Un projet de loi déposé aujourd'hui à l'Assemblée nationale prévoit que les Québécois en fin de vie pourront réclamer une aide médicale à mourir. Êtes-vous d'accord ?

Le dernier acte humain

Pour avoir accompagné un proche vers la mort, il y a quelques jours seulement, je réponds oui à l'aide médicale en fin de vie. Après plusieurs semaines à fréquenter le service des soins intensifs d'un hôpital de Montréal, j'ai pu réaliser combien la science et la technologie pouvaient maintenir un corps en vie, un corps dont plusieurs organes ne fonctionnaient plus adéquatement, un corps intubé, gavé, qu'on tournait régulièrement à cause des plaies au siège.  Un corps maintenu dans un sommeil artificiel pour éviter la souffrance. Microbiologiste, néphrologue, plasticien, pneumologue, infirmiers, préposés : tous ont contribué à soigner mon frère, même si les signes de rétablissement ne se montraient pas. Puis, on a proposé d'autres moyens, plus invasifs, plus agressifs, malgré les risques encourus. Mon frère ne pouvait plus répondre. C'est moi qui ai dit non. Il n'était plus apte à consentir, mais il était atteint d'une maladie grave et incurable, éprouvait des souffrances physiques et psychiques constantes et son état présentait un déclin avancé et irréversible de ses capacités. J'ai demandé que mon frère ne soit ni opéré ni réanimé en cas d'arrêt cardiorespiratoire. J'ai demandé qu'il soit à l'abri de la souffrance physique et de la détresse psychologique. J'ai demandé qu'on lui donne les « meilleurs soins » après l'extubation, rendue nécessaire pour le protéger d'une nouvelle infection. Cela s'est fait. Il a respiré seul quelques minutes et, tout doucement, il a cessé de respirer.  Son coeur s'est ensuite arrêté. Ce n'était pas de l'aide à mourir, comme décrit au projet de loi 52, mais cela éclaire ma réponse à la question que vous posez.

Sylvie Séguin, Montréal

Un projet de loi courageux

Je suis tout à fait d'accord avec l'encadrement médical et familial.

Il est temps d'arrêter de souffrir pour mourir. L'être humain doit pouvoir mourir dans la dignité et à l'abri des souffrances, lorsqu'il n'y a plus de retour possible à une vie normale et valorisante.

Bravo, madame la ministre, pour votre courage à affronter la résistance humaine que vous devrez convaincre, pour l'adoption de ce projet.

Jean-Guy Pigeon

Non à l'euthanasie

Ma réponse à cette question est claire : je ne suis pas d'accord avec l'aide médicale à mourir, locution qui devrait porter le nom d'euthanasie. Ce choix de ne pas parler franchement dit tout. Je dois oui aux soins palliatifs, mais un non catégorique à l'euthanasie. L'acte d'euthanasier ne peut être considéré comme un soin. On ne soigne pas en tuant un patient, on ne fait qu'éliminer une maladie.

Michel Lebel, Entrelacs

Ce sera mon choix

J'ai la sclérose en plaques et le moment venu c'était et c'est encore mon choix. Cela fait déjà quelques années que ma décision est prise. Alors, le moment venu, si je peux avoir de l'aide, cette aide sera la bienvenue.  Ainsi, tout sera plus simple, pour moi et pour mes héritiers. N'en déplaise aux chrétiens et aux autres qui critiquent le projet de loi, il y a des limites à souffrir et je considère que cela ne concerne que moi. Pas la loi, ni la religion.

Jean Desorcy

Un soupir de soulagement

Mon grand-père étant diagnostiqué de la maladie d'Alzheimer depuis près de 10 ans et, comme il est maintenant à l'état du nouveau-né, je ne peux qu'enfin pousser mon premier soupir de soulagement. Personne ne mérite de finir sa vie dans la souffrance, la dépendance et l'indignité. Si l'homme a bien un droit, c'est celui de choisir s'il veut vivre ou mourir, et entendre des gens demander l'aide à mourir, quand nous n'avons aucun pouvoir est déchirant.  J'espère pouvoir prendre cette décision quand viendra mon temps. 

