De nombreux lecteurs de Cyberpresse nous ont envoyé leurs souvenirs de la soirée du 20 juillet 1969, lorsque Neil Armstrong est devenu le premier homme à marcher sur la Lune. Voici quelques-uns des nombreux récits reçus dans le cadre de notre concours «Racontez-nous le 20 juillet 1969!».

«Même après quarante ans, je me souviens encore de l'émotion intense qui nous a submergés mon mari et moi lors de la marche de Neil Armstrong sur la Lune en juillet 69.

Nous étions devant le petit écran avec nos deux enfants. Mon mari, caméra en main, surveillait de près à la télévision le premier pas de l'homme sur la Lune. Physicien, il est d'un enthousiasme communicatif en ce qui a trait à la recherche spatiale, aux étoiles et aux planètes. Aussi, s'était-il préparé à l'événement marquant pour l'humanité. Nous ne l'aurions manqué pour rien au monde. Nous avons des photos prises à partir de l'écran de la télé.

Aujourd'hui, on suit encore tout ce qui touche la recherche spatiale. Julie Payette fait notre fierté. Toutes les fois que c'est possible, on observe en direct les passages de la station internationale au-dessus de nos têtes, telle une étoile brillante dans le ciel, ainsi que les émissions de télévision de la NASA. Toute nouvelle expérience sollicite notre curiosité et notre émotion est toujours aussi grande.»

Lise Larose

«Youpi! C'était l'été de mes 8 ans, durant les longues vacances scolaires. Ma mère avait eu son sixième enfant et nous envoyait jouer dehors le plus possible, afin d'avoir un peu de paix dans la maison avec bébé. Le soir, pendant qu'elle le nourrissait, elle nous faisait tous asseoir autour d'elle, par terre, et elle nous racontait l'odyssée extraordinaire qui se préparait cet été-là, sur cette Lune que nous pouvions contempler si bien, à la campagne où j'habitais.

Un matin, elle nous annonça que nous aurions le droit de regarder la télévision durant la journée et que nous n'avions pas besoin d'aller dehors, car il y aurait un événement exceptionnel ce jour-là, que nous ne devions pas manquer, car on s'en souviendrait pour le reste de nos jours (les plus vieux, en tout cas!). C'est ainsi qu'un événement bien excitant a mis du piquant dans nos journées habituellement toutes si semblables: un homme avait marché sur la Lune, notre Lune.

Tout le reste de l'été, nos excursions, nos jeux de construction, nos lectures, nos dessins furent inspirés par cet événement grandiose et inimaginable.»

Danielle V. d'Amours    

«J'avais 20 ans. J'étais à l'hôpital, la veille d'une chirurgie exploratrice. Mon conjoint actuel est venu me visiter, m'a demandé en mariage et m'a passé une bague de fiançailles au doigt. Pour fêter cet heureux événement, nous avons regardé à la télé, en direct, le premier pas de l'homme sur la Lune. Ce fut une journée mémorable pour nous deux.»

Ginette Lafleur    

«Le 20 juillet 1969 nous étions, mon frère, ma soeur et moi, chez mes parents pour le souper d'anniversaire de ma mère. La soirée se passa à regarder la télévision en espérant que l'événement historique tant annoncé se produise.

Longue fut l'attente, mais finalement un homme fit le premier pas sur la Lune. Nous avions peine à y croire malgré la transmission en noir, en blanc et surtout en grisâtre des couleurs habituelles de notre seule lune.

Je pensai alors: «Quelle Bravoure! Pourront-ils revenir sur Terre?»

J'ai pris les jumelles de mon père et suis sortie. Un ciel sans nuage à Drummondville nous laissait voir la Lune que je scrutai sans y repérer les astronautes. Deux de mes amis du voisinage me rejoignirent et debout, seuls au milieu de la 16e Avenue déserte, nous admirions bouche bée la pleine lune, jusqu'à ce que ma mère entrouvre la porte pour me dire de rentrer.

Ce que je fis les deux pieds sur la Terre et la tête dans la Lune.»

Claudette Proulx    

«Le 20 juillet 1969 je me trouvais dans un des plus beaux villages du Québec, Cacouna. Mes parents, moi et mon grand-père paternel étions tous à la maison d'été de ce dernier. Ce brave homme, né en 1888, a vu toute une évolution : les autos, avions et finalement, avec mes parents et moi, nous avons tous regardé Neil Armstrong qui marchait sur la Lune sur notre petite télévision noir et blanc de 12 pouces dans la grande pièce qui servait de salon, cuisine et salle à manger.»

Lise Mailloux    

«C'était l'été de mes 12 ans. Je venais de terminer l'école primaire. Mes parents ont, cette année, acheté une télévision noir et blanc de 20 pouces, de marque Phillips, qu'ils avaient installée dans la cuisine. On y avait déposé sur le dessus un souvenir de l'exposition universelle, une grande main tendue qui tenait dans la paume le logo de l'Expo 67.

Je me souviens qu'à cette journée, toutes les chaînes de télévision diffusaient des émissions spéciales sur Apollo 11. Je me rappelle particulièrement de celles animées par le professeur Lebrun à Télé-Métropole que j'écoutais attentivement, assis autour de la table de cuisine avec ma mère, mon frère et mes soeurs. Ce n'est que le lendemain que j'ai vu en reprise, ce moment historique qu'on ne cessera de repasser des jours durant au petit écran. Si mes souvenirs sont bons, il faisait très chaud. Un temps de canicule. Cette même année, ma mère acheta un cadre bon marché sur lequel était peint les visages des trois astronautes sur un fond de Lune. Il restera accroché au sous-sol pendant plus de trente ans, tout près d'une affiche des frères Kennedy.»

Jean-François Bojanowski    

«Je vais toujours me rappeler du soir du 20 juillet 1969 car c'est la première fois que ma blonde Michèle, que j'avais commencé à fréquenter le 10 juillet de la même année, m'invitait à aller veiller chez elle et me présenter à ses parents qui demeuraient dans un beau petit village de la Gaspésie.

J'étais nerveux et anxieux de rencontrer son père et sa mère. Comme la plupart des gens, nous avons regardé l'émission spéciale sur l'atterrissage sur la Lune (alunissage dirions-nous aujourd'hui) et sur les premiers pas de l'Homme sur la Lune.

Mon souvenir est que toute la soirée durant j'offrais une cigarette à son père, et ensuite une fois la cigarette terminée, celui-ci m'en offrait une: j'avais donc le sentiment d'être accepté (un des seuls avantages de fumer alors!).

Comme cet exploit sur la Lune, mon histoire s'est bien terminée et j'ai marié ma belle Michèle en 1975 (et aussi j'ai cessé de fumer!).

