«Le Bloc jouera la carte de la pub négative.» Gros titre de l'édition du 8 septembre de La Presse. Faudrait-il s'en étonner? Devrait-on s'en offusquer? Personnellement, c'est ce genre d'attitude publicitaire électorale (ou plutôt pré-électorale dans le cas présent) qui me désillusionne et me répugne tout autant de notre climat politique actuel...

Et il faudrait bien en parler. Pourquoi la publicité négative? Serait-ce parce que les opposants des partis qui s'en servent sont si diaboliques que le simple fait de mentionner leur nom ou de faire référence à leurs années au pouvoir suffit à générer un sentiment d'effroi si intense que les bons citoyens se mettront à voter pour le prétendu sauveur ayant mis à jour cette sombre vérité?

Si cette tactique irrévérencieuse est présentement mise de l'avant, c'est sans aucun doute parce qu'elle doit fonctionner à quelque part. Si tel est le cas, ce sont nous, les hommes et les femmes se forgeant une opinion à partir de ces atteintes au travail et à l'intégrité de nos politiciens, qui faisons que cela fonctionne. De ce fait, il nous appartient de trancher sur les motivations réelles derrières ces propagandes.

Revenons donc à la question: pourquoi la publicité négative? À mon avis, la raison véritable sous-jacente s'explique par la facilité qu'est la critique destructive, plutôt que celle constructive.

Difficiles sont ces annonces où l'on suggère les méthodes qu'un parti mettra en place pour améliorer une situation. «Le parti X n'a pas agi comme il se doit, n'a pas réussi à régler tel problème, etc.» De telles affirmations sont plus simples, demandent moins d'élaboration, et joue directement sur l'un de nos sentiments les plus primaires : la peur. Les publicistes le savent : mettre le doute et la crainte dans nos esprits facilite notre adoption de comportements d'évitement, nous jetant ainsi dans les bras de ce qui semble le moins «mauvais» ou la bonne solution suggérée (car une seule est présentée, évidemment).

Maintenant, il ne faut pas oublier que nos politiciens, même si leur emploi exige des compétences et un dévouement presque qu'inhumain, restent des êtres humains : ils peuvent avoir des avis différents des nôtres et peuvent faire également des erreurs. Il est vrai que certains sont loin de tout reproche, ou que leurs visions des choses ne concordent pas avec les nôtres. Cependant, aucun parti ne peut prétendre être blanc comme neige, ni n'avoir commis aucune erreur (même si certains si tentent).

Par ailleurs, avoir une opinion différente ne veut pas dire que nous soyons des êtres immoraux et effrayants. Alors, arrêtons de produire ce genre d'immondices qui polluent notre esprit critique au lieu de le raffermir.

Quant à nous, citoyens, informons-nous sur les partis politiques au-delà de ce que ceux-ci veulent bien nous présenter. Peu intéressante ou fastidieuse est parfois cette recherche, mais nous ne pourrons reprocher qu'à nous-mêmes les conséquences de notre inaction. Le chemin pré-tracé, le chemin facile, n'est pas nécessairement le meilleur.