Laurence Gagnon, St-jean-sur-Richelieu 

Une dérive médicale

Depuis toujours le rôle de la médecine est de préserver la vie et non de la supprimer. Il ne s'agit pas bien entendu de s'acharner pour maintenir la vie, mais c'est une dérive médicale que d'injecter un poison quelconque pour l'enlever et cela, même avec le consentement du patient.

La véritable compassion n'est pas d'aider à mourir mais d'accompagner le mourant jusqu'à son dernier souffle tout en lui prodiguant les soins palliatifs nécessaires.

Félix Bélisle

Cela existe déjà

Pour avoir eu la douleur d'avoir vécu cette épreuve avec ma soeur, je peux vous dire que ce qui est en projet de loi existe déjà. Ça se fait subtilement, mais quand la famille le demande, je peux vous dire que le processus est accéléré. En gros, on augmente les doses si vous comprenez ce que je veux dire.

Toutefois, c''est évidemment un sujet délicat à discuter en famille avant, bien sûr.

Michel Côté 

C'est une grave erreur

Malgré la dimension de dignité recherchée, on ne pourra exclure l'abus de pression que des héritiers en difficulté financière  exerceront sur leurs aînés en état de faiblesse. Un transfert de responsabilité qu'il est irrationnel de faire porter au médecin qui aura reçu en bonne et due forme le mandat de procéder.

Ghislaine Pepin 

Je suis soulagé

Étant moi-même gravement atteint de la sclérose en plaques depuis 30 ans, je suis heureux de savoir que je peux mettre fin à mes souffrances, même si je n'ai pas l'intention d'utiliser ce service pour le moment, parce que j'aime profondément la vie malgré tout. Mais tout peut basculer d'une journée à l'autre.  J'ai l'extraordinaire chance de demeurer encore à domicile, malgré le peu de ressources qu'offre le gouvernement pour le maintien à domicile et incluant l'extraordinaire dévouement de ma conjointe. C'est un fragile équilibre qui peut se briser à tout instant et je suis soulagé de savoir que je peux mettre fin à une situation qui pourrait devenir intenable, si ma santé se détériorait davantage.

Pierre Moreau, Sainte Adèle

L'expérience permet de comprendre

Quand vous aurez accompagné quelqu'un qui est décédé dans la souffrance à la suite d'un cancer incurable vous pourrez vous prononcer. Mon vécu me permet de me prononcer et je suis pour le suicide assisté, si la personne concernée le demande. 

Claude Laurin

Offrons des soins palliatifs de qualité

C'est ce qu'a démontré la semaine dernière Frank Humphrey de Lachine, atteint de la sclérose latérale amyotrophique, lorsqu'il s'est exprimé avec courage et sans équivoque sur ce sujet qui le touche de si près devant les médias.

Au lieu de passer une loi expéditive sur l'euthanasie (on change le nom - « Soins de fin de vie » - de cet acte fatal pour le rendre plus acceptable) assurons-nous que chaque personne en phase terminale d'une maladie incurable ait accès aux soins palliatifs les meilleurs possible.

Il en va de la confiance absolue entre le patient et son médecin qui s'est engagé à préserver et non à supprimer la vie.

Béatrice Swift, Saint-Lambert



Enfin!

Les maladies dégénératives, de nos jours, peuvent durer longtemps, surtout si on continue à médicamenter la personne pour ses problèmes secondaires. Pour avoir accompagné un proche, prisonnier de son corps, avoir vu sa détresse, son immense besoin d'être délivré de ce corps de misère, je suis soulagée de savoir que je vais avoir le « choix » de prendre un raccourci. C'est très personnel ce choix, comme le mariage, le divorce, l'avortement et bien d'autres sujets croustillants, ça ne se débat pas en masse, sur la place publique. C'est une décision que l'on prend avec soi, pour soi et parfois même, c'est une décision qui s'impose à soi. Alors, les gens avec des pancartes qui s'insurgent face au droit de mourir,  je leur dis de se mêler de leurs affaires ! Ça ne vous convient pas, ça ne cadre pas avec vos valeurs, pas de problème, faites vos papiers en conséquence, le système de la santé est là pour vous. Mais pourquoi ne pourrait-il pas être là pour un choix différent, une autre sorte d'intervention que la vôtre ? Moi, je n'ai pas le goût de partir avec des plaies de lit, mes proches épuisés de m'avoir accompagné jusqu'au bout du bout. Je tiens à ma dignité et pour moi, ça veut dire que, notamment, je n'ai pas envie qu'un parfait inconnu me change de couche. Je suis rassurée de vivre dans une société où je pourrai réellement recevoir l'aide que je me souhaite, que je n'aurai peut-être pas besoin de prévoir un pseudo-suicide. C'est beau la vie, c'est même magnifique, mais je suis de celles qui croient que la respecter, c'est la laisser partir, avant d'oublier qui sont mes filles et comment je m'appelle. Et ces filles-là, si précieuses à mon coeur, je crois qu'elles ont le droit de voir leur maman partir paisiblement, dans tous les sens du terme.

