Uniquement formé de firmes étrangères, le consortium CHUM Collectif a décroché le contrat de 2 milliards pour la construction du nouveau CHUM. L'autre soumissionnaire, Accès santé CHUM, a été disqualifié. Selon des spécialistes, le mode PPP (partenariat public-privé) a fait augmenter les coûts et a limité le nombre de soumissionnaires. Mais la ministre Michelle Courchesne affirme que le mode PPP a permis d'économiser 300 millions. Selon vous, le mode conventionnel aurait-il été préférable?

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Le pire des choix



Construire le CHUM en PPP était le pire des choix. Il coûtera plus cher et il y a de fortes chances que des imprévus amènent des coûts supplémentaires. Comme le CHUM sera un hôpital hautement sophistiqué, il devra s'adapter rapidement à tout changement technologique et il y a des risques que certains éléments n'aient pas été prévus dans le contrat. Toute modification majeure de l'édifice sera sujette à conflit et on peut s'attendre à ce que les frais juridiques encourus soient élevés. Les PPP sont des modes de réalisation qui favorisent d'abord les partenaires privés. Ces contrats leur permettent de réaliser des profits importants à partir de services publics. On vantait ce mode de réalisation parce qu'il était plus rapide, qu'il y avait partage du risque et que le financement était privé. De plus, la concurrence allait permettre des gains en termes d'efficacité. Aujourd'hui, de nombreux chercheurs, des vérificateurs généraux, des politiciens et des gens d'affaires émettent de sérieuses réserves sur les PPP et rien ne justifie que le gouvernement aille de l'avant avec ce mode pour le CHUM. Voici pourquoi le gouvernement aurait dû choisir le mode traditionnel pour le CHUM. Il a été démontré que le financement public coûte moins cher que le financement privé. Comme le risque qu'une province comme le Québec fasse faillite est faible, les taux d'intérêt pour ses emprunts sont moins élevés que ceux d'une entreprise privée pour qui le risque est plus grand. Ce fait est généralement admis par les promoteurs des PPP. De plus, les PPP n'augmenteraient pas la concurrence et d'un point de vue économique, il n'y aurait donc pas de gains en termes d'efficacité. Certaines conditions pour obtenir une saine concurrence n'ont pas été satisfaites dans le cas de plusieurs PPP. Est-ce différent pour le CHUM? Pour le risque, il n'y a pas d'avantages non plus. Au Royaume-Uni, la faillite du consortium Metronet a coûté très cher aux contribuables car les coûts ont été assumés par le partenaire public. Pour le CHUM, qu'arrivera-t-il lorsque de nouvelles technologies nécessiteront une réorganisation majeure des locaux alors que le contrat ne l'avait pas prévu? Que se passera-t-il advenant la faillite du partenaire privé? Ce sera le public qui paiera car on ne peut se passer de ce service de santé primordial. La construction de plusieurs CHSLD et la rénovation de l'Hôtel-Dieu de Québec (CHUQ) pourraient être en PPP. Espérons que le gouvernement prendra la bonne décision cette fois-ci et qu'il retourna au mode traditionnel, dans l'intérêt des citoyens du Québec.



Pierre-Guy Sylvestre, économiste, SCFP-Québec

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Profits au privé, risques au public



Ayant travaillé sur des chantiers à titre d'inspecteur et ayant fait de la conception dans des bureaux d'ingénierie, je peux dire que prenez n'importe quel projet fait selon la méthode conventionnelle et préparez-le avec autant de soin qu'un PPP, et vous n'aurez pas plus de dépassement de coût et le projet sera fait dans les délais d'un projet PPP. En ce qui concerne l'entretien du bâtiment, nous allons payer beaucoup d'extra dans le futur.  Est-ce que quelqu'un peut dire dans 15 ans quels seront les instruments utilisé dans un domaine de haute technologie comme la médecine?  Personne.  Ceux qui ont rédigé les contrats ont déjà prévu que tout ce qui sortira de ce qui est prévisible, c'est le gouvernement donc nous qui le paieront.  En bref, les profits iront aux firmes, et les risques au public.



Daniel Legault



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Quelle blague!

Toutes ces années de réflexion, remise en question du site, PPP ou pas , combien cela va-t-il coûter, ici ou bien là-bas, pour finalement en arriver là. Je pense que ce gouvernement nous prend pour des idiots. Sommes-nous en train de passer dans les ligues majeures de la mafia internationale cette fois ? J'avais une vieille tante qui avait l'habitude de dire «Cherchez à qui le crime profite».

Je vous invite à vous poser la question, chers payeurs de taxes...



Pierre Richard



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Plein de questions



Comme simple citoyen, quand je vois cette information pourtant tant attendue,  je ne peux même pas éprouver un petit peu de satisfaction ou de contentement. Puisque plusieurs spécialistes des plus compétents, selon notre gouvernement, ont travaillé sans relâche et en y mettant tout leur savoir, peuvent-ils se tromper? Pourtant, c'est la première interrogation qui me vient à l'esprit, mais pas la seule. Des interrogations et encore des interrogations, c'est tout ce que j'ai en tête et pas des plus réjouissantes. Pourquoi cette fois-ci, notre gouvernement dans un très gros projet et en partenariat privé serait -il dans le vrai? Dommage mais je ne peux pas y croire, je crois plutôt qu'on se fait encore avoir et la seule chose dont est certain, c'est qu'on va payer, payer et encore payer. Quand j'entends que le projet respecte l'enveloppe budgétaire, je ne peux pas m'empêcher de penser que le gouvernement continue de nous prendre pour des imbéciles. En connaissez-vous des projets qui n'ont pas eu de dépassements de coûts en cours de route? Alors que celui-ci est sur 30 ans, il serait conforme à l'enveloppe, laissez-moi en rire pour ne pas pleurer. Autre interrogation: a-t-on bien vérifié si les contracteurs n'ont pas de liens avec la mafia, si cette dernière existe bien entendu dans l'attribution des contrats du gouvernement? Comment ce projet sera-t-il géré, qui en fera le suivi, les imprévus seront-ils réglés à coup de millions comme seule solution? En fait ,la seule chose que le simple citoyen est autorisé à faire, c'est de payer.



Pierre Mercier