Merci messieurs les astronautes Armstrong, Aldrin et Collins d'avoir provoqué toute une belle série d'évènements dans ma vie. Tout le monde se rappelle que cette soirée fut un grand pas pour l'Humanité, mais dans mon cas ce fut un très beau pas pour notre vie de couple à venir. Je suis heureux de léguer ce souvenir à notre adorable fille Julie (prénom prédestiné d'astronaute, sait-on jamais, si on considère la mission actuelle à la Station spatiale internationale...).»

Jacques Morin

«De la Gaspésie à la Lune...Une première odyssée

En 1969, le 14 juillet marquait notre départ de Montréal pour un voyage en Gaspésie et dans les Maritimes. C'était le premier de nombreux beaux voyages de camping qui suivraient au fil des ans pour nous mener à Victoria, Los Angeles, Key West, etc.

L'auto; un Valiant 1966.

Les campeurs; maman, mes deux jeunes soeurs, mon frère et moi. J'avais 26 ans.

Petits moyens oblige, le camping que nous pratiquions était sauvage. L'aventure dans des contrées inconnues nous transportait et nous amusait malgré la simplicité de notre équipement; une petite tente où nous dormions 'cordés' comme des sardines dans nos sacs de couchage, un petit poêle à gaz et autres nécessités. Aussi, bien important, les cartes à jouer pour les traditionnelles et réjouissantes parties de 'blackout' de fin de soirée dans la pénombre.

Le matin du 20 juillet, surprise. L'eau de la rivière dans laquelle nous avions lavé notre vaisselle avec du sable la veille avait gonflé au point de venir côtoyer la tente. On plaisantait à l'idée d'avoir frôlé la catastrophe et c'est le capot de l'auto qui avait servi de table à déjeuner. Mais ce soir-là, après le tourisme et une promenade au bord de la mer à cueillir de jolis coquillages, il n'était pas question de camping. Un spécial était prévu, on se permettait le luxe d'une nuit au motel...avec télévision. Car c'était le moment du grand exploit tant attendu. L'Homme voyageant dans un vaisseau de l'espace et marchant sur la Lune! Nous étions tous rivés à l'écran, impressionnés par ce spectacle. Ce n'était plus de la fiction, ils étaient sur une autre ""planète"" et nous étions avec eux. Quelle avancée marquante. Quels souvenirs impérissables.

Les astronautes, explorateurs entourés de haute technologie, étaient bien à l'étroit dans leur cabine. Ils cueilleraient des cailloux près d'autres mers et dormiraient vraiment à la belle étoile. Après avoir été tenus en haleine par leur aventure, après toute l'exaltation jusqu'au milieu de la nuit, pour une fois, nous nous sommes installés pour dormir bien étalés dans des lits.»

Pierrette Turcotte    

«J'étais à St-Paul de l'ile aux Noix. Je faisais du camping avec un copain, mon parrain et ma marraine. Je savais que durant cette semaine-là ce grand événement allait se dérouler devant toute la planète mais mon copain et moi, qui étions bien fascinnés par un tel événement, avions accepté de ne pouvoir le voir à la télé comme la grande majorité des gens.

Deux autres garçons comme nous, avaient aussi installés leur tente pas très loin de nous. Or le soir de l'événement, nous avons constaté qu'ils avaient apporté avec eux une télé et avaient trouvé une façon de l'installer avec une longue extension électrique. Ainsi, le soir de l'événement, ils nous ont invité à nous joindre à eux et nous avons assisté, à la belle étoile, à cet événement magique. Je ne l'oublierai jamais. J'avais 16 ans.»

Bernard Boisvert    

«Quel beau souvenir d'enfance,ce 20 juillet 1969! Un souvenir mémorable, à la fois visuel, affectif et olfactif!

J'avais 10 ans et je demeurais dans le petit village de St-Norbert.Cet évènement faisait jaser mon entourage. Dans ma tête d'enfant, je me demandais comment la Lune si petite et si loin devenait atteignable par l'homme. Voilà que ce grand jour arrive et que notre voisin pépère Majeau nous invite à aller voir ce grand moment sur sa télévision RCA Victor, noir et blanc! Pour moi, c'était la fête! J'avais le privilège de me coucher plus tard et d'aller moi aussi veiller chez mon voisin. Tous rivés devant l'écran, nous attendions ce premier pas lunaire. Et voilà que pépère Majeau m'offre un délicieux ""Ice cream soda"" comme lui seul savait les faire. Un ""Ice cream soda"" est constitué de 2 boules de crème glacée à la vanille plongées dans une boisson gazeuse ""crème soda"". Quoi de plus merveilleux! Pendant que Neil Amstrong a déposé son pied sur la Lune, je me délectais les papilles gustatives de cet extraordinaire breuvage pétillant, dégageant une odeur vanillée, en pensant qu'un jour, j'irais peut-être moi aussi sur la Lune...»

Monique Sarrazin

«Où étions-nous en ce 20 juillet 1969?

Rivés devant notre écran de téléviseur Zénith 21 po. en couleurs,mon mari filmait avec une ciné 8mm.en direct les premiers pas de Neil Amstrong et d'Edwin Aldrin sur la Lune.

Nous avons encore ce film.

De Youri Gargarine à Julie Payette j'ai toujours conservé les reportages des différentes expéditions.De plus j'ai le cahier spécial de la Presse 1969 relatant l'histoire du début de l'aérospatial à ce jour mémorable.Il fait bon relire les pages où l'on s'inquiétait:""La Lune contaminera peut-être la Terre"" ou ""La Terre contaminera sûrement la Lune""

À la page 11, on décrit les grandes étapes de la conquête américaine de l'espace;document très intéressant.

Nous sommes très fiers de montrer à nos petits -enfants ce que le génie humain est capable d'accomplir de grand.

""À condition, évidemment que les hommes soient assez sages pour utiliser leurs nouvelles connaissances à des fins exclusivement pacifiques et non à améliorer leur art de la guerre""(tiré de La Presse p.78, Montréal 1969)»

Louise Lafond

«Je me rappelle très bien cette journée mémorable.Nous venions de nous marier, d'aménager dans une superbe maison ancienne. Avions eu dans les jours précédents de faire l'achat d'un magnétophone Sony ( que le marchand nous avit dit être une reprise de finance). Dans notre salon la télé noir & blanc & tout était connecté pour enregistrer à défaut de l'IMAGE, LE SON.Pas question de quitter le salon, nous étions rivés à l'écran.. C'était fascinant.. je possède encore le ruban , mais pas l'appareil. La preuve est faite pour moi, le cerveau conserve mieux que la technologie.Le temps passe 40 ans...»

