Il y a un paragraphe dans l'article de Michèle Ouimet Le franc-tireur de Montréal, publié hier dans La Presse, que je ne peux laisser passer. Je cite: «Comment Richard Bergeron peut-il faire la morale à Gérald Tremblay en lui reprochant son manque d'éthique, alors qu'il est en conflit d'intérêts jusqu'aux oreilles?»

L'intégrité des élus municipaux étant au coeur de la présente élection municipale, le fait de me retrouver dans le même panier que Gérald Tremblay sur cette question est à la fois profondément injuste et erroné quant aux faits.

 

J'ai été assermenté comme élu municipal le 1er décembre 2005, congédié par l'AMT le 22 décembre suivant. Si tant est que j'aie été en conflit d'intérêts, je ne l'aurais donc été que durant 21 jours, non pas au cours des quatre dernières années, comme l'article le laisse entendre.

Dans ma cause contre l'AMT, je suis par ailleurs défendu par la Commission des normes du travail, laquelle estime qu'il y a là des points de droit à clarifier et une jurisprudence à établir. Pour cause, parmi les presque 10 000 élus locaux (municipalités et commissions scolaires) que l'on compte au Québec, plusieurs centaines sont des fonctionnaires provinciaux ou fédéraux.

D'autre part, il deviendra encore plus difficile de recruter des candidats aux postes d'élus locaux. Quoi qu'il en soit, c'est aux tribunaux compétents qu'il revient désormais de trancher cette question.

Il convient également de corriger l'impression que laisse le paragraphe précédent de l'article, tiré du jugement en première instance: «Le plaignant consacre plus de 80 heures par semaine à ses tâches d'élu municipal et de chef de parti.» Mon cas a été entendu par la cour en mai 2007, soit 18 mois après mon congédiement. Comme je l'ai alors expliqué, je consacrais tout mon temps à mon rôle d'élu et de chef de parti parce que je n'avais plus d'emploi à l'AMT. Serais-je demeuré chez celle-ci que mon emploi du temps aurait à l'évidence été fort différent.

Je n'ai grandi dans aucun sérail politique, je ne fais partie d'aucun puissant réseau d'intérêts et, depuis quatre ans déjà, je me satisfais sans amertume de mon seul salaire d'élu municipal pour vivre.

En ces temps de tourmente, mon désintérêt personnel et mon intégrité sont ce que j'ai de plus précieux à offrir à la population. C'est pourquoi je ne peux tolérer qu'on les mette en doute.

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EN CONFLIT D'INTÉRÊTS

Réponse de Michèle Ouimet:

Selon la Commission des relations de travail, Richard Bergeron est en conflit d'intérêts. Aucun doute là-dessus. Il ne peut pas être chef de parti et responsable des analyses stratégiques à l'AMT. «Les fonctions sont incompatibles», souligne la Commission. Aux lecteurs de juger. Ils peuvent lire la décision de la Commission à l'adresse suivante : www.crt.gouv.qc.ca/ decisions/2007/2007QCCRT0482.pdf. Je leur suggère en particulier la lecture des pages 23 à 25.