Le nouveau scandale financier qui frappe des épargnants nous ramène les mêmes commentaires, recommandations et réclamations qu'à l'habitude. On trouve notamment l'Institut québécois des planificateurs financiers qui réclamera dans les prochaines semaines un ordre professionnel.

Un tel ordre n'aurait probablement rien changé. Un voleur est un voleur. S'il ne peut passer par la porte, il passera par la fenêtre. En fait, on se retrouverait avec un organisme additionnel qui nous expliquerait aujourd'hui pourquoi il ne pouvait pas déceler le fraudeur plus tôt. Il faut aussi se souvenir qu'une récente étude de Protégez-vous démontrait que les planificateurs financiers ne sont pas à l'abri d'erreurs.

 

Or, l'industrie financière au Québec est déjà sous la supervision de plusieurs organismes (Autorité des marchés financiers, Chambre de la sécurité financière, etc.). Y ajouter un autre organisme diviserait encore plus la surveillance et la supervision du domaine des finances. Il serait sans doute plus opportun de renforcer les structures et législations existantes plutôt que de diviser encore plus les ressources.

Il y a cependant certaines actions qui pourraient être entreprises pour mieux protéger le public.

1. Une meilleure coordination de la structure d'encadrement. On a divisé en petites chapelles l'ensemble de l'industrie financière, notamment en ce qui concerne les permis et les titres professionnels. On devrait plutôt aller dans le chemin inverse pour permettre une meilleure coordination de l'ensemble de l'industrie. On doit aussi s'assurer que les organismes existants disposent des ressources et des compétences nécessaires à leur mandat.

2. Parallèlement, une formation minimale spécialisée doit être exigée de ceux qui se présentent aux examens visant les permis d'exercice. Cette règle n'aurait cependant rien changé ici puisque M. Jones ne détenait aucun permis de l'AMF.

3. Une meilleure coordination de la formation continue pour l'adapter à la pratique propre de chaque professionnel en fonction de son profil de compétence et de ses activités.

4. Une véritable éducation économique et financière durant les études secondaires. La réforme en éducation a fait disparaître le cours de sciences économiques du programme du secondaire. Ce cours n'était déjà qu'un survol rapide de connaissances de base en matière économique. On préparait déjà mal nos jeunes en matière de consommation, d'économie et de finances personnelles. Maintenant, on ne le fera plus. À l'ère d'une sévère récession et de scandales à répétition, c'est à n'y rien comprendre. On voit actuellement dans les médias tous les chroniqueurs financiers rappeler certains principes de base en épargne et en consommation financière. Ne devrait-on pas justement faire en sorte que ces connaissances soient apprises par le plus grand nombre possible de nos concitoyens? Est-ce que la société ne bénéficierait pas de consommateurs financiers plus avertis?

5. Finalement, une forme de divulgation officielle stipulant toutes les certifications (permis d'exercice plutôt que titres professionnels), droits, obligations et mandat du représentant au moment de toute transaction. Un tel document officiel et standardisé pourrait créer une habitude pour certains épargnants qui leur permettrait de voir la lumière rouge dans certaines situations.

Malheureusement, aucun système, permis ou formation ne permettra d'enrayer toutes les fraudes. L'épargnant-investisseur doit faire ses devoirs et son suivi. Encore faut-il qu'il en soit capable et qu'il soit soutenu.

L'auteur est professeur au département de Conseil en assurance et services financiers du collège Montmorency.