Fabienne C Berthelot

«Certains évènements de l'actualité s'inscrivent dans notre mémoire pour toujours; la mort du président Kennedy, le premier homme sur la Lune et d'autres.

En 1969, j'avais 23 ans et j'étais étudiant à l'école Polytechnique de Montréal; je voulais devenir ingénieur et découvrir le monde.

Par l'entremise de l'organisme ""France-Canada"" je me trouve un stage d'un mois à la Société des chemins de fer français à Paris.

Je découle pour l'Europe pour 3 mois, sac à dos et peu de sous.

Arrivée à Paris, je constate les dégâts des troubles de mai 1968 et une présente musclée de ""CRS"".

Après mon mois de stage à la ""SNCF"", je pars pour Londres.

Le 20 juillet 1969, je suis à ""Piccadelly Circus"", sur un des bâtiments, il y a une bande annonce lumineuse électronique; soudain le texte change ""First man on the moon""; c'est sublime c'est surréaliste.

Le lendemain on ne lis que cet évènement dans les journaux londoniens.

le 20 juillet 19969, j'étais à Londres,j'étais à """"Piccadelly Circus"", c'était comme dans une rêve.»

Marcel Tessier, ing.

«J'étais Neil Armstrong.

À cette époque j'étais un gamin, un ado avec des boutons plein la face.

Lorsque Neil Armstrong a mis le pied sur la surface de la Lune le 20 juillet 1969 c'était jour de gloire pour l'humanité et jour de fête pour moi.

Je n'oublierai jamais ce moment merveilleux.

J'étais Neil Armstrong qui, ce 20 juillet, se préparait à ouvrir la porte du LEM pour ensuite descendre une à une les marches de ce vaisseau fragile.

Le lendemain matin, parcourant les rues de ma ville pour livrer le lait avec mon oncle, je montais les escaliers des maisons et chaque fois que je les redescendais, à la dernière marche, apposant le pied sur le trottoir, je prononçais cette phrase d'espérance gravée dans ma mémoire : « Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité ».

Depuis 1969, à tous les ans, le jour de mon anniversaire revêt un caractère particulier.

Il y a quelque chose de grandiose, de merveilleux, de dépassement de soi qui s'est produit.

L'homme a habité la Lune.

En plus d'être des Terriens, nous sommes devenus des : extraterrestre, des « luniens » !

Lundi le 20 juillet 2009, Julie Payette à bord de la Station Spatiale passera au dessus de nos têtes.

Elle fera le tour de la Terre plusieurs fois durant la journée.

Et pour moi, il tournera dans ma tête tous ces souvenirs d'Apollo et toutes ces images de ma vie qui aura 54 ans.»

Michel Bouvrette    

«Comme j'ai toujours été fasciné par l'astronomie, les voyages dans l'espace et la science fiction, j'ai toujours suivi avec grand intérêt l'odyssée spatiale américaine (et russe).

La semaine du 20 juillet 1969, mon épouse et moi faisions le tour de la Gaspésie. Le 19, question de se délier les jambes après avoir roulé toute la journée entre Montréal et Sainte-Flavie, nous sommes allés au cinéma de Mont-Joli voir Danielle Ouimet dans Valérie.

Le 20, en route vers Gaspé, nous sommes arrêtés à Cap-Chat voir le fameux rocher en forme de chat ; sur la base du rocher voisin, j'ai inscrit en grosses lettres blanches « Élaine et Yves, 20 juillet 1969 » avec de la peinture en aérosol. Le soir, nous avons couché dans un motel de Gaspé. Comme il n'y avait pas de téléviseur dans les chambres, nous avons regardé le premier homme marcher sur la Lune sur le téléviseur 20"" noir et blanc du petit hall d'entrée du motel.

Le lendemain, j'ai acheté sur place l'édition du Montréal-Matin dans lequel on décrivait l'exploit, et que je conserve toujours. J'ai toujours gardé espoir que les voyages dans l'espace pour les touristes ordinaires (pas seulement les biens nantis) deviendraient possibles au tournant du siècle, mais on en est encore loin et, à 65 ans, j'ai fait une croix dessus. Je vis l'expérience à travers les voyages de nos astronautes canadiens (Julie Payette entre autres).

Nota : Je me rappelle également où j'étais et ce que je faisais lors des catastrophes impliquant les navettes Challenger et Columbia, tout comme le jour de l'assassinat de John F. Kennedy et le 11 septembre 2001. De tels événements restent collés à notre mémoire comme des marqueurs de l'histoire.»

Yves Rousseau

«- T'as jamais vu le rocher Percé !! Si aux states sont capables d'aller sur la Lune, ben on est capable de faire 1 500 miles de char en 3 jours. On va prendre le coté Nord c't'année.

Chaque été, Grand-père s'assure de visu que le rocher est toujours au même endroit, prétexte pour un petit tour de machine.

Samedi, 19 juillet 1969, 5 h 30, départ de Montréal, direction Rocher Percé. 5, 4, 3, 2 ,1 c'est parti !

GP est aux commandes du Buick vert 1963, M. Léard, habituellement coéquipier au bowling est copilote ; 3 passagers à l'arrière GM et Simonne, sa copine de toujours, et moi, 13 ans depuis un mois, coincée entre 2 immenses sacoches, leur propriétaire et les effluves de parfum et de tabac. La route défile, premier arrêt Saint-Siméon, puis escale dodo au Cabins Vacancy de Rivière-du-Loup. Parce qu'il fait trop froid pour se baigner, je participe avec le reste de l'équipage à une grosse « game de cartes ». Le grand galop, se joue avec 3 jeux et consiste à faire des séries en série jusqu'à ce que quelqu'un s'endorme d'ennuie... Je gagne sans aucun effort.

Dimanche, 20 juillet, après des heures de route, nous constatons de visu que le rocher est sensiblement au même endroit et toujours percé, mission accomplie.

GP trouve un motel de luxe avec télé couleur. Ce soir, l'homme marchera sur la Lune. C'est le début du futur, on ne veut pas manquer cela. La télé est au bon canal, le volume au max, pretzels, liqueurs et Molson attendent sur la commode. On s'installe sur le lit. C'est long... et le grand galop à 3, c'est d'un ennui. Je pars souvent dans la Lune, je n'y vois encore personne. La télé me ramène sur Terre et me rappelle que nous vivons ce soir, un moment historique. C'est en noir et blanc!! On nous montre des simulations, je ne comprends pas tout. C'est très long..., à moitié en anglais, je comprends encore moins, on nous fait patienter, bla, bla, bla, c'est long, long, long, long, l'image saute, mes yeux aussi, je les ferme juste un moment et je pars ... BLACK OUT.

