Les auteurs sont députés du Parti québécois et respectivement porte-parole en matière de relations internationales et de francophonie, d'affaires intergouvernementales canadiennes, de développement durable et d'environnement.

Du 7 au 18 décembre, à Copenhague, aura lieu la 15e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques. L'enjeu est important puisqu'on décidera de l'après Kyoto, protocole établi en 1992 et qui arrivera à terme en 2012. La communauté internationale devra donc trouver un nouvel accord pour lutter efficacement contre les changements climatiques.

 

Le Québec doit participer directement à l'élaboration de ces nouvelles mesures en exprimant sa voix sans être bâillonné par le gouvernement fédéral. Il est crucial d'exprimer publiquement et librement la vision québécoise à la Conférence de Copenhague puisque le gouvernement canadien a des objectifs diamétralement opposés à ceux du Québec.

Au lieu de diminuer ses gaz à effet de serre (GES) de 6 % par rapport à 1990, comme il s'y était engagé par la ratification du protocole de Kyoto, le Canada les a plutôt augmentés de 34 % en raison, en partie, de l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta. Pour le gouvernement du Québec et celui du Canada, les objectifs à atteindre sont profondément opposés.

Pendant que le Canada continue à appuyer activement l'industrie des sables bitumineux - une des industries les plus polluantes au monde - la communauté scientifique internationale propose aux décideurs mondiaux de limiter l'augmentation de la température moyenne du globe à moins de deux degrés Celsius.

Pour atteindre cet objectif, les scientifiques demandent notamment aux sociétés industrialisées de réduire leurs émissions de GES de 25 % à 40 % au-dessous de leurs niveaux de 1990, d'ici 2020. Le Québec doit être un leader sur cet enjeu en indiquant clairement au monde entier sa volonté de respecter ces nouvelles cibles et c'est l'engagement du Parti québécois.

La Conférence de Copenhague pose le problème plus large de la place du Québec dans les forums internationaux et de la capacité du gouvernement Charest à mettre en oeuvre ses compétences à l'étranger.

En faisant cavalier seul dans le choix des objectifs à atteindre pour la réduction des GES, le Canada impose son programme à la nation québécoise alors que la mise en oeuvre des mesures visant à réduire les GES relève essentiellement de la compétence législative du Québec. En effet, les GES d'origine humaine sont principalement causés par la circulation automobile, le transport, la combustion domestique et la gestion des déchets. La Constitution canadienne prévoit qu'il revient essentiellement à l'Assemblée nationale du Québec de traiter de ces questions.

Depuis les années 60, le gouvernement du Québec s'appuie, pour mener sa politique internationale, sur la doctrine Gérin-Lajoie qui veut que le gouvernement compétent pour appliquer un engagement international soit celui qui prenne cet engagement. Il revient donc au Québec d'assumer, sur le plan international, le prolongement de ses « compétences internes «. Or, en ce qui a trait aux changements climatiques, le Québec a un rôle prédominant à jouer.

Jean Charest a beau dire qu'il sera présent à Copenhague, s'il ne peut pas exprimer la position du Québec dans le cadre officiel de la Conférence, les Québécois ne se laisseront pas berner par un autre « show de boucane « du premier ministre. Peu importe les discussions que Jean Charest aura dans les corridors et les événements parallèles, un fait demeure : il devra se contenter de jouer les seconds violons et seul le gouvernement du Canada parlera officiellement au nom des Québécois, même si ceux-ci désapprouvent la position fédérale.

En échouant à faire entendre la différence québécoise et à convaincre les autres provinces, le prix à payer pour le Québec pourrait se chiffrer en milliards de dollars. Les Québécois n'ont pas à subir les conséquences de l'inaction et de la déresponsabilisation du gouvernement fédéral dans le dossier des changements climatiques, surtout dans le contexte économique actuel.