Après avoir passé 25 ans en exil, l'ancien président «à vie» Jean-Claude Duvalier est retourné en Haïti dimanche. Êtes-vous surpris que Bébé Doc remette les pieds dans le pays où il avait été chassé du pouvoir par une révolte populaire en 1986? Lorsque l'ancien dictateur dit qu'il «est venu pour aider» le peuple haïtien, croyez-vous qu'il cherche à profiter de l'état de désorganisation qui prévaut en Haïti pour tenter d'en reprendre les rênes?

MERCI DE NOUS AVOIR FAIT PARVENIR VOS COMMENTAIRES

Un charognard

Le retour de ce dictateur me fait simplement penser à ces charognards qui survolent une bête agonisante. Une plaie de plus dans un pays qui n'en finit pas de guérir sans jamais y parvenir. L'inertie du gouvernement haïtien en pareille situation témoigne, comme si on avait besoin d'une nouvelle preuve, de sa médiocrité et de son insensibilité aux misères de son peuple, à moins que ce ne soit carrément la volonté non exprimée, mais cette fois clairement établie de se rapprocher des politiques ostracisâtes d'un pouvoir déchu et corrompu. Comment un tel criminel, associé et directement impliqué dans des assassinats politiques et dans la torture peut-il pavoiser dans une luxueuse voiture, accompagné par d'anciens macoutes armés, sans que les autorités policières et judiciaires n'interviennent? Si M. Duvalier veut vraiment aider son peuple comme il le prétend, qu'il rende à l'État haïtien les sommes colossales qu'il a subtilisées et qu'il se livre à la justice pour répondre de ses crimes. Ces deux conditions remplies permettraient peut-être enfin à un peuple sacrifié de renouer avec son histoire, de relever la tête avec dignité et de dire enfin, nous aussi faisons partie du concert des nations libres.

Pierre Desrochers

* * *

Désespérés

Le peuple en Haïti, désespéré et las d'attendre, se dit qu'il ne peut y avoir pire que ce qu'ils endurent depuis un an.

Danielle Beauregard

* * *

Il en a déjà trop fait

Bien sûr, cette nouvelle est des plus tristes pour Haïti. Ajoutons aussi qu'elle surgit à un moment plutôt charnière des élections présidentielles haïtiennes, alors que le président sortant M. Préval doit, selon la constitution haïtienne, quitter son poste au début de février 2011 et que le deuxième tour des présidentielles n'aura, selon toute vraisemblance, pas encore eu lieu à ce moment-là. Il dit vouloir aider! Mais comment ? N'en a-t-il pas déjà trop fait en Haïti? C'est bien entendu au peuple haïtien à répondre à ces questions qu'il aura, sans aucun doute, à se poser très prochainement. En lisant certains commentaires et prises de position de lecteur, j'ai été frappé de lire que « Cela n'était possible qu'en Haïti ». Eh bien, je trouve ici que l'on juge très facilement et de façon excessivement sévère les Haïtiens. Pourquoi ne parlons-nous pas de Fujimori au Pérou qui, bien que reconnue coupable de crime en matière de droits de la personne et autres, dispose toujours de partisans et qui plus est; sa fille (Keiko) va se présenter aux prochaines élections. Je ne m'évertuerai pas sur les cas du Chili (Pinochet), de l'Espagne (Franco) et même de l'Italie (Mussolini) où des groupes et des pans importants de la population commémorent la mémoire de leurs dictateurs disparus et de la « belle époque » où ceux-ci veillaient à la destinée de leur pays. C'est que, voyez-vous, les dictatures ont toujours profité à certaines personnes, et que ceux-ci ont veillé à perpétuer une vision positive de leur règne et, avec le temps qui passe, les victimes oublient et leurs descendants aussi, tout naturellement. En ce qui concerne Haïti, dans l'urgence et le dénuement le plus total, les gens en arrivent à croire au moindre espoir d'un retour à une meilleure situation pour eux et leurs proches. Et ce n'est pas les dirigeants actuels qui semblent détenir la clé du problème! Je souhaite par contre que « bébé doc » ne rate pas son vol de retour pour Paris prévu le 20 janvier! Bon retour en France et si votre souhait le plus cher est, comme l'affirme votre compagne, que le peuple haïtien retrouve prospérité, sécurité et bonheur, alors, M. Duvalier retournez loin de celui-ci vous n'avez plus rien à lui donner et lui non plus.

