Depuis quelques années déjà, la population se fait lentement mais sûrement convaincre de l'avantage des aliments bio comparativement aux aliments conventionnels. Plusieurs écolos argumentent que seul le bio mérite d'être mangé et que les aliments «non bio» sont bourrés de pesticides et d'engrais, ne goûtent rien et sont même mauvais pour la santé.

Or, la sortie récente d'un des plus imposants rapports indépendants produits par le London School of Hygiene & Tropical Medecine au nom de la FSA (Food Standards Agency) et publié dans le American Journal of Clinical Nutrition, qui rassemble plus de 160 études des 50 dernières années, démontre qu'il n'y a aucun bénéfice nutritionnel entre les aliments issus de l'agriculture biologique et ceux de l'agriculture dite conventionnelle.

Tout récemment, une institution financière s'est lancée dans une campagne bio en offrant rien de moins que des aliments biologiques si l'on adhère à son programme en ligne. Elle s'éloigne ainsi de son champ d'expertise et embrasse une rectitude écologique qui ne tient pas la route.

Depuis le début du siècle, l'agriculture est passée d'une de subsistance à une agriculture moderne et productive assurant des aliments pour tous et surtout un apport de fruits et légumes considérable en quantité, qualité et à prix très économique. Cette immense accessibilité d'aliments de qualité a contribué à doubler l'espérance de vie humaine en moins de 100 ans.

Avec ses rendements élevés par unité de surface, l'agriculture moderne a également permis de sauver des millions d'acres de forêts et d'écosystèmes fragiles et à des milliers de producteurs et productrices d'en vivre convenablement. Dans cette foulée, le Canada s'est doté d'institutions scientifiques comme Santé Canada et l'Agence d'inspection des aliments dont les mandats et pouvoirs sont d'assurer l'innocuité et la sécurité des aliments produits ici et ailleurs.

On voudrait maintenant nous faire croire que l'on a eu tout faux et que le bio est notre seule planche de salut ? Une certaine population, pas toujours la mieux nantie, va même se priver de fruits et légumes conventionnels sans pouvoir se permettre d'acheter du bio, plus dispendieux.

Dr Richard Béliveau, bien connu pour son livre sur les aliments contre le cancer, émettait lui aussi des craintes face à ce sujet, dans un article d'un quotidien de Montréal intitulé «Le mythe des pesticides». Loin de faire la promotion d'une ou l'autre forme de production, l'important, selon lui, est de manger plus de fruits et légumes, qu'ils soient bio ou non, pour le plus grand bien de notre santé.

De même, Dr Ariel Fenster, professeur et fondateur de l'Organisation pour la science et la société à l'Université McGill déclarait que notre alimentation est plus saine et plus variée qu'elle ne l'a jamais été.

Il serait important de le redire à la population et de cesser ces propagandes et campagnes de peur qui nuisent à la santé publique.