Avez-vous remarqué que les militants pour la protection de l'environnement affirment presque invariablement que, non seulement le réchauffement climatique existe et qu'il est négatif, mais aussi que ce que nous voyons est encore pire que les prévisions?

C'est très curieux, car n'importe quelle appréhension raisonnable des techniques scientifiques devrait s'attendre à ce que, à mesure que nos connaissances s'affinent, nous trouvions que les choses sont parfois pires et parfois meilleures que nos attentes. Et que la distribution la plus probable des probabilités est de 50-50. Les militants écologistes, en revanche, les voient invariablement comme un rapport 100-0.

Il n'est tout simplement pas vrai que les données climatiques sont systématiquement pires que les prévisions: à de nombreux égards, elles sont exactement les mêmes, voire meilleures. Le fait que nous entendions un autre son de cloche est une indication de la dépendance des médias au sensationnalisme. Or, tout cela constitue une base bien médiocre pour des politiques intelligentes.

L'élément le plus évident concernant le réchauffement climatique est que la planète se réchauffe. Sa température a augmenté d'environ 1°C en un siècle. Et le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies (GIEC) prévoit une augmentation comprise entre 1,6°C et 3,8°C au cours de notre siècle, principalement à cause de l'augmentation des émissions de CO2. La moyenne des 38 essais standards du GIEC montre que les modèles prévoient une augmentation de la température pour notre décennie d'environ 0,2°C.

Mais ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Et c'est valable pour toutes les mesures de température de surface, et encore plus pour les deux mesures satellitaires. Les températures de notre décennie n'ont pas été pires que prévu. En fait, elles n'ont même pas augmenté. Elles ont même baissé entre 0,01°C et 0,1°C par décennie. Pour l'indicateur principal du réchauffement climatique, l'évolution de la température, nous devrions entendre que les données sont en fait bien meilleures que prévu.

Une partie de l'explication

On nous répète constamment que la glace de l'océan Arctique fond plus vite que prévu, et c'est vrai. Mais les scientifiques les plus sérieux admettent que le réchauffement climatique ne compte que pour une partie de l'explication. L'autre explication est que l'oscillation arctique, la circulation des flux d'air sur l'océan Arctique, empêche aujourd'hui l'accumulation de la glace ancienne, et précipite la plupart de la glace dans l'Atlantique Nord.

Mais plus important, nous entendons rarement que la glace de l'océan Antarctique non seulement n'est pas en train de fondre, mais est en fait au-dessus de la moyenne depuis un an. Les modèles du GIEC prévoient une baisse de la glace dans les deux hémisphères mais, alors que l'Arctique a des résultats pires que prévu, l'Antarctique s'en tire mieux.

Depuis 1992, nous possédons des satellites qui mesurent l'augmentation mondiale du niveau des mers. Ceux-ci ont montré une augmentation stable de 3,2 millimètres par an - exactement la projection du GIEC. En outre, au cours des deux dernières années, le niveau des mers n'a pas augmenté du tout - en fait, il a même un peu baissé. Ne devrait-on pas nous dire que c'est bien mieux que prévu?

Les ouragans étaient le fonds de commerce du célèbre film d'Al Gore sur le réchauffement climatique. Or, il est vrai que les États-Unis ont été meurtris en 2004 et 2005, ce qui a provoqué des prévisions délirantes de tempêtes encore plus fortes et plus chères pour l'avenir. Mais il s'avère que, dans les deux années qui ont suivi, les coûts reliés aux tempêtes ont été bien inférieurs à la moyenne, et pratiquement nuls en 2006. Pas de doute, c'est mieux que ce qui était attendu.

Bien sûr, toutes les choses ne sont pas moins mauvaises que ce que nous pensions. Mais l'exagération partiale n'est pas une solution pour faire avancer les choses. Nous avons un besoin urgent d'équilibre si nous voulons faire des choix sensés.

Copyright: Project Syndicate, 2008.

L'auteur est l'organisateur du Consensus de Copenhague, professeur adjoint à la Copenhagen Business School et auteur de deux livres, «Cool It» et «The Skeptical Environmentalist».