On devrait s'intéresser avec beaucoup plus d'enthousiasme qu'on ne l'a fait jusqu'à présent au Plan Nord du gouvernement du Québec. Il pourrait façonner l'avenir du Québec et devenir un paramètre majeur de son développement et de son positionnement international. Le vaste territoire couvert par ce plan, au nord du 49e parallèle, représente près des trois quarts de la superficie du Québec. Il est encore aujourd'hui méconnu des Québécois. C'est pourtant là-bas que la fierté a débuté, que le Québec économique moderne est né et qu'il a commencé à compter, ici comme ailleurs dans le monde, comme acteur économique avec ses premiers barrages hydroélectriques, le foisonnement de ses expertises en ingénierie et ses prouesses technologiques. Aujourd'hui, plus de 70% de la puissance hydroélectrique d'Hydro-Québec, qui assure notre confort au Sud et contribue au développement économique de tout le Québec, provient de ce territoire.

Si, dans les années 70, le Nord et la Côte-Nord ont propulsé le Québec entier vers des décennies de prospérité et de développement, l'avenir qui se dessine pourrait s'inscrire au même registre pour le XXIe siècle, à condition que le Plan Nord réussisse.

 

Les avenues de développement qui se dessinent avec, notamment, la réalisation du complexe hydroélectrique sur la rivière Romaine et le potentiel récréotouristique de ces vastes espaces sauvages sont prodigieuses. Le potentiel minier du territoire, sa biodiversité, ses possibilités pour la cueillette de produits nordiques uniques, la valorisation écologique et raisonnée de la forêt et l'agriculture durable sont incommensurables. Mais on commence également à s'intéresser à d'autres ressources dont le Nord regorge dans la foulée de Copenhague et de ses suites: les minéraux énergétiques.

Le Nord-du-Québec pourrait bien abriter l'un des plus importants gisements de lithium et de vanadium au monde, deux minéraux essentiels à la conception de produits de très haute technologie et notamment des moteurs électriques. Transformer ces minéraux énergétiques et concevoir des moteurs électriques performants ici nous ouvre, entre autres, les perspectives d'un marché mondial actuel, et en pleine croissance, de plus d'un milliard d'automobiles.

Conjugué à l'hydroélectricité et aux possibilités d'exploitation de gisements de gaz naturel importants (une autre énergie propre), ailleurs sur le territoire du Québec, le portfolio énergétique et environnemental du Québec est impressionnant.

Le Plan Nord reste à définir et ce sont d'abord les communautés du Nord, ces porte-étendards de notre nordicité, qui doivent contribuer à façonner leur avenir. Il faut éviter de reproduire le modèle actuel où prospérité, déclin et dévitalisation se jouent au gré de l'exploitation des gisements miniers (transformés ailleurs) ou de la conjoncture dans le secteur forestier.

Ces communautés, en partenariat avec des entreprises québécoises, doivent pouvoir bénéficier de la transformation des ressources névralgiques sur place, d'emplois durables, stables et spécialisés, d'investissements structurants et, pourquoi pas, d'une superstructure faisant du Nord une référence internationale de la biodiversité et du développement des technologies énergétiques vertes.

Il y a là une formidable occasion pour l'ensemble du Québec et pour les communautés visées par le Plan Nord, les Québécois comme les Innus, les Cris, les Naskapis et les Inuits, de s'inscrire ensemble en droite ligne avec la nécessité planétaire de faire les choses autrement et de prendre une part active au vaste mouvement d'amélioration de l'environnement mondial.