Depuis quelques mois, les personnes âgées ou celles qui en prennent soin sont saisies de crainte quant à ce qui les attend advenant qu'elles doivent quitter leur domicile pour aller en centre d'hébergement ou de soins de longue durée, privé ou public.

Les médias dénoncent la pénurie d'employés en CHSLD, leur manque de formation, les transferts fréquents d'un établissement à l'autre - documentés à partir de cas individuels et non à partir d'enquêtes sur la qualité générale des soins donnés en établissement.

 

Ce battage médiatique a des répercussions importantes. Peut-être incite-il les administrateurs de la santé à revoir leurs priorités, à s'enquérir des conditions qui prévalent dans les CHSLD, ou à mieux expliquer au public la cause des incidents déplorés: c'est ce que nous espérons.

Mais nous observons aussi l'effet d'accablement et la stigmatisation qui s'installent chez les intervenants, dont la majorité est généreuse et compatissante, comme s'ils portaient une tare: celle d'accompagner une part de la population en perte grave d'autonomie.

Nous croyons que le résultat des dénonciations à partir de cas isolés entraîne plutôt l'effet contraire de celui qui est recherché: un désengagement, un découragement, et le sentiment d'être mal vu lorsqu'on travaille dans ces milieux qui sont loin d'être aussi négligents que ce que l'on cherche à faire croire.

Seule une enquête bien menée sur la satisfaction de la clientèle révélerait l'état des soins et services. Notre expérience dans ces milieux nous a démontré que la majorité des soignants manifestent un souci des personnes âgées que révèlent de nombreux gestes d'attention que ne requiert pas leur description de tâches.

Rappelons qu'un tout petit nombre d'aînés terminent leurs jours en centre d'hébergement. Selon l'Institut de la statistique du Québec, en 2001, c'est 90% des personnes âgées qui vivaient chez elles. Nous savons également que les aidants naturels dispensent 80% des soins requis par leur proche, contrairement à une légende voulant que les familles cherchent à se «débarrasser de leurs vieux».

Lorsqu'ils sont atteints de la maladie d'Alzheimer, la plupart sont pris en charge par un proche aidant. Nous sommes témoins, à Baluchon Alzheimer, de la générosité des familles et de l'imagination déployée afin d'entourer d'affection la personne atteinte.

Notre organisme, créé il y a 10 ans dans le but de donner du répit aux familles qui prennent soin d'un parent atteint de la maladie d'Alzheimer, survit grâce à la contribution du Ministère de la santé et des services sociaux.

Ce service est subventionné et répond à un besoin criant maintes fois exprimés par les organismes qui représentent les aidants. De nombreux témoignages nous parviennent régulièrement, attestant de la qualité des services des «baluchonneuses» et des bienfaits éprouvés grâce à leur présence et à leurs conseils. S'il est principalement un service de répit, Baluchon Alzheimer offre aussi un accompagnement de qualité par des professionnels.

Les travailleurs sociaux trouvent en Baluchon Alzheimer des partenaires efficaces, les familles bénéficient d'un soutien personnalisé, les baluchonneuses trouvent sens à leur vie et à leur dévouement, des réseaux se tissent, des gens sont constamment formés, et l'espoir renaît souvent là où on ne savait plus où donner de la tête.

Nous sommes convaincus que les responsables des dossiers des aînés, autant la ministre Marguerite Blais que la ministre déléguée aux services sociaux, Lise Thériault, sont sensibles aux immenses besoins de répit des aidants et cherchent à mettre en place des services adéquats.

Nous ne pouvons que leur demander de faire avancer ces dossiers avec diligence, en soutenant sans tarder les programmes de maintien à domicile, car c'est à eux qu'il incombe de trouver des solutions à la croissance en nombre des personnes dépendantes.

GUYLAINE MARTIN