Merci pour ce projet de Loi, c'est tellement humain !

MC Audy

Question d'empathie

Si vous n'avez jamais vu ou connu une personne malade ayant une maladie incurable qui désire mourir, il est difficile de comprendre ce choix. Cette nouvelle législation permettra ces malades de mourir en dignité. Il ne faut pas juger leur choix trop vite, car un jour, ce sera peut-être votre tour!

Fernand Roy, Témiscamingue

Beaucoup de craintes

Il me semble que notre culture est accro aux solutions rapides. Notre population est vieillissante et de plus en plus de jeunes ont des handicaps. Plutôt que d'améliorer l'aide aux personnes dans le besoin, le gouvernement du Québec cherche à légaliser l'euthanasie. De nous tous les Canadiens, les Québécois devraient montrer la voie, en fournissant des soins pour nos personnes âgées, sans les effacer.

Nous n'avons pas besoin de l'euthanasie.  Il y aura des abus. Les médecins et les infirmières sont aussi humains et ils peuvent faire des erreurs. Les personnes malades et âgées ont besoin de notre protection. C'est le moins que nous puissions faire pour ceux qui nous ont donné naissance.

Derek Satnik, Kitchener, Ontario 

Parfaitement d'accord

Enfin une loi positive pour le mieux-être des Québécois. Notre société avance, pour une fois!

Claude Drugeon

Préserver et non supprimer

Mourir dans la dignité, c'est bénéficier de soins palliatifs de qualité.

C'est ce qu'a démontré la semaine dernière Frank Humphrey de Lachine, atteint de la sclérose latérale amyotrophique, lorsqu'il s'est exprimé avec courage et sans équivoque sur ce sujet qui le touche de si près devant les médias.

Au lieu de passer une loi expéditive sur l'euthanasie, assurons-nous que chaque personne, en phase terminale d'une maladie incurable, ait accès aux soins palliatifs les meilleurs possible.

Il en va de la confiance absolue entre le patient et son médecin qui s'est engagé à préserver et non à supprimer la vie.

Béatrice Swift, Saint-Lambert

Je ne suis pas d'accord.

Au début ce sera bien encadré mais, après quelque temps il y aura des abus, comme dans les autres pays qui le permettent déjà.

Je pense qu'une assistance médicale pour soulager les douleurs est plus respectueuse de la vie, de la fin de la vie.

Sentir la présence de la famille, amis(es) et du personnel médical tout près, me semble plus normal, car mourir c'est normal et on a ce qu'il faut pour soulager la douleur.

Les personnes âgées et handicapées prendront bientôt trop de place dans nos hôpitaux. C'est dangereux ce projet de loi.

Sylvie Berger, Québec 

Protégeons les plus vulnérables

L'expression « mourir dans la dignité », elle-même utilisée en référence à l'euthanasie, insinue un puissant jugement de valeur.  Lorsque vous êtes affaibli par la maladie, la société considère que vous êtes moins « digne » que les gens utiles et en bonne santé et elle vous offre donc la possibilité de vous aider à vous donner la mort pour « rester digne ». Ironiquement, si vous êtes jeunes et en santé, la société croit encore bon pour l'instant de dissuader les gens de mettre fin à leurs jours et de lutter contre le suicide.

