L'auteur est député de Rosemont-La Petite-Patrie et porte-parole du Bloc québécois en matière d'environnement. Il réplique à l'éditorial d'André Pratte intitulé «Le Canada et Copenhague», qui a été publié le 10 novembre.

Dans votre éditorial, vous estimez que les groupes environnementaux et moi-même déformons la réalité lorsque nous constatons que la position du Canada risque de compromettre l'adoption d'un accord sur les suites à donner au protocole de Kyoto lors de la conférence de Copenhague, en décembre.

Après avoir participé à nombre de conférences sur les changements climatiques et pour avoir échangé avec maintenant trois ministres de l'Environnement conservateurs, c'est par expérience que j'affirme que le Canada, sans être le seul, est au premier rang des pays qui cherchent à faire dérailler les pourparlers.

 

En rejetant toujours le blâme de l'inaction du Canada sur les gouvernements précédents alors qu'ils sont au pouvoir depuis maintenant tout près de quatre ans, en soulevant mille et un prétextes pour repousser encore et encore l'entrée en vigueur d'une réglementation crédible qui permettrait l'essor d'une Bourse du carbone à Montréal et, surtout, en se fixant un plan basé à la fois sur une année de référence partiale (2006 plutôt que 1990) et des cibles d'intensité qui ne sont partagées par personne d'autre, les conservateurs ont volontairement fait l'impasse sur les propositions de la communauté internationale.

Pire, le Canada se fait maintenant l'apôtre de «circonstances nationales» pour justifier qu'il devrait faire moins d'efforts que les autres, alors même que des pays au climat encore moins clément réussissent à faire beaucoup mieux. Ce faisant, le Canada a ouvert la porte à toutes les excuses et dédouane les pays qui, comme la Chine et l'Inde, pourraient être tentés d'invoquer eux aussi leurs circonstances particulières.

Ce n'est pas pour rien que le Canada accumule, lors des discussions internationales, les prix Fossiles, remis aux pays les plus destructeurs de consensus. Et contrairement à la Russie et à l'Allemagne que vous citez en exemple, le Canada, lui, n'a pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, loin de là.

Sachez que j'adhère toutefois à votre conclusion selon laquelle la position de négociation de chaque pays est tributaire de ses intérêts économiques. C'est justement pour cette raison que l'Allemagne est devenue un leader des énergies renouvelables, que la Chine lui emboîte le pas et que le gouvernement américain a décidé d'investir 150 milliards de dollars dans les énergies renouvelables.

Alors que le Québec a, lui aussi, tout à gagner à réduire sa dépendance au pétrole qui lui coûte des milliards de dollars par année, le Canada se définit comme une nation pétrolière. Pas étonnant, donc, que le Canada cherche à tout prix à éviter qu'un traité contraignant ne soit conclu à Copenhague. Ce que les conservateurs oublient de dire, c'est que, tôt ou tard, nous paierons la note.