Le problème pour lequel je propose une solution ici n'est pas banal du tout: les graffitis, autrefois occasionnels ou limités aux centres-villes urbains, et parfois même assez jolis, sont aujourd'hui devenus un véritable fléau, puisqu'ils défigurent désormais tous les quartiers de Montréal.

Qui paye pour un graffiti? Le propriétaire du bâtiment d'abord - demandez à n'importe lequel s'il aimerait mettre la main sur l'artiste qui a peinturé sa propriété! -, les gens du voisinage ensuite, et enfin tous les Montréalais puisque ce sont nos impôts qui financent les efforts d'effacement de graffitis de l'administration municipale. On parle de millions de nos dollars investis chaque année, et le phénomène ne se résorbe pas, au contraire.

Que faire? D'emblée, il faut reconnaître que l'idée de traiter le problème en aval, comme on le fait depuis toujours, n'est pas bonne. Tout ce temps, cet argent et cette énergie dépensés sans cesse, simplement pour nettoyer les canevas des «artistes» qui reviennent le lendemain refaire leur monde, c'est du gaspillage.

Ce qu'il faut faire pour enfin enrayer le fléau, c'est traiter le problème en amont! Il faut aller à la source, c'est-à-dire chez les commerçants qui vendent leurs munitions aux artistes. Elle est là, l'idée: traiter les canettes de peinture en aérosol comme des munitions, et donc les garder sous le comptoir ou sous clé, et en interdire la vente aux mineurs.

D'ailleurs, comme pour l'empreinte unique des balles, il serait aisé de retracer la provenance d'un graffiti à partir de codes de couleurs... Cette idée nous ferait économiser des millions, donnerait aux entrepreneurs et employés municipaux affectés au «nettoyage» de graffitis le loisir de se consacrer à des activités plus constructives, et libérerait enfin Montréal de ces balafres gênantes. Trop beau pour être possible?

Et que devrait-on faire pour valider cette belle idée? D'abord, l'entériner par un règlement, idéalement provincial, puisqu'il serait trop facile de s'approvisionner à Repentigny pour s'éclater à Rivière-des-Prairies.

Ensuite, il faudrait amener les commerçants à appliquer le règlement. En termes de difficulté diplomatique, ça devrait être aussi aisé que de retirer les cigarettes des pharmacies, ou de forcer les détaillants de tabac à cacher leurs produits derrière des panneaux gris. Car qui peut être contre le bon sens ou le progrès? Un seul règlement pourrait sauver des millions de dollars et embellir nos villes en éliminant la quasi-totalité des graffitis qui les enlaidissent. Même si la Ville de Montréal finançait elle-même le réaménagement des quincailleries de la région, la facture serait moins élevée que ce qu'elle - on - paie présentement en nettoyage!

Qui pourrait être contre cette idée? Quelqu'un pourrait-il y trouver une difficulté, un problème? Et si non, pourrait-on l'appliquer avant que le petit crisse qui a béni mon nouveau mur de briques à 26 000$ ne revienne poursuivre son oeuvre?