- Bonjour M. Armstrong, je vous accompagne pour quelques pas.

Le lendemain, avant le départ, il fait beau, l'équipage se met en place pour le portrait officiel. Juillet 2009, 40 ans plus tard, seule survivante, et photo à la main, je me rappelle les détails du voyage avec la certitude d'avoir vécu un moment historique.»

Francine Dupuis

«On a marché sur...

Il fait un temps magnifique. Je m'amuse à bondir par-dessus les flaques de soleil inondant le carrelage de la cuisine. J'aimerais bien jouer dehors, mais voilà : un événement exceptionnel sera rediffusé d'une minute à l'autre au petit écran. Je fixe l'appareil coiffé de ses oreilles de lapin. Un grésillement, puis une voix grave annonce l'arrivée imminente des premiers hommes sur la Lune. J'ai quatre ans. Je connais les fusées. Mon frère en a reçu une à Noël. Un jouet magnifique qui attise mon envie.

Je bondis par-dessus une autre flaque de soleil. «Venez voir, venez voir !» Les adultes sont plus excités que les enfants. Je m'approche. Le grésillement se fait plus fort. Un cosmonaute bondit lui aussi, mais sur un tas de roches. Des mots incompréhensibles, puis encore ce bruit de friture.

«Maman, ils sont où les martiens ?

-Chut !»

J'ai beau scruter l'écran, je ne vois pas de petits bonshommes verts, ni même l'ombre d'une antenne ou d'une patte visqueuse. Que de la roche et des cosmonautes qui jouent au kangourou avec un drapeau dans les mains.

«Maman...

-Taisez-vous les enfants !»

Déception. C'est ça la Lune ? Vraiment pas de quoi s'énerver. Je bondis par-dessus une autre flaque de soleil. Un pas minuscule pour l'adulte, un grand bond pour la petite fille. Je m'interroge : quand le premier humain marchera-t-il sur le soleil ? Un, deux, trois, c'est fait! Je lève les bras au ciel en signe de victoire.» Pauline Morin

«je me trouvais le 20 juillet 1969 dans mon village à Ksar-El-Boukhari, en Algérie. Cette période correspondait, comme toujours, à nos vacances d'été. À la fin de l'année scolaire passée comme interne au lycée El-Mokrani d'Alger, le retour au bercail s'imposait à l'adolescent que j'étais. Moi et mes nombreux frères et soeurs revenants de différents lycées étions reçus joyeusement par mon père et ma mère et la vie de famille reprenait son cours durant tout l'été.

Dans notre maison, le deuxième lieu de rencontre régulière de toute la famille apès la cuisine était le salon dans lequel se trouvait un tout petit «poste de télévision» en noir et blanc alimenté difficilement par une ancienne antenne de toit. Je me rappelle que l'image reçue avec beaucoup de petits grains n'altérait aucunement notre fascination à son égard. Lors du journal télévisé de la RTA, la transmission de l'alunissage d'Appollo 11 et des premiers pas de Neil Amstrong sur le sol de la mer de la Tranquilité, suivi plus tard par Buzz Aldrin ne constituait pas seulement pour nous un événement planétaire, mais aussi un événement hors de notre temps, vu l'écart technologique perçu entre la petite image «granulée» que nous avions et le fantastique voyage extraterrestre réalisé par les américains. Mon père, maître de cérémonie, profitait après ce moment d'ébahissement général, profond et silencieux, pour nous réaligner sur l'importance de l'école et de l'acquisition du savoir.

Cet événement inoubliable d'Apollo 11 vécu autour du petit poste de télévision, n'avait d'égal par l'intensité de la charge émotive sur nous, que celui de Mohammad Ali quand ses matchs de boxe étaient retransmis en direct et quand même vus dans mon petit village d'alors.»

Rachid Baïou

«20 juillet 1969

Les grandes bobines à rubans et les cartes perforées des ordinateurs de l'Université de Montréal permettent les espoirs les plus fous. L'expo de 1967 nous a ouvert des portes sur le monde. Le théâtre québécois est encore secoué par la pièce Les Belles-Soeurs de michelle Tremblay. Les Québécois ne sont plus des Canadiens-Français. Nous voulons un pays par la voix de la démocratie. Un pédagogue de New York prône dans son livre, Libres enfants de SummerHill, une pédagogie où l'enfant est l'initiateur et l'artisan de ses apprentissages...de quoi faire rougir les tenants de la réforme actuelle en éducation. Étudiante en pédagogie, je travaille pour l'été comme préposée aux malades dans un hôpital psychiatrique de Joliette. C'était probablement le seul endroit où rien ne changeait ou si peu. Comme si le temps s'était arrêté! À l'extérieur, tout va si vite.Je partage avec huit amis, pour l'été seulement, un appartement sur la rue St-Louis. Je joue au tennis chaque jour. Je passe quelques soirées à la boîte à chansons de Base-de-Roc, le Cabestan, et au théâtre de Jean Duceppe. Joliette me plaît. Je travaille alors de nuit. Ma soeur Christiane aussi. Elle étudie en physique. Je découvre les quantums avec elle. J'ai 20 ans et tout me semble possible. Le monde est à peine assez grand pour tous nos rêves. Ce 20 juillet, Armstrong a marché sur la Lune. Pour moi, ça allait de soi.»

Raymonde Beaudoin

«La nuit est froide à La Paz, le ciel limpide en Bolivie. Dans cette ville en forme de marmite, je descends les rues qui vont vers le centre. Je cherche un magasin de téléviseurs pour voir les Américains tenter leur alunissage. Je ralentis le pas. Mon pouls augmente à cause du manque d'oxygène. À 3 400 mètres, il faut économiser ses énergies. Les faibles lampes dans les masures construites à flanc de montagne se confondent avec les étoiles du ciel. Les paysans sont descendus de El Alto situé à 4 000 mètres. Des indiens les ont suivis quittant temporairement ce refuge des classes défavorisées. Ils n'ont pas la télévision et se cherchent un endroit pour voir cet événement. Déjà un attroupement sur la rue du Prado. Nous nous serrons les uns contre les autres. À ma gauche, Eduardo est venu avec son lama. Son chulo, tuque à oreilles, calé sur la tête, son poncho multicolore couvrant ses pantalons de laine écrue et chaussé de sandales faites de vieux pneus, il regarde la télé, la joue ronde de sa chique de coca. Tout à coup, un murmure dans la foule. Neil Armstrong met le pied sur la Lune. Voyant ce robot rebondir sur le sol lunaire, il me regarde interrogatif. Je dis : « Un hombre caminando sobre la luna. » Un homme sur la Lune... Il me fixe longuement, yeux plissés par le doute. Puis il scrute ce ciel mystérieux où la Lune semble briller encore plus.»