Jean-Philippe Bernier

* * *

Ils doivent s'en débarrasser

Il n'a pas à dire, même Dany Laferrière devra se retourner la langue sept fois avant de réécrire et redire que le malheur ne s'acharne pas sur Haïti.  J'étais à Haïti de 1983 à 1984 et je peux vous confirmer que ce n'était pas beau à voir!

Si le peuple haïtien ne se débarrasse pas tout de suite de ce sale mafieux autoritaire et sanguinaire, alors c'est toute la communauté internationale qui va laisser tomber Haïti! Il n'y aura plus aucune raison de donner des milliards pour la reconstruction et l'aide à Haïti, parce que son peuple aura choisi une autre voie !  Dommage!

Flavien R. Dubuc

* * *

Arrêtez-le

Nous sommes à genou devant la richesse.  Nous fermons les yeux sur le passé de ce bandit parce qu'il a su acheter sa liberté.  S'il vous plaît, Messieurs les dirigeants de pays démocratique, faites vos devoirs, arrêtez cet homme et traduisez-le en justice avant qu'il ne retourne à sa paisible retraite.

Sylvain Renaud

* * *

La démocratie sous tutelle

Alors que le peuple tunisien a eu le difficile courage d'expulser un président abuseur et irrespectueux de son peuple, Duvalier ose le mépris total des siens en se permettant de revenir saluer ceux qu'il a longtemps méprisés et meurtris.  Pourquoi la France ne s'est-elle pas opposée à ce qu'un tel cirque se mette en marche?  Pourquoi le gouvernement Préval a-t-il autorisé d'accueillir un tel bourreau?  Il devrait immédiatement être refoulé ou arrêté et soumis à un procès serré.  Nous vivons, dans ce triste événement, la preuve, si elle était encore à faire, que la vie démocratique est un espace fragile que tout peuple doit avoir le courage de défendre comme on défend la vie humaine.

Jacques Léger, Montréal

* * *

La bouillabaisse haïtienne

La révolte des esclaves de Saint-Domingue est à l'origine de la création de la République d'Haïti qui devient en 1804 la première république indépendante de population majoritairement noire.  Par contre, de 1804 à aujourd'hui, le pays a connu presque toutes sortes de régimes politiques, sans jamais arriver à mettre en place un système démocratique.  En effet, en plus d'être soumise aux caprices de dame nature, la république souffre d'une instabilité politique  chronique troublée de putschs, de rébellions, d'attentats, de terreur, de massacres, de dictatures et de scandales à tous les niveaux.  La seule période qui a redonné un peu d'espoir au peuple haïtien fut la victoire en 1990 de Jean-Bertrand Aristide et son accession à la présidence de la République, mais dès 1991 il est renversé par un putsch.  Les 38 présidents qui se sont succédé depuis l'instauration de la fonction présidentielle dont les François Duvalier (Papa Doc) autoproclamé président à vie, son fils Jean-Claude Duvalier (Bébé Doc), Jean-Bertrand Aristide et René Préval n'ont jamais essayé d'instauré un vrai régime démocratique.  Voilà qu'après 25 ans d'exil, le retour impromptu de Jean-Claude Duvalier, dit Bébé Doc l'ancien dictateur, fils de l'autre qui, pendant 15 ans, a instauré un véritable régime de terreur en Haïti vient d'ajouter des ingrédients à cette bouillabaisse haïtienne.

Jocelyn Boily

* * *

C'est à pleurer

La tristesse qui m'envahit est de constater qu'il n'y a pas de limites aux injustices que l'on peut infliger aux Haïtiens. Que Préval n'ait pas fait mettre Duvalier sous séquestre, dès son arrivée, nous démontre qu'encore une fois, les dirigeants haïtiens n'ont aucun respect pour le peuple qu'ils prétendent gouverner. Est-ce que l'absence de coeur et de compassion est une condition sine qua non pour accéder à la tête de ce foutu pays ou est-ce la fonction de dirigeant qui rend insensé, démoniaque et tyrannique? Un peuple si fantastique et des dirigeants si médiocres, c'est à pleurer!

Diane Cormier

* * *

Y a-t-il une justice en Haïti?

