêt pourraient freiner l'ardeur des actifs cycliques en 2010. Le retour de la création d'emplois aux États-Unis devrait paver la voie à d'éventuelles hausses de taux d'intérêt. Et bien que le billet vert reste vulnérable, nous n'excluons pas l'éventualité d'une embellie à court terme lorsque la Réserve fédérale augmentera ses taux d'intérêt.

Le parcours des ressources et de l'or risque donc d'être plus périlleux l'an prochain. Si 2009 a débuté sur une note négative, le meilleur de 2010 pourrait arriver en première moitié, puisque le palmarès des gains risque de s'inverser avec l'évolution de la dynamique des devises et des taux d'intérêt. D'ailleurs, on note déjà un changement de leadership depuis l'automne, et cette rotation est appelée à favoriser les secteurs et actifs moins cycliques au gré de 2010.

Notre niveau d'optimisme boursier est inférieur à ce qu'il était il y a un an et notre objectif pour 2010 consistera à réduire notre exposition au «risque». Le parcours des prochaines années s'annonce volatile et une approche plus dynamique nous apparaît justifiée. Le «buy-and-hold» sera frustrant. Si, comme investisseurs, vous vous réveillez en 2010 avec plus d'audace qu'en janvier 2009, rappelez-vous que les indices se sont déjà appréciés considérablement depuis mars dernier et que la fenêtre se referme. Il y a certes des occasions, notamment pour les titres versant de généreux dividendes, mais ne vous basez pas sur le tableau de chasse de 2009 pour bâtir votre plan de match! D'ici la fin de 2010, les portefeuilles devraient être moins axés sur les actifs et secteurs cycliques que maintenant.