Michel A. Tanguay

«Le 5 juillet 1969, Rolande devenait mon épouse, et le 6 juillet au matin, nous nous envolions en lune de miel pour la Guadeloupe. Le 20 juillet 1969, nous étions sur notre retour en transit à l'aéroport Kennedy de New York. Le temps était gris et l'avion d'Air Canada qui nous ramenait à Montréal roulait lentement sur le tarmac pendant que les agents de bord nous donnaient les consignes de sécurité. Soudain, l'avion s'immobilisa et le commandant brancha les haut-parleurs sur une chaîne de radio locale juste à temps pour entendre en direct et en anglais (sur fond grésillant) les célèbres paroles : « Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité ». Il y eut un silence, puis un applaudissement général se fit entendre dans l'avion. Rolande et moi nous regardâmes dans les yeux et nous sûmes qu'en deux semaines, deux événements différents feraient que nous nous rappellerions cette époque toute notre vie. J'entends encore deux hôtesses se dire entre elles, tout ébahies : « Ils sont sur la Lune, et on les entend comme s'ils étaient dans la tour de contrôle d'à côté, tu parles! » Une heure plus tard, c'était Dorval...

Et pour nous aussi, ça fait 40 ans.»

Michel Clément

«1969... Année de ma renaissance. J'ai subit une opération à coeur ouvert pour une valve qui était trop petite le 16 Janvier 69. Lors des vacances d'été...Mon père décida de nous amener toute la petite famille à la plage de Atlantic city pour une semaine. Lors du retour, il eut une idée de génie. Arrêter à New York, il n'avait pas prévu que ce serait la journée du siècle. Des écrans géants à tous les coins. De la circulation comme ce n'est pas possible. Assis sur le bord du trottoir de la 55e, comme dans mes vieux Tintin... Je les ai vus... Ils ont marché sur la Lune.»

Claude Soupras

«J'étais une fan du prof Lebrun qui vulgarisait les missions spatiales. La NASA n'avait aucun secret pour lui, du moins c'est ce que je croyais. Je l'écoutais religieusement. Je ne manquais aucun de ses reportages. J'attendais ce soir là avec fébrilité. J'encerclais les jours qui passaient sur le calendrier de la cuisine. Mon Dieu que j'avais hâte! Ce soir là donc, toute la famille s'était déplacée chez mon oncle Gilles le parrain de ma petite soeur Cri-Cri qui avait 7 ans à l'époque. Moi, du haut de mes 11 ans, je tentais de lui expliquer ce qui allait se passer sous nos yeux. On allait marcher sur la Lune! Je m'étais imaginé que ça se passerait comme dans On a marché sur la Lune de Hergé qui a été publié près de 15 ans avant la mission Apollo 11...J'avais l'album sous le bras et j'y jetais un coup d'oeil de temps en temps en attendant le moment magique....

Tout le monde parlait en même temps. Mon grand frère lui, égal à lui-même, était presque invisible. Tous nous avions les yeux rivés au petit écran. Tout à coup mon père a élevé la voix, ce qu'il ne faisait jamais....«Taisez-vous!» C'est alors qu'en silence, comme à la messe, nous avons retenu notre souffle pendant que Neil Armstrong posait son pied sur le sol lunaire. Moment de grâce, émerveillement, incrédulité...Nous, car c'était bien de NOUS qu'il s'agissait, nous avions marché sur la Lune....Dans les minutes qui ont suivies, j'étais perplexe, et si c'était un coup monté, une mise en scène....Le doute fut rapidement écarté devant l'euphorie qui s'était emparée de ma famille et des animateurs à la télé et ma joie a éclaté au même moment!«Ils ont réussis»!!!! Ce soir là, pendant que les hommes buvaient une bière pour fêter ça, ma mère m'a donné sa bénédiction pour que je puisse boire un Coke pour célébrer avec les grands. Un COKE!!!! WOW! C'était vraiment un moment exceptionnel pour que ma mère m'autorise à boire ce fameux nectar réservé aux adultes.

Ce soir là, quand je suis retourné chez nous, j'ai levé les yeux au ciel et j'ai remercié non pas le ciel, mais Neil Armstrong qui avait fait en sorte que je puisse boire mon premier Coke! Vraiment le 21 juillet 1969 est gravé à jamais dans ma tête. J'étais devenue une adulte!»

Louise Condrain

«C'était un dimanche tard le soir j'avais 9 ans nous étions chez ma grand-mère parce qu'elle avait la télé couleur et ma mère m'a réveillé et elle m'a dit :Nicole viens voir ça, c'est une journée historique tu vas t'en souvenir toute ta vie un homme va marcher sur la Lune et j'ai vu ma mère verser une larme quand Neil Armstrong a déposé un pied sur la Lune et moi j'étais sure que c'était le père de mon amie avec qui j'allais au camp de vacance qui s'appelait Louise Armstrong.»

Nicole Tetreault

«20 juillet 1969... J'ai 7 ans

Chaque été, nous passons juillet au chalet, sans téléviseur bien sur... à peine la radio, et pas continuellement, juste si le temps est beau. Papa est en vacance.

C'est comme ça depuis toujours, ça semble immuable. Juillet est fait de baignades, d'expéditions de bout du monde, de pêche, de guimauves brûlées, de pique niques et de moustiques.

20 juillet 69; de retour en ville depuis 4 jours, tous devant le téléviseur même si l'heure du coucher est passée depuis longtemps. Ma soeur à ma droite, mon frère derrière.

Assis par terre, dans la cuisine, on mange du melon d'eau. Du melon ailleurs qu'assis dehors au bas des escaliers! Du jamais vu! Je n'ai jamais veillé aussi tard. Mais je ne m'endors pas. Dans quelques instants, un homme va marcher sur la Lune! Il n'était pas question pour nos parents qu'aucun de nous ne manque ça !

Neil Armstrong réalise ce soir le rêve de l'humanité. On y est tous, avec lui, bouche bée, les yeux ronds, du jus plein les joues.

Les images sont floues. Il semble danser dans sa combinaison blanche. Est-ce un trucage? Une gigantesque mise en scène ? Quelques voisins, des grands surtout, disent que c'est une supercherie et qu'on est un peu nonos d'y croire. Mais je ne les écoute pas. Je veux croire que c'est vrai. J'y crois de toutes mes forces, d'autant plus que mes parents ne m'auraient jamais laisser veiller si tard pour un canular. Preuve irréfutable! J'ai raison, l'avenir nous le dira.