J'avoue que j'ai toujours eu du mal à comprendre la politique haïtienne. Mais depuis le retour de Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince, je ne comprends plus rien du tout! Ce n'est pas le retour de Bébé Doc qui m'intrigue, car ce personnage ne m'avait jamais semblé sain d'esprit. Non, ce qui me sidère, c'est le fait qu'il ait pu rentrer dans son pays sans être inquiété. Cet événement a révélé au monde une situation incroyable: bien que des milliers de personnes aient été assassinées ou torturées par les tontons macoutes, bien que des millions de dollars aient été volé à l'un des pays les plus pauvres de la planète, Duvalier n'a jamais été inculpé de quelque délit que ce soit! C'est révoltant pour deux raisons. D'abord du simple point de vue de la justice. L'impunité accordée à l'ancien dictateur envoie un bien mauvais message à ses anciens sbires et à ses victimes. On dit aux premiers qu'ils n'ont rien à se reprocher, et aux secondes que leurs malheurs n'intéressent pas la justice.  Ensuite, à cause de l'hypocrisie que révèle cette anomalie. Oui, la communauté internationale a laissé Duvalier "s'enfuir avec la caisse"... mais de toute évidence les dirigeants qui ont succédé à Bébé Doc (y compris les présidents légitimement élus de Jean-Bertrand Aristide et de René Préval) n'ont jamais sérieusement tenté de récupérer les millions volés. Comment, en effet, demander à des tribunaux étrangers de saisir des sommes détournées si le voleur présumé n'est même pas accusé par la justice de son pays? Mais toutes ces interrogations peuvent être résumées en une question: Y a-t-il une justice en Haïti? La réponse est non, et le tremblement de terre de janvier 2010 n'y est pour rien.

Nicolas Gilbert, Gatineau

* * *

Duvalier, deuxième tremblement de terre

Un des plus grands escrocs politiques qui s'autorise à revenir en Haïti comme s'il n'avait rien à se reprocher. Non mais, je rêve. Cet homme n'a jamais été jugé pour tous les crimes commis lorsqu'il était au pouvoir. En plus, il menait une vie dorée, alors que le peuple haïtien vivait dans la misère! Je me croirais au temps de Louis X1V et Marie-Antoinette! Premièrement, comment se fait-il qu'il soit passé aux douanes comme si de rien n'était? Certaines personnes, pour des crimes beaucoup moins crapuleux, n'ont plus droit à un passeport! Je crois personnellement qu'il y a de «grosses anguilles sous roches». Duvalier dit qu'il revient pour aider Haïti! Désolée, mais d'après moi, il revient encore pour remplir ses poches, c'est très clair! En plus, il voudrait passer pour un sauveur! Incroyable! Je souhaite du plus profond de mon coeur que les Haïtiens ne croient pas cet homme qui a si malmené leur pays! Ils devraient se rappeler!

Francine Miron

* * *

Haïti, c'est fini!

Ne me parlez plus jamais d'aider Haïti. Que ces gens acceptent le retour de ce dictateur me scie la parole.

Germain Billette

* * *

Quelle tristesse

Je suis sidérée d'apprendre une nouvelle pareille. Cet homme si malhonnête ose encore remettre les pieds en Haïti. Pauvres Haïtiens, ils ne sont pas obligés de subir ce dictateur qui leur a fait tant de misères, en plus de les voler, je n'en reviens toujours pas. Ces gens n'ont pas mérité cela. Ne lâchez pas mes amis d'Haïti, je pense souvent à vous tous.

Francine Morin

* * *

Triste hasard

Baby Doc revient en Haïti le jour même où La Presse rend hommage à David Payne pour sa contribution au renforcement de la démocratie dans ce pays. Le hasard est parfois bien cruel...

Pierre Gravel

***

Duvalier de retour au pays

Aurait-on pu imaginer un jour le dernier chah d'Iran revenir dans son pays? Imagine-t-on l'ex-président Ben Ali revenir un jour en Tunisie? L'ex-dictateur Duvalier fils, «Bébé Doc», lui, a réussi l'impossible: après avoir éliminé des milliers d'opposants, fait subir les pires souffrances à son peuple et lui avoir extorqué des centaines de millions de dollars, le voilà de retour au pays comme si de rien n'était. Cela n'était possible qu'en Haïti. Au moins, s'il avait ramené avec lui les millions volés, pour faire amende honorable et pour aider à reconstruire son pays natal. Mais non! À quand le retour d'Aristide et de tous les autres potentats encore en vie qui ont volé et assassiné le peuple haïtien? Les autorités haïtiennes - ou ce qui en reste - devraient faire arrêter sans tarder Jean-Claude Duvalier et le traîner devant un tribunal pour qu'il soit jugé de tous les crimes commis envers son peuple. Non seulement justice serait-elle faite envers toutes les victimes de son régime dictatorial impitoyable, mais en plus, le procès serait formateur pour le peuple haïtien : comment faire en sorte pour que cela ne se reproduise pas à l'avenir.

