Selon le Mouvement ProChrysotile, ce sont «des groupuscules idéologiques» et «des extrémistes» qui s'opposent à l'amiante.

Rien ne saurait être plus loin de la vérité. Ce sont des organismes réputés et respectés du monde entier qui réclament l'interdiction de l'amiante dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Société canadienne du cancer, l'Organisation internationale du travail, le Congrès du travail du Canada, l'Association médicale canadienne, ou la Confédération syndicale internationale, qui représente 168 millions de travailleurs dans 155 pays.

L'Institut du chrysotile est inscrit au registre des lobbyistes comme groupe de pression de l'industrie de l'amiante. Il prétend que ce sont les autres formes d'amiante qui sont dangereuses et non l'amiante chrysotile. En vérité, l'amiante chrysotile constitue 95% de toute l'amiante jamais utilisée dans le monde et  représente aujourd'hui 100% de l'amiante transigée sur la planète.

La preuve scientifique établissant que l'amiante chrysotile cause l'amiantose et des cancers mortels comme le mésothéliome et le cancer du poumon est maintenant irréfutable. Le Centre international de recherche sur le cancer, un institut qui fait autorité dans le monde, le confirme dans sa dernière  révision de  l'amiante chrysotile publiée plus tôt cette année. L'Institut du chrysotile rejette toute cette preuve scientifique établie sans conflit d'intérêt, lui préférant celle que l'industrie a achetée auprès « d'experts » à sa solde.

Dans 11 rapports de recherche réalisés au Québec depuis 2003, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a aussi fait la preuve que son utilisation sécuritaire, telle que prônée depuis 2002 par une politique du gouvernement du Québec, était une vue de l'esprit. Pendant ce temps, les cancers mortels liés à l'amiante augmentent ici même au rythme de 4% par année. Et nous payons des millions de dollars chaque année pour éliminer l'amiante chrysotile des écoles et des hôpitaux du Québec.

Le Québec, comme le reste du Canada et du monde industrialisé, a renoncé dans les faits à l'utilisation de l'amiante. Malgré les pressions de l'industrie de l'amiante, nous ne l'utilisons plus. Nous exportons presque tout notre amiante dans les pays en développement. L'Institut du chrysotile prétend que des contrôles sécuritaires rigoureux existent dans ces pays. C'est complètement faux. Un documentaire récent de la Société Radio-Canada a filmé les conditions effroyables d'exposition des travailleurs en Inde qui manipulent l'amiante exportée par la compagnie Lab Chrysotile. Les ouvriers étaient couverts de poussière d'amiante et en respiraient des niveaux élevés, ce qui détruira leur santé et celle de leurs familles.

Pour la loi canadienne, l'amiante  chrysotile est une substance dangereuse, mais le Canada a empêché l'adoption de la recommandation du comité d'experts de la convention de Rotterdam plaçant l'amiante chrysotile sur une liste internationale de substances dangereuses. Ce faisant, le Canada proclame que ce qui  est dangereux pour les Canadiens, ne l'est  pas pour les personnes du tiers monde. Ce qui nous autorise à leur vendre de l'amiante, sans avoir à les informer que c'est un produit dangereux. Au contraire, les « experts » désintéressés de l'Institut du chrysotile les assurent que « les produits d'amiante-ciment sont absolument sûrs. » Rien n'est plus faux selon l'OMS.

Cette infamie n'est plus défendable.

Aujourd'hui l'industrie de l'amiante ne représente plus que 7% des emplois dans la région de Thetford Mines, au lieu du tiers comme dans  le passé. Les salaires des mineurs ont été coupés en deux, il ne reste que deux mines dont une en faillite. C'est le moment de prendre une décision éclairée. Investissons plutôt ces millions  dans des fonds qui permettront aux travailleurs plus âgés de prendre un retraite honorable et aux plus jeunes de se recycler dans des emplois plus rémunérateurs et dans une diversification économique que le milieu a déjà mise en marche avec beaucoup d'ingéniosité et de succès. Le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, a dit récemment, « En connaissez-vous beaucoup des villes minières qui ont réussi à revivre après la chute de leurs mines ? En matière de diversification économique, on est le plus beau secret du Québec! ».

Il reste à compléter le virage de la vérité.

*Pierre Gosselin, Fernand Turcotte, Pierre L. Auger, Benoît Gingras, Évelyne Cambron Goulet, Ray Bustinza, Denis Bégin, Benoît Gingras, Norman King, Louis Drouin, Pierre Deshaies, Yv Bonnier-Viger, André Dufresne, Michel Gérin et Lynd Pinsonneault. Les signataires sont médecins, toxicologues, hygiénistes industriels et épidémiologistes du réseau de santé publique du Québec, dont plusieurs professeurs aux universités de Montréal, Laval et Sherbrooke.