Je m'endors très tard ce soir là, la tête remplie d'images surréalistes de poussière grisâtre, de combinaisons blanches et d'hommes au courage immense comme les montagnes du chalet.

Au réveil on ne parlait que de ça, à la radio, sur la rue, chez les voisins. Pendant que mamans recommençait les bagages. Nous repartions pour le chalet. Ça n'aura été qu'une trêve, une entorse aux vacances sacrées de papa. Ils ont voulu nous offrir cette semaine là, un de nos plus beaux souvenirs... Je n'oublierai jamais.» Marie Bélanger

«Réunie chez moi pour le souper précurseur d'anniversaire de notre fils Christian qui atteignait 7 ans le lendemain, ma famille n'oubliera pas de sitôt ce 20 juillet 1969.

Prétexte que cet anniversaire ! C'était la Lune qui nous réunissait.

Après le repas, mes neuf frères et soeurs, mon conjoint, mes enfants et ceux des autres, nous nous installâmes dans le sous-bois aménagé près du patio où les arbres nous donnaient un peu de fraicheur. C'était la fête : mon père, sa conjointe accompagnés de notre soeur aînée religieuse en visite, étaient au rendez-vous. La famille au complet, assis sur des chaises de parterre dans l'attente de l'événement: un homme marcherait sur la Lune!

Les yeux rivés à l'écran enneigé, noir et blanc installé au beau milieu du sous-bois, même les enfants se tenaient tranquilles, impressionnés par notre attitude sérieuse. Nous retenions notre souffle, craintifs d'être témoins d'une catastrophe.

À travers les arbres, la Lune brillait et semblait indifférente à ce qui se produisait chez elle. De temps à autre, nous détachions nos regards de l'écran pour regarder à travers les arbres cet astre magnifique qui nous livrerait enfin des secrets insoupçonnés pensions-nous. En mon fort intérieur, j'avais l'impression que l'humanité commettait une faute en l'envahissant : elle nous avait toujours regardé de haut, habitée de nos désirs et souhaits naïfs. Moi, j'avais l'impression qu'on voulait la domestiquer, la mettre à notre niveau, lui enlever son halo de mystères et ses secrets.

Nous n'étions pas tous habités par des pensées similaires. Mes frères, heureux et loquaces sur les possibilités que cette conquête allait nous donner. Les enfants énervés par notre émotion couraient maintenant en tout sens ne comprenant pas cette historique soirée.

Mon fils, lui, se souvient très bien de ses 7 ans l'année de la Lune, l'année où elle est devenue des nôtres, l'année où elle est née à la Terre.»

Ruth Bellemare

«Le 20 juillet 1969 a été une journée mémorable de mon adolescence et j'en ris encore aujourd'hui à cause d'Élizabeth.

Cet été-là, ma grand-mère Élizabeth est à Montréal puisque j'ai été mandatée pour aller la chercher au Nouveau-Brunswick et qu'ensemble, nous avons établi une belle connivence tout au long du trajet de 12 heures. Mon père se met en frais de nous réunir devant son téléviseur exclusif, noir et blanc, pour assister aux événements « historiques » de l'homme qui marche sur la Lune. Il nous avait bien instruits dans les jours précédents si bien que nous sommes tous rivés à l'écran sauf Élizabeth. Comme le moment magique approche, on encourage grand-mère à se joindre à nous mais elle résiste si bien que mon père et ma mère doivent aller insister grandement.

Elizabeth, très polie, assiste donc aux « premiers pas » et décrète qu'elle n'est pas crédule au point de croire qu'un homme marche sur la Lune!!!

« Même moa, j'sais bin que c'est toutes des accroires ces histoires-là... ! Ha Ha Ha Ha ...Ils vous ont toute eus avec leu portraits à Hollywood!!! Tout le monde va rire de vous autres Ha Ha Ha Ha... »

Son rire est si réel et communicatif qu'il m'emporte moi aussi et ensemble, nous rions aux éclats pendant de longues minutes qui se poursuivront pendant des jours à chaque fois qu'on se regarde. Je n'ai jamais oublié cette journée ni ma chère grand-mère Élizabeth que j'aime depuis toujours.

Louise , 14 ans en 1969»

Louise Boudreau

«Il avait fait beau tout le jour sur la Côte Nord. En début de soirée, nous étions rassemblés mon mari, mon beau-père et moi devant l'écran de télévision. Nous étions conscients d'assister à quelque chose de grand et d'unique. Je me souviens que j'avais très hâte qu'il le pose son pied sur la Lune. Nous attendions. Quand la navette s'y est enfin posée, je me demandais s'il s'enfoncerait dans le sol lunaire. C'était là ma grande crainte. Mais non. Tout s'est bien passé. Et l'homme a pu descendre du célèbre engin. Nous n'osions y croire. Peut-être rêvions-nous? Pourtant, Neil Armstrong venait bien d'y faire quelques pas. À 22 h 56 exactement en ce 20 juillet 1969. Nous avons ouvert une bouteille de champagne tout en devisant sur l'exploit dont nous venions d'être les témoins ébahis. Une demi-heure après, mon beau-père s'est retiré et nous sommes demeurés seuls, mon époux et moi. Comme il était tard et nous avons gagné notre chambre à coucher. C'est extrêmement curieux mais je me rappelle de tout ce qui s'est passé à ce moment-là. Était-ce dû au vin, je l'ignore, mais mon mari m'a un peu cajolée avant de me faire l'amour, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Et pour la seule fois de notre vie commune, il m'a appelée "" ma chérie "". J'étais si heureuse. Puis nous avons éteint la lumière et nous nous sommes souhaité une bonne nuit. J'attribuais son attitude envers moi à l'alcool. Pourtant, nous n'avions pas abusé. Or, comme le sommeil tardait pour moi à venir, je me suis relevée pour aller boire quelques gorgées d'eau et c'est à cet instant que j'ai réalisé qu'il venait de se passer quelque chose. J'étais CERTAINE d'être devenue maman même si, pour certaines raisons, je comptais les jours exactement comme mon médecin me l'avait recommandé pour ne pas devenir enceinte. Mon mari n'était pas prêt à devenir père. Il ne le souhaitait pas du tout et moi aussi par le fait même. Mais cette nuit-là, même si normalement je ne devais pas concevoir, je "" savais "" que j'étais devenue maman. Nul signe pourtant pour venir confirmer ma certitude. Je savais, c'est tout. Je me suis recouchée... en sachant. J'étais heureuse. Je n'étais plus seule. Quelqu'un commençait à faire son nid en moi. C'était merveilleux. J'ai conservé mon secret car je n'ignorais pas que ça le mettrait de mauvaise humeur.

