Voici ce qu'a répondu vendredi le président français, Nicolas Sarkozy, à un journaliste qui lui demandait si sa «visite éclair» au Québec était un présage d'une «relation moins privilégiée» entre la France et le Québec.

«Je vais vous dire, ne le prenez pas mal, mais dans «visite-éclair», il y a d'abord «visite». Parce que, en ce moment, avec la charge que nous avons sur les épaules, M. Barroso et moi-même, je peux vous dire une chose, c'est qu'on ne s'amuse pas. On a sur le dos l'unité de 27 États membres de l'Union. Vous n'imaginez pas comme moi je n'imaginais pas avant ce que ça représente d'investissement personnel en visites, en déplacements, pour convaincre! Simplement, monsieur, pour convaincre. Et vous observez qu'on a une petite crise à gérer? Hein?

 

Il y a plus d'États membres de l'Union que de provinces en... dans ce pays fédéral qu'est le Canada, donc je crois au contraire que ce qui est important, c'est que, avec le président Barroso, on ait voulu maintenir la visite.

Donc franchement, je pense au contraire que c'était... il y avait beaucoup de gens qui me conseillaient de ne pas quitter mon pays; de rester en Europe et de préparer le sommet. J'ai dit non, non, non, non! C'est trop important, on a besoin du Canada.

Donc, vous voyez le même fait, j'en tire la conclusion exactement inverse.

Deuxièmement, et je noterai ce que vous dites, c'est, donc, si je comprends votre raisonnement, la qualité d'une visite, c'est uniquement la longueur de la visite. Alors, on va revisiter l'histoire. Moi, j'ai toujours été un ami du Canada. C'est quelque chose de très constant dans ma vie politique. Parce que le Canada a toujours été un allié de la France, qu'il est membre du G8, et franchement s'il y a quelqu'un qui vient me dire que le monde aujourd'hui a besoin d'une division supplémentaire, c'est qu'on n'a pas la même lecture du monde.

Je ne vois pas au nom de quoi une preuve d'amour pour le Québec, fraternelle, familiale, devrait se nourrir d'une preuve de défiance à l'endroit du Canada.

Et j'ai suivi de très près toutes ces dernières années ce qui s'est passé au Québec comme ce qui s'est passé dans l'ensemble du Canada; de très près. Et je pense que je ne dois pas être le seul à penser ce que je viens de vous dire. Et moi, je suis pour plus, plus; pas moins, moins. Voilà. Et je sais parfaitement qu'au Québec, qu'il y a des... des francophones qui font partie de notre famille. Et ça, je le sais. Mais des francophones de ma famille ne me demandent pas de ne pas considérer le Canada, grand continent, en vérité, comme des amis.

Voilà. Et peut-être que l'idée que je me fais de la France, c'est un pays qui rassemble et non pas qui divise; c'est un pays qui apaise en étant suffisamment généreux pour dire aux Québécois francophones qu'ils sont de notre famille et pour dire à l'ensemble des autres Canadiens qu'ils sont nos alliés et qu'ils sont nos amis.

Vous avez cité un nom (NDLR: celui du président du comité exécutif de Power Corporation, Paul Desmarais), mais si vous voulez, j'ai des amis ici; beaucoup d'amis! Je viens le plus souvent que je peux, parce que c'est... vous êtes dans un pays absolument magnifique. Magnifique! Et j'aime beaucoup la simplicité canadienne. Ce mélange, dont je disais tout à l'heure, de toutes les qualités, d'audace qu'il y a chez les Américains, et en même temps ce goût de la culture. Parce que, quand même, il y a des racines européennes, là-dedans, hein! Et ce mélange que vous avez su en faire est très éloigné du sectarisme.

Et donc, voilà, c'est avec un message d'ouverture que je viens dans un pays grand comme un continent qui, par son fédéralisme, a décliné aussi un message de respect de la diversité et d'ouverture.»