Le projet de loi vise selon ses promoteurs à augmenter le « droit à l'autonomie » des individus. Hors, en permettant ce pseudo-droit à l'autonomie de déterminer sa mort, nous mettrons en péril la protection des plus vulnérables de notre société. En ouvrant la porte à l'euthanasie, nous faisons peser sur leurs épaules le poids que leur condition représente pour la société qui va considérer maintenant qu'il serait normal et naturel qu'ils souhaitent mourir et qu'on peut les aider à le faire. Pression de la société, possiblement de l'entourage et des soignants. OEuvrant personnellement comme médecin en gériatrie, force est de constater déjà le courage des personnes en perte d'autonomie face à leur condition. Notre société et nos lois ne devraient-elles pas justement être là pour protéger les plus vulnérables?

D'autre part, le projet présenté souhaite ériger à titre de loi à l'accès aux soins palliatifs. Allons-nous donc également ériger à titre de loi l'accès à tous les services médicaux de notre système qui sont déficients? (accès à un médecin de famille, chirurgies dont les délais sont trop longs, traitements en cancérologie...). Aucun citoyen n'est assez dupe pour penser que cette mesure va faire soudainement apparaitre les ressources nécessaires pour améliorer nos soins palliatifs - ce ne sont que des mots pour nous faire avaler la pilule de l'euthanasie.

Finalement, souhaitons qu'en ayant à se prononcer sur cette grave question pour notre société, nos élus puissent s'inspirer d'un grand principe de la médecine : Primum non nocere - D'abord ne pas nuire.

Marie-Claude Bourque, MD, Gatineau 

La démocratie vient de prendre une bonne débâcle...

Comment se fait-il que le Gouvernement agisse si vite sur une question si importante qui est loin de faire l'unanimité dans la population?

Était-il si nécessaire de faire toute cette mise en scène, soi-disant démocratique, et d'investir tant d'argent pour prendre l'avis des citoyens en mettant sur pied une Commission ? Il est clair et net que c'est une volonté politique bien sentie de dépénaliser l'euthanasie pour des raisons économiques et soi-disant humaines. Peut-on vraiment parler d'humanisme, quand on provoque la mort au lieu d'améliorer les conditions de vie ? Si on veut appeler les choses par leur vrai nom, on dirait plutôt : Investissement pour une campagne promotionnelle : « Mourir dans la dignité » c'est opter pour l'euthanasie et le suicide assisté, alors qu'on sait très bien qu'une grande confusion existe entre l'euthanasie et l'acharnement thérapeutique.

Bien sûr, on peut dire que vous avez réussi à atteindre votre objectif politique.  Cependant, un autre défi plus important vous attend maintenant, celui de gagner la confiance de tous les citoyens dont vous avez carrément ignoré les recommandations malgré leur nombre majoritaire.

Monique Khouzam-Gendron, Montréal

Le temps changera les mentalités

C'est une grande étape que de légaliser le droit à l'euthanasie. Plusieurs seront sceptiques à l'égard de cette nouvelle loi et le resteront pendant longtemps. Toutefois, je suis d'avis que beaucoup de gens changeront d'avis lorsqu'ils réaliseront que le processus, pour une personne qui veut éviter les souffrances liés à une maladie, sera bien encadré. Le gouvernement aura à démontrer que ce nouveau droit sera bien suivi par cette nouvelle commission et la méfiance de bien des gens tombera. Il est, selon moi, crucial d'avoir le choix de continuer à vivre ou non, surtout si la personne est fortement malade et sait que dans un avenir proche, elle vivra dans la souffrance. D'après moi, c'est le rôle du gouvernement que de changer les mentalités. Légaliser l'aide médicale à mourir est certainement un grand changement.

François Girard, Étudiant en Relations Industrielles à l'Université Laval 

Éviter de trop restreindre

Ce projet de loi vient compléter la Politique en soins palliatifs de fin de vie lancée en 2004.  Cette politique, que la plupart des observateurs ont trouvée complète et pertinente, présentait une seule lacune à mon avis : l'absence d'ouverture à l'aide médicale à mourir lorsque la situation devient insoutenable en fin de vie, malgré la qualité des soins palliatifs pour ceux qui peuvent en bénéficier.  