Et effectivement, au bout de neuf mois, je mettais au monde un fils conçu le soir où l'homme avait mis son pied sur la Lune.

Il a maintenant, ce fils, trente-neuf ans. Il est beau, bon et j'en suis si fière. Il faut croire que ça lui a porté chance parce qu'il est maintenant marié à la plus belle et à la plus merveilleuse des femmes et qu'ils ont un petit garçon adorable.

Voilà mon histoire. Elle n'est pas inventée. C'est une histoire vraie.»

Louise Marleau

«Je me rappelle encore, comme si c'était hier, que nous étions tous rivés à nos écrans de télé pour voir cet événement très attendu. Ma crainte était que leur fusée ne reparte plus du sol lunaire. C'est un événement de l'histoire que nous ne pouvons pas oublier.

La principale raison de ma participation à ce concours, c'est que mon fils Alexandre qui se trouve présentement en mission en Afghanistan m'a demandé de lui imprimer votre cahier spécial paru dans Cyberpresse. Lorsqu'il était tout jeune, et encore aujourd'hui, tout ce qui touche l'espace le passionne au plus haut point.

Concernant votre cahier spéciale de 80 pages que l'on trouve sur Cyberpresse, est-il possible d'en obtenir une copie, car je ne parviens pas à l'imprimer au complet.

Merci encore et félicitations pour vos articles couvrant cet événement qui fait partie de notre histoire !» Nicole Hamel

«Âgé de 10 ans et demeurant sur la rue Delongchamps à Charlesbourg, en banlieue de Québec. Je me souviens que moi et un autre garçon faisions le va-et-vient entre le poste télé Noir& Blanc du salon montrant les images provenant la surface de la Lune et le parterre où nous pouvions voir la Lune dans toute sa splendeur dans un ciel dégagé. Nous n'arrivions pas à croire que les images provenaient véritablement et en direct de l'astre blanchâtre suspendu dans la nuit au-dessus de nos têtes. Avec la mort d'Elvis Presley, puis celle de Gilles Villeneuve, c'est le seul événement important dont je me souviens du moment et de l'endroit.»

Bruno Paquet

«Le jour où le premier homme a marché sur la Lune a été pour moi une journée très angoissante. A l'époque j'avais 10 ans, ma mère regardait la télévision assise au salon, sans se douter de la panique qui m'envahissait. J'étais convaincue que les habitants de la Lune, en voyant un vaisseau "envahir" leur planète ne ferait rien de moins que nous attaquer et ultimement nous anéantir. Je suis sortie dehors et j'ai vérifié dans la cour arriéré. Évidemment rien n'était anormal. La peur ne m'a pas quittée pendant quelques jours et je n'en ai parlé à personne. Ces souvenirs me sont revenus lorsque j'ai vu l'annonce de votre concours, et je suis heureuse de les partagés avec vous.»

Martine Gilbert

«J'avais 12 ans et nous étions au chalet de mon oncle d'Ontario au grand lac Saint-François près de Thetford-Mines. Nous avions une petite télé en noir et blanc où nous ne voyions pas grand-chose mais j'ai regardé jusqu'au bout parce que mon petit-cousin d'Ontario y était aussi, Roland, pour qui j'avais un très gros béguin. Je m'en souviens comme si c'était hier...»

Patricia Dostie

«J'étais camelot pour La Presse à cette époque où le journal prenait une place primordiale dans la vie des gens. À cette époque de la télévision en noir et blanc sans vidéo et canal de nouvelles en continue. Je me rappelle encore vivement ce sentiment que j'éprouvais en tant que porteur de l'histoire qui s'écrivait à chaque jour pendant la mission Apollo 11.

Le 16 juillet 1969, jour du départ de la mission Apollo, ""Objectif Lune"" devenait réalité. Dès lors, c'est un peu notre enfance meublée des albums et des films de Tintin qui disparaissait pour faire place à une réalité dont nous ne saisissions pas encore toute la portée. Un peu comme ces athlètes qui au moment d'un grand exploit affirment ne pas saisir ce qu'ils viennent d'accomplir.

Le 20 juillet, après quatre jours d'une attente interminable ou nous vivions tous au rythme de la mission, les premiers pas de Armstrong sur la Lune nous bousculait encore plus loin dans notre imaginaire « On a marché sur la Lune » ne serait plus jamais un album de science-fiction!

Mais la frénésie nous habitait et c'est en un temps record que j'ai livré le journal le lendemain matin! C'était maintenant vrai, c'était grandiose, le monde ne serait jamais plus le même et c'est moi qui propageait la grande nouvelle dans mon quartier!»

Roger Jenkins

«Le 20 juillet 1969. Voilà un jour dont je me remémore souvent. J'avais 9 ans et quart.

C'est l'année que mes parents ont acheté un terrain au lac Sainte-Marie en Haute-Gatineau. Mon père, mes 7 frères et nos amis les Dupuis avaient passé la fin de semaine à creuser des trous et couler le béton de la fondation de ce qui serait notre chalet familial. Les femmes et les filles, elles, ramassaient les roches sur la grève qui deviendrait éventuellement notre plage. Bien que les jeunes et les femmes devaient passer l'été en camping au Lac, ce dimanche là, il était entendu que nous rentions tous en ville avec les hommes pour voir ""un homme marcher sur la Lune"". On m'a donné la permission de rentrer avec les Dupuis pour aller regarder ça sur leur GROSSE télévision.

Nous avons quitté le chalet vers 18h pour se retrouver dans un embouteillage monstre sur la Route 105. Tous les propriétaires de chalet de la Haute-Gatineau et citadins qui s'y trouvaient avaient pris la route pour la ville à peu près à la même heure. « Est-ce qu'on va arriver à l'heure ? Est-ce que ça bouge en avant ? » demandais-je à répétition. En 40 ans, je n'ai jamais pris tant de temps à faire les 80 km qui séparent le chalet de la ville.

À 22h56, j'étais assise à terre dans le salon des Dupuis. Je fixais la télé bouche bée. « One small step for man...

À 23h15, je dormais.

C'était hier.»

Lise Y. L'Heureux

«J'étais avec mes parents à regarder le reportage. Très inquiète pour la vie des astronautes. Vers la fin, une souris a passe a cote du divan. La soirée c'est termine par une chasse a la souris .Beaucoup d'actions et d'émotions pour une jeune fille de 14 ans. Si c'était un coup monte, ca fait longtemps que ca dure et c'était bien réussi.»