Sylvio Le Blanc, Montréal

***

C'est la goutte qui fait déborder le vase

Je suis d'accord avec Denis Coderre qui dit qu'il est minuit moins cinq en Haïti et le retour de cette pourriture de Duvalier est la goutte qui fait déborder le vase. C'est évident qu'il tente un retour au pouvoir en profitant de l'état de désorganisation de ce pays qui accumule les tragédies. Selon moi la communauté internationale doit se mettre d'accord pour demander a l'ONU de mettre en tutelle ce pays pour les cinq prochaines années, le temps de reconstruire, d'y imposer une véritable démocratie et de permettre a ce peuple de respirer et de reprendre espoir. Je crois aussi que par sa formation, son expérience et le respect que lui voue le peuple haïtien, Michaëlle Jean serait la personne toute désignée pour présider à cette tutelle.

Fernand Turbide

***

Comme avant

Pendant que vous fêtiez et récompensiez les valeureux travailleurs qui ont oeuvré en Haïti, le peuple haïtien et leur gouvernement recevaient en toute grâce leur pire représentant des cent dernières années. Il faut le faire: il a massacré au moins 30 000 Haïtiens. Je continue à le dire: ce peuple est «pourri» de la base jusqu'à l'élite. Tout l'argent que l'on envoie en Haïti tombe dans les mains de bandits. Il faudrait que l'ONU prenne en charge tout le pays, bâtir des infrastructures raisonnables et des milliers de petites maisons et quand tout sera fini, remettre le pays à leurs dirigeants. Et, après quelques années, la bonne vieille Haïti reviendra comme elle était avant.

Joscelin Côté

***

Toute une surprise!

Duvalier de retour à Haïti! Pour la totale, il faudrait bien qu'Aristide lui aussi revienne! Dans le contexte actuel, je vois difficilement Duvalier traduit devant les tribunaux locaux pour les crimes qu'il a commis. Que vient faire le bonhomme à Haïti un an après le séisme? La France joue-t-elle un rôle dans cette rocambolesque histoire, elle qui lui a donné asile pendant vingt-cinq ans? Haïti est vraiment une boîte à surprises! Mais qu'elle sera l'issue de tout cela? J'entrevois pour «bientôt» une tutelle internationale.

Michel Lebel

***

Le retour d'un "cul-terreux intellectuel"

Le retour de Duvalier me laisse quelque peu estomaqué. Qu'on lui ait permis de revenir dans ce pays que son père et lui ont tyrannisé, opprimé et rendu exsangue me laisse estomaqué et ébaubi. Que certaines personnes l'aient acclamé (est-ce une mise en scène bien orchestrée?) me laisse estomaqué, ébaubi et déconcerté. Il est certain que le duvaliérisme a eu, en Haïti, une certaine base sociologique, une assise "populaire" assez solide, ce qui lui a permis de perdurer. Il est certain qu'il existe dans une certaine mesure des nostalgiques de la belle époque du présumé law and order. Comme la société haïtienne est démographiquement assez jeune, je me demande dans quelle mesure on a transmis une certaine connaissance de l'histoire aux citoyens âgés de 25 ans et moins. Dans toutes les sociétés, la question de la connaissance de l'histoire est primordiale. Pour répéter un vieux cliché, je répéterai machinalement l'idée selon laquelle on est condamné à répéter l'histoire si on ne prend pas la peine de la connaître et de la reconnaître. Je me demande aussi pourquoi la France (ça aurait pu être un autre pays «démocratique») a accepté de recevoir cette crapule, ce «cul-terreux intellectuel», ce pauvre mec pas très brillant et sans envergure. Les pays démocratiques ne devraient jamais offrir l'asile aux fripouilles despotiques qui ont fait assassiner et torturer les opposants, les dissidents et les sceptiques. Il aurait fallu qu'un personnage comme le fameux juge espagnol (dont je n'arrive pas à me rappeler le nom) intervienne comme il l'a fait avec le répugnant Pinochet et sa «démocratie musclée». En fait, Bébé-Doc devrait être en prison et nulle part ailleurs. Et maintenant, il ne manquerait plus que le retour de Ti-Tide (Jean-Bertrand Aristide) et alors la cour serait enfin pleine.

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias