Selon les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en l'absence d'actions, le réchauffement climatique représenterait quatre degrés additionnels d'ici 2100, un seuil insupportable pour l'humanité. Pour le limiter à deux degrés, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) devraient être réduites de 50% d'ici 2050 (25% d'ici 2020), par rapport à 1990.

En prévision de la conférence de Copenhague, la ministre Line Beauchamp tient une consultation du 22 octobre au 4 novembre sur la cible de réduction des GES. Elle propose une taxe verte sur l'essence, pour financer les mesures québécoises, variant de 3,7¢ à 12,7¢, selon la cible.Les milieux urbains québécois sont concernés. Le transport est le principal émetteur de GES au Québec. Il dépend à 99% du pétrole. En 2006, il fournissait 40% des GES, l'industrie, 33,5%, et le bâtiment, 12,5%. Le consensus existe sur la nécessité d'agir. En cette période électorale, quels engagements résoudront et financeront cet incontournable problème de société?

En transport, pour lutter contre les changements climatiques, il faut accroître massivement les transports collectifs et actifs, diminuer le nombre d'autos, utiliser des énergies propres, revoir le transport des marchandises, limiter la capacité routière, densifier les villes. Cet enjeu est fondamental pour les villes et les gouvernements, pour protéger l'environnement, la qualité de vie urbaine, la santé, l'économie, l'équité sociale, la sécurité. Pour l'industrie et l'immobilier, l'efficacité énergétique est ciblée.

La taxe verte proposée par la ministre est un choix avisé pour les transports. Le prix du litre d'essence a cru de 60¢ (2001) à 1,22$ (2008), sans que sa consommation ne chute. Cela a profité aux pétrolières et non aux alternatives à l'auto solo. Une taxe sur l'essence, pour être acceptable, doit alimenter un fonds dédié aux mesures à implanter pour atteindre la cible de GES en transport. Elle est équitable, car les véhicules y contribuent, proportionnellement à leur consommation d'essence, et incite à la réduire. Les automobilistes en bénéficient, car l'usage des transports collectifs augmente. La société gagne en développant l'économie québécoise des transports avancés, un milieu de vie plus sain, une qualité de vie pour l'avenir. La Colombie-Britannique affecte une taxe de 12¢ aux transports collectifs.

Pour la région montréalaise, baisser de 20% les GES d'ici 2020, signifie de réduire les kilomètres en auto solo de 5% à 7% annuellement. Les transports collectifs ne peuvent y arriver seuls. En plus d'encourager financièrement la STM à augmenter son achalandage, il faut aussi lutter contre les îlots de chaleur, diminuer le nombre d'autos de 15%, électrifier les transports, remplacer les combustibles fossiles, revoir le camionnage, réorganiser les villes, verdir, enlever des stationnements, du béton, de l'asphalte, inciter les entreprises, penser aux mesures fiscales.

Depuis la création de l'AMT, en 1996, une taxe verte de 1,5¢ par litre est affectée aux transports collectifs. Elle a généré 52 millions en 2008. Neuf cents rapporteraient 312 millions pour implanter les mesures en transport. Le système de perception existe. Où est le plan directeur régional intégré, aux mesures priorisées, aux échéanciers rigoureux, aux résultats conformes à la cible de GES? Quels sont les engagements des candidats aux élections? Pourquoi ne pas lier l'octroi des permis de construction et des subventions gouvernementales à leur contribution à réduire les GES de 20% d'ici 2020? Quelle exemplarité par les administrations publiques? Ce projet collectif nécessaire est stimulant. La taxe sur l'essence est sur la table. Le péage routier en serait la solution de rechange. L'urgence est d'agir.