Diane Clermont

«Dimanche soir, tous assis dans la salle familiale un peu partout sur des chaises par terre et sur le divan nous attendons tous le moment historique. Mes parents, mes frères et soeurs et ma grand-mère. Bien sur, c'est moi le plus excité, j'avais 10 ans à l'époque. Pour moi l'espace, les voyages spatiaux et les explorations lunaires me fascinaient énormément. Je collectionnais et je faisais des scrapbooks avec toutes les photos et les articles de La Presse et de La Tribune. Ce soir là, nous étions tous réunis autour de la télé et je sentais la fierté et la joie autour de moi. Pareil moment, ne reviendras pas de sitôt. Un petit garçon de 10 ans rivé sur le téléviseur, plein d'espérance, d'enthousiasme et de bonheur. Nous espérions tous que le voyage et la mission se passent bien et surtout que le vaisseau lunaire alunisse sans problèmes pour les astronautes. Ma grand-mère alors âgée de 84 ans à l'époque, étais assise plus loin dernière nous sur sa chaise préférée et elle n'arrêtait pas de dire que cela ne se pouvait pas, que c'était impossible d'aller si haut et si loin. Elle était persuadée que c'était une mise en scène et qu'ils étaient tous dans le désert en Égypte. Moi, j'étais furieux d'entendre cela, je n'étais pas d'accord avec ma grand-mère et je lui disais qu'oui c'est possible et qu'ils se préparent depuis une dizaine d'année déjà. J'avais beau expliquer tout sa à ma grand-mère, rien ne pouvait la convaincre qu'enfin l'homme marchait sur la Lune. Pour la première fois de son histoire, il mettait le pied sur une autre planète que la sienne. Merci! D'un petit garçon qui n'oubliera jamais cet exploit extraordinaire.»

André Perreault

«Concernant ce quarantième anniversaire du 1er homme sur la Lune, nous étions à ce moment là à Laval, en visite chez des parents.

Au moment précis où le module lunaire touchait le but, je pensais à mon père qui, à Rimouski, devait être un témoin satisfait et heureux de cette réalisation technique historique de l'astronautique. Pourquoi? Parce qu'en 1946, un certain dimanche midi lors du dîner de famille, mon père avait prononcé une phrase qui nous avait rendu très sceptiques.

Je me souviens le mot-à-mot de mon père (alors âgé de 47 ans) : «Je suis convaincu que l'homme ira sur la Lune avant l'an 2000 et peut-être que je vivrai assez vieux pour voir ça..»!!! Hors mon père, qui avait 70 ans en 1969, a bel et bien été témoin de la réalisation de sa prédiction dont il se souvenait sûrement. J'aurais aimé, ce soir là, être un petit oiseau pour le voir devant son téléviseur à Rimouski, vivre ce moment historique.

En terminant, je dois avouer que moi aussi j'étais sceptique en 1946 ; j'avais alors 17 ans !»

Gaston Martin

«Été magique !

J'ai 14 ans et nous roulons mes parents, ma soeur et moi dans la Ford Galaxie 500 modèle 68 de mon père en direction du sud des États-Unis. Nous allons de Holiday Inn en Holiday Inn et je découvre pour la première fois ""the american way of doing things !"" Je conserve des images impérissables de ces trois semaines à visiter la Floride et son littoral: Daytona Beach, West Palm Beach, Cocoa Beach, Vero Beach, Miami Beach. À Cocoa Beach, j'aurais bien aimé rencontrer le Major Nelson et Jinny! En lieu et place, beaucoup mieux: J'assiste au lancement d'une fusée emportant un satellite de communication dans l'espace par un beau soir d'été. Spectacle à couper le souffle! Puis, je pose les pieds sur un site mythique pour l'ado que j'étais: Cap Kennedy et les installations de la NASA ! L'aire de lancement, l'immense plate-forme de transport des fusées Apollo, le titanesque hangar où sont assemblées ces fusées... Émerveillé, tout simplement subjugué... L'apogée de ce voyage: Voir de mes propres yeux Apollo 11 s'envoler pour son périple historique: Sur la plage de Vero Beach, parmi tous ces baigneurs debout, immobiles et silencieux, il y a un kid de 14 ans, ""from Canada"", le regard viré au nord... J'entends encore le compte à rebours craché d'une radio transistor et soudain, cette clameur rugissant de cette mer de monde: Les bras tendus, les doigts pointés vers cette petite flamme qui scintille et qui perce un ciel sans nuage... Apollo 11 ! Je l'écris et j'en ai encore la chair de poule ! Tellement privilégié d'avoir assisté à cet événement. Je pourrai un jour, raconter à mes petits enfants, savez, votre papi, il y étais. Merci Gus. Merci Claire. Votre fils est toujours aussi fasciné, 40 ans plus tard.»

Martin Côté

«Ce fameux 20 juillet 1969, à l'instant même où Neil Armstrong foulait le sol lunaire, je dormais sûrement à poings fermés, tout comme mes quatre frère et soeurs. Aujourd'hui comme il y a 40 ans, c'est ce que font en principe les enfants de sept ans et demi à 22h56. Par contre, je me souviens très bien que le lendemain à l'aube - l'heure à laquelle les enfants réveillent habituellement leurs parents en vacances -, mon père avait les yeux on ne peut plus rivés sur notre téléviseur noir et blanc. Il était sidéré par les images des exploits de ceux qu'on ne devait plus appeler des cosmonautes, puisqu'ils étaient les premiers astronautes. Mon père cherchait un membre de sa marmaille avec qui partager son ébahissement en lui faisant réaliser la nature historique de l'événement. Les yeux écarquillés d'extase, il m'agrippa pour me conduire devant le petit écran. « Ils marchent sur la Lune! », me répéta-t-il avec emphase. Mais qu'on donc les adultes à tant s'énerver? Je tendis à mon père mon astronaute de plastique, compagnon de mes jeux depuis Noël 1968, qui avait exploré des corps célestes bien plus éloignés que l'unique satellite de la Terre. Je le savais d'autant mieux que j'avais reproduit ces expéditions sous mes propres yeux. Et Dieu sait que si en politique, six mois sont une éternité, ils le sont encore davantage dans l'esprit d'un enfant. Mon imaginaire ayant donc largement précédé le monde réel, la pamoison de mon père me paraissait bien immature. « Pauvre papa », me disais-je, soupirant de pitié pour ce néophyte en la matière. Aujourd'hui, les familles de cinq enfants comme la nôtre attirent autrement plus d'attention que les voyages spatiaux, sauf peut-être quand l'équipage compte une fille de la place. Et parions que si dans quelques jours, Julie Payette tombe nez à nez avec un extraterrestre à la voie métallique, à son tour, mon fils unique de sept ans et demi me jettera un regard dépité en me référant à ses extraterrestres de plastique. Pauvres papas...»

Christian Gagnon