Le projet de loi permettra aux personnes dans cette situation d'avoir une carte à jouer si la situation devenait inacceptable pour eux. Évidemment, cette carte ne pourrait être mise sur la table que dans un contexte de consentement libre et éclairé, ce qui n'est pas chose simple à définir en fin de vie.  Il faudra réfléchir sur les modalités de ce consentement, mais il ne faudrait pas trop le restreindre par des exigences démesurées. Cette carte, que l'on peut jouer si besoin, ne va nullement à l'encontre des objectifs de soins palliatifs de fin de vie de qualité. Elle permet seulement de conserver un certain contrôle sur la toute fin de sa vie. Il y a fort à parier qu'avec cette carte en main, les personnes concernées seront tentées de poursuivre le plus longtemps possible les soins palliatifs, probablement jusqu'à la fin, dans la mesure où les soins sont adéquats.   

En terminant, pour éviter que le corps médical en particulier ne se braque, il faudrait laisser aux professionnels de la santé l'entière liberté de se retirer des soins en fin de vie y compris ceux oeuvrant en soins palliatifs.  Il ne faudrait pas que les objections personnelles de certains, fondées sur leurs croyances et valeurs, ne viennent remettre en question cette initiative.      

Guy Trottier

Une dérive inacceptable

Je n'accepte pas la décriminalisation de l'aide médicale à mourir. La souffrance existe, et nous y faisons face depuis des millénaires. Malgré cela, décriminaliser un acte causant volontairement la mort ou aidant à causer volontairement la mort, même si c'est sous le couvert de bonnes intentions et de la compassion, est une dérive inacceptable et dangereuse pour toute la société, une dérive qui n'en sera qu'à ses débuts et qui prendra de l'expansion (comme on le voit déjà en d'autres pays). Et on aura beau tenter de contourner la lettre du Code criminel à ce sujet, cela demeurera clairement une infraction à l'esprit du Code criminel. Le message lancé par Québec contredira subtilement celui des campagnes contre le suicide (par ex., « T'es important pour nous - Le suicide n'est pas une option »).

De plus, n'est-ce pas pervertir la vocation médicale que de lui confier pour tâche de causer volontairement la mort d'une personne ou d'aider à son suicide? Pourquoi imposer ce fardeau aux médecins et au milieu hospitalier, plutôt que de créer une nouvelle profession et un nouveau réseau de cliniques à cette fin? Laissons les médecins servir la population, mais uniquement dans les limites de leur vocation de médecin.

Alexandre Grondin

Objectif global

En attendant de lire -et de me faire expliquer par juriste interposé les limites du projet de loi par le texte intégral, je me demande si cette initiative va couvrir tous les cas de figure, comme que faire lorsqu'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer veut mettre fin à sa vie?

Cette maladie est incurable -du moins aujourd'hui- et se manifeste par une dégénérescence inéluctable des facultés mentales, motrices et dans un dernier temps, de survie. À quel moment la loi va-t-elle permettre à la personne de réclamer sa fin de vie? Pour avoir vu un proche atteint de cette maladie, la période «intermédiaire» entre l'état conscient et l'état «végétatif» est extrêmement pénible pour le malade qui alterne entre moments de lucidité et moments de détresse (pour utiliser ses propres termes). 

J'attends donc des éclaircissements sur la volonté réelle de nos élus et je poserai bien entendu la question en temps et lieu.

Dominique Dumortier

Le choix de partir dignement

Enfin, une ouverture sur un projet de loi qui aidera dorénavant les gens à abréger leurs souffrances physique et psychologique en fin de vie. En 2013 il était temps qu'une ouverture se fasse dans l'esprit des gens. Il faut avoir été près, très près d'une personne en fin de vie pour comprendre l'impact d'un tel projet de loi. Assister, soigner, être témoin, être impuissante à soulager la détresse morale et physique de l'être aimé pendant des mois, voir des années, ça laisse des traces... Encore aujourd'hui, après près de deux ans, je revois le visage de mon époux, subissant tous les jours un nouveau deuil d'un membre ou d'un organe qui n'était plus fonctionnel, il était atteint de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) la détresse de son regard n'était qu'une faible lumière de la souffrance physique qu'il endurait face à cette terrible maladie incurable et impitoyable. Il n'a jamais demandé qu'on abrège ses souffrances, mais s'il avait eu le choix, lorsqu'il ne pouvait plus marcher, plus bouger, plus parler, plus manger, lorsqu'il ne lui restait plus comme que son esprit et ses pensées, l'aurait-il fait !? Je ne sais pas, c'était un homme qui aimait tellement la vie, malgré toute cette souffrance.  Mais, avec cette nouvelle loi, il aurait eu au moins le choix de partir dignement au moment voulu.

Cécile Dumont, Rivière-Rouge 

L'euthanasie pour raisons financières.

Le Québec descend bien bas. Comme le gouvernement reste incapable de contrôler les coûts financiers du système de santé, induits principalement par l'activisme médical, sa solution draconienne consiste à en finir prématurément avec les personnes en fin de vie qui, comme on le sait, coûtent cher. Tout ceci est proprement inacceptable. Ce projet de loi sape les bases de notre civilisation, rien de moins. Je souhaite vivement qu'Ottawa contre ce projet de loi. Le gouvernement fédéral est le premier concerné par les questions de vie et de mort, pas le gouvernement du Québec. Il s'agit d'une problématique qui nécessite une hauteur de vue.

Pierre Philippe

J'approuve le projet de loi

Cela fait assez longtemps que tous les partis politiques ont élaboré ce projet et ont étudié toutes les étapes.  Pour ceux qui s'en opposent, on voit qu'il n'y a aucune compassion de leur part...ils ne voient que le fait religieux qui préconise que l'on ne doive pas abréger la vie.

Pierre Nantais

Un chemin difficile

Il vrai que c'est un sujet sensible. Que nous soyons jeune ou vieux, nous devons un jour ou l'autre passer par ce chemin qui n'est pas facile, avouons-le,  mais où l'égoïsme n'a plus sa place. Il faut penser à ceux qui restent. Personnellement, j'ai eu à prendre une telle décision il y a plus de 30 ans pour un enfant né en pleine santé, du moins le croyons-nous et qui est décédé dans les heures qui ont suivi. Je suis donc d'accord avec ce projet de loi de la ministre Hivon.

Michel Boisclair

C'est ma vie

Je suis totalement d'accord pour qu'on ne s'acharne pas à essayer de prolonger la vie de personnes en fin de vie qui souffrent et ne trouvent plus aucun plaisir à leur quotidien et qui en font la demande. Deux de mes oncles ont demandé de la chimio pour leur cancer, alors qu'ils étaient rendus à 80 et des poussières.  Qu'est-ce que cela a donné? Rien, ils ont tous deux souffert le martyre à cause de ces traitements pendant leur dernière année de vie.  C'était leur choix.  Ce ne sera certainement pas le mien. Sans traitement, ils auraient vécu six mois, mais n'auraient pas eu à être intubés, piqués, nourris à la sonde, etc.  Si j'ai le cancer ou n'importe quelle autre horreur, donnez-moi le contrôle sur la morphine. Ne vous acharnez pas à essayer de faire du neuf avec du vieux.  Je serai en fin de vie...

Je fais du bénévolat dans une résidence pour personnes âgées et je ne sais combien de personnes, au fil des ans, m'ont dit qu'elles en avaient assez, qu'elles souffraient, qu'elles n'avaient plus de qualité de vie.  Je ne veux pas qu'on me mette de couche la nuit, faute de personnel pour venir me lever et je ne veux pas prendre 40 pilules par jour. Tant qu'on est autonome et chez soi, ça va, mais finir en résidence, non merci...

Je vais même un pas plus loin et je voudrais décider quand partir. 

Je fais tout ce que je peux pour bien vieillir.  Mais je me dis que rendue à 85-90 ans, j'en aurai peut-être assez de vivre,  j'aimerais pouvoir dire ça suffit, je suis prête à prendre ma petite pilule pour le sommeil éternel.

Je ne veux pas décider pour les autres, je veux décider pour moi - c'est ma vie.  Pourquoi ne pourrais-je pas finir paisiblement et décider quand j'en aurai assez...

Hélène Gauvin

Des morts rentables

Nous avons beaucoup de difficultés comme société à offrir des soins pour les gens qui cherchent à avoir l'aide médicale pour vivre.   Je ne comprends pas cette volonté d'aller de l'avant avec l'aide médicale pour mourir.

Donner une bonne qualité de vie et de soins  à nos citoyens, vivre dans la dignité,  est un grand combat et demande du courage et du leadership. C'est peut-être cette absence de courage et de leadership qui justifie cet intérêt de la part de nos politiciens.

Il faut dire que la mort d'un grand malade est rentable pour l'état.

Charles A. Horth



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