Le sort en est jeté! Le Parti québécois sera dans l'opposition pour les quatre prochaines années. Il s'y trouve déjà depuis plus de cinq ans. Mais il a recouvré son statut d'opposition officielle et sa chef ne risque pas d'être contestée, ayant largement gagné ses épaulettes lors de la dernière campagne électorale.

En termes de stratégie politique, la question qui se pose maintenant est de savoir comment le PQ devrait employer ces quatre années d'opposition: doit-il viser simplement à remplacer le gouvernement libéral ou plutôt à faire un pas de plus vers la souveraineté? Dans son discours, le soir des élections, Mme Marois a présenté le résultat obtenu comme «une première marche» vers la souveraineté. Combien de marches y aura-t-il et quelle sera la nature de la prochaine marche?

 

Pour se relever de la cuisante défaite qu'il a subie en 2007, le PQ a procédé à un rééquilibrage des choix qu'il proposait aux électeurs: le bon gouvernement fut mis de l'avant et la souveraineté, sans être abandonnée, a été reléguée dans l'ombre. Ce positionnement a permis au PQ de sauver les meubles, de survivre à une période difficile et de revenir plus fort. Il s'agit maintenant de savoir si ce positionnement doit être conservé jusqu'à la prochaine élection.

Il y a plusieurs arguments qui militent dans ce sens. Maintenant que le Québec est revenu au système traditionnel de l'alternance, on peut faire valoir que, dans quatre ans, la simple usure du pouvoir permettra au PQ de revenir au gouvernement en faisant une opposition vigoureuse mais responsable, en évitant les gaffes et en courtisant les forces de changement. C'est également la voie la plus simple et la moins onéreuse puisqu'elle repose presque entièrement sur le travail de l'aile parlementaire.

Personnellement, je ne crois pas que cette stratégie soit la meilleure. Son principal défaut est d'ignorer que le PQ ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour faire l'indépendance. C'est là que réside son pouvoir de mobilisation. Sans cette perspective, les forces peuvent venir à lui manquer.

Préparer le terrain

La voie que je préconise est la suivante. Le PQ devrait utiliser les quatre prochaines années à préparer le terrain afin que la prochaine élection puisse porter principalement sur la question nationale. Ce travail d'action politique serait confié non pas à l'aile parlementaire mais au parti lui-même, à ses instances et à ses militants.

J'ai connu une époque, de 1970 à 1976, où le parti lui-même était sensiblement plus actif que son aile parlementaire, organisant colloques, assemblées de cuisine, publications, faisant la promotion de l'indépendance et discutant des nouvelles perspectives que celle-ci ouvrirait à la société québécoise. Il faut revenir à cette pratique et, surtout, y allouer les ressources financières et humaines requises.

Cette préparation de la souveraineté comportera beaucoup de travail sur le terrain mais, également, une bonne part de réflexion et de discussion publique, notamment sur la question de la décentralisation régionale. (...)

Le Parti québécois a donc quatre belles années d'opposition devant lui pour faire avancer son projet d'indépendance pour le Québec. Il y a, bien sûr, beaucoup de pain sur la planche. Mais si les instances et les membres du PQ se montrent à la hauteur de la tâche qui est la leur dans la promotion de la souveraineté et si l'aile parlementaire remplit efficacement son rôle de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, la prochaine élection pourra certainement être cette «prochaine marche» vers la souveraineté dont rêve Mme Marois. Et dont le Québec a un urgent besoin pour garantir sa sécurité identitaire et assurer son plein développement.

L'auteur a été candidat lors de la dernière course à la direction du PQ.