Je reviens sur la question de l'«exode» de la classe moyenne francophone vers la banlieue – un sujet qui m'a apporté un courrier abondant venant de jeunes familles qui adorent Montréal... mais envisagent de déménager dans le 450 ou y sont déjà rendues.

Je reviens sur la question de l'«exode» de la classe moyenne francophone vers la banlieue – un sujet qui m'a apporté un courrier abondant venant de jeunes familles qui adorent Montréal... mais envisagent de déménager dans le 450 ou y sont déjà rendues.

Elles se sont toutes heurtées au mauvais rapport qualité-prix des maisons à Montréal. Leurs récits contiennent en germe des suggestions qui pourraient assez facilement être appliquées si nos gouvernements voulaient vraiment retenir la classe moyenne francophone dans la métropole. Ainsi, la construction d'habitations familiales à prix relativement abordables, et des changements aux règles qui régissent la location, ce qui inciterait les propriétaires de «plex» à maintenir leurs logements en bon état.

Ces mesures simples et réalistes accroîtraient le stock de bons logements destinés aux familles de classe moyenne... mais elles vont à contre-courant de la mentalité de nos élus, qui favorisent depuis toujours les locataires et l'habitation sociale au détriment des petits propriétaires et de la classe moyenne. (Les Montréalais riches, à plus forte raison s'ils n'ont pas d'enfants, n'ont pas de problèmes à trouver à se loger à Montréal, ce n'est pas d'eux que je parle ici.)

«Nous sommes un couple de professionnels dans la jeune trentaine, urbains jusqu'au bout des ongles», écrit M. Leduc. «Avec deux enfants, notre condo du Plateau est devenu trop étroit. Hélas, le développement immobilier récent n'offre que des condos dont la superficie moyenne tourne autour de 800 pieds carrés. Pour les familles, il ne reste que des 'plex' étroits, dont la rénovation ou la conversion en cottage est hors de prix considérant le prix initial d'achat. Dans le Plateau et Rosemont–La Petite Patrie, il y a beaucoup de jeunes parents comme nous qui devront se résigner, bien à contrecoeur, à déménager en banlieue.»

«Les élus municipaux n'interviennent dans la gestion de l'immobilier que pour faire la promotion des logements sociaux, pendant que les jeunes familles qui paient leur juste part d'impôts quittent l'île... Pourquoi ne pas imposer un pourcentage minimum de maisons de ville dans les nouveaux projets de développement, de la même façon qu'on encourage la mixité sociale en imposant des logements sociaux?»

M. Tremblay, lecteur maintenant installé dans le 450, espérait pouvoir rester à Montréal en comptant sur des revenus de location. Il a vite jeté l'éponge, devant les difficultés que vivent les petits propriétaires. M. Loiselle, lui, a tenté l'expérience de la copropriété, problématique elle aussi car dans les petites copropriétés, les rapports se dégradent facilement pour peu qu'un copropriétaire soit non coopératif. M. Loiselle a trouvé la paix en achetant une maison unifamiliale sur la Rive-Sud.

M. B.: «Contrairement à la plupart de nos amis qui vivent en banlieue, j'ai choisi Ahuntsic. Montréal étant une ville de locataires, une solution pour un jeune couple est d'acquérir un multiplex. Notre duplex a coûté 285 000$. Le loyer du locataire nous aide financièrement, mais au coût d'intolérables nuisances sonores. Cependant, en raison des contraintes de la Régie du logement, impossible de changer de locataire, impossible de fixer un juste prix pour le loyer... Finalement, nous vivons dans des conditions proches de la vie de locataire tout en subventionnant nos locataires.»

Témoignage d'une ex-Montréalaise établie à Berlin: «Pour le même prix, Berlin offre des logements de bonne qualité et fraîchement rénovés alors que Montréal offre des logements plutôt crades... Ajoutez les nombreux parcs, les excellents transports en commun, la propreté... Résultat: les gens de la banlieue déménagent de plus en plus dans la grande ville.»