À quoi attribuez-vous surtout le surendettement des ménages québécois? Selon vous, qui en est responsable? Sentez-vous que l'endettement est un sujet de préoccupation dans votre entourage?

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Une bulle éclatera-t-elle?

Le récent dossier de La Presse expose bien la croissance de l'endettement des consommateurs lié à leurs dépenses courantes (exclues la dette hypothécaire). Je trouve suspect que les institutions financières acceptent de multiplier les cartes de crédit auprès d'une même personne sans se soucier de sa capacité de paiement . Il serait surprenant que ces institutions financières ne se soucient pas du risque de crédit. Après tout, si une part substantielle de leurs clients déclarent faillite, les institutions encourraient de sévères pertes financières. Le film Inside Job explique bien pourquoi les banques américaines ont prêté sans égard des montants hypothécaires en théorie à risque. Les fameux titres financiers subprime ont permis aux banques de passer le risque de crédit (avec l'aide il va sans dire des agences de notation comme Moody's, de Lehman Brothers, AIG et autres du même acabit). L'idée de base est de faire un montage financier qui permet de refiler le risque de crédit à d'autres . On peut alors continuer à multiplier des prêts sans assumer les risques de crédit . Il faut réaliser que les cartes de crédit telles qu'elles sont utilisées présentement sont en quelque sorte un bar ouvert aux prêts à la consommation. Il serait intéressant de savoir s'il y a présentement sur le marché des produits financiers du type titrisation dont la valeur sous-jacente serait les prêts à la consommation ayant comme source des cartes de crédit ayant un portfolio de consommateurs à risque. Y aura-t-il une bulle qui va éclater lorsqu'un trop grand nombre de consommateurs déclareront faillite?

Maurice Rouette, économiste



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Un moteur essentiel de l'économie?

L'endettement des ménages est souvent analysé comme un phénomène individuel. S'il était compris comme une composante majeure de notre société de  consommation, nous arrêterions de prodiguer nos conseils moralisateurs. À voir les gouvernements prêcher la consommation suite à une crise économique et/ ou politique, posons-nous la question: l'endettement n' est-il pas le moteur essentiel de l'activité économique ? Au début des années 70, les gouvernements ont décrété que l'épargne n'était plus une valeur à encourager, d'où leur décision d'imposer les 1000$ premiers dollars d'épargne, montant auparavant exempté d'impôts. C'était le début de la banalisation de l'épargne et l'essor exponentiel  du crédit et de l'endettement. À 148% du revenu disponible, le tocsin sonne bien en retard...

Jean Archambault, Montréal



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Aveuglés par l'immobilier

Qu'on gagne 20 000$ ou 100 000$ actuellement, on a tous le même réflexe de tout dépenser et de n'épargner que le strict minimum. On se fait offrir du crédit facile qui est généralement un appât pour nous attirer vers des dettes à taux élevés. Or l'immobilier a tellement bien performé dans les années récentes que plusieurs en sont aveuglés. Sans en avoir les moyens réellement, on laissera son loyer et on se paiera une maison de 300 000 $ en ne se gardant plus aucune marge de manoeuvre financière. La maison est vue comme un fonds de retraite. Mais on doit revenir sur terre. Cette bulle finira par éclater. Vous ne pourrez pas vendre votre maison pour 1 million pour couler une retraite plus modeste dans un loyer. Et si vous demeurez dans votre grosse maison, les seuls revenus venant des gouvernements ne suffiront pas à vous permettre un niveau de vie décent.

Jeannot Vachon, Québec

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Regardons-nous dans le miroir

Le principal responsable de l'endettement des Québécois: facile à trouver, on peut l'observer à l'état naturel dans un miroir. Oui, il y a la société de consommation, mais qui force les Québécois à se divertir dans les centres commerciaux ? Une visite au parc, ça ne coûte rien.

Pierre-Yves McSween, comptable



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Éducation économique

Bien que les banques aient une certaine responsabilité dans cette situation, ce sont les gens qui décident de trop acheter et de s'endetter.  La baisse de l'endettement passe par une sérieuse éducation économique des citoyens.  Je recommande un livre extrêmement facile à lire qui m'a véritablement changé sur le plan de la gestion de mes finances: L'indépendance financière automatique, de Jacques Lépine.

Éric Plante, Québec



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Impôts et taxes trop lourds

Bien sûr les cartes de crédit, les marges de crédit, les prêts automobile et personnels, et les «achetez aujourd'hui et payez plus tard» ont contribué à l'endettement des ménages, mais... l'appétit de plus en plus grande de nos gouvernements pour les impôts, les taxes, les permis de toute sortes, la contribution pour la santé, l'électricité, y contribuent également.  De plus, les denrées alimentaires ont augmenté de beaucoup depuis quelques années, ce qui a fait augmenter le coût du panier d'épicerie. Nos municipalités, elles aussi, ont mis la main à la pâte, en demandant aux contribuables des efforts financiers, pour réaliser des projets souvent controversés. Ainsi donc, on peut se retrouver avec un compte de taxes de 4000 $ par année et récurrent, pour une maison évaluée à environ 100 000 $. Une petite augmentation de salaire de 2% avec ça. Il devient de plus en plus difficile de tout payer et si on décide qu'on mérite une petite récompense, ainsi on la paiera avec notre carte de crédit. Il est bien beau de penser que les Québécois sont endettés par leur seule et unique faute et surtout plus facile comme explication, mais je pense que notre société demande à tous et chacun toujours plus de dollars pour n'importe quelle raison.  Des assurances de toutes sortes.  À l'école, on exige du matériel non nécessaire (couleur et épaisseur des cahiers) les 2 ou 3 paires de souliers, et c'est même arrivé, qu'un professeur décide que le manteau d'hiver de l'enfant  semble petit: on demande trop aux personnes de payer pour tout,  même nos personnes âgées doivent payer des services pour lesquels elles pensaient avoir droit.

Dans notre cas, nous avons aidé nos deux enfants pour leurs études  à l'extérieur (nous vivons à la campagne).  Même s'ils ont eu des prêts et bourses, et qu'ils travaillaient un peu, cela ne suffisait pas, alors on les a aidés, et par le fait même, on s'est endettés.

Dans notre entourage, nous ne sentons pas que le surendettement est un problème, mais les gens critiquent nos gouvernants qui eux gouvernent comme des millionnaires qu'ils ne sont pas et qui refilent les comptes à nous, payeurs, mais pas payeur pour se payer un petit plaisir. Dans notre compréhension de problème, nous avons voulu apporter le côté plus vrai des choses que les calculs mathématiques : vous gagnez tant, il faut économiser tant sinon des jours pénibles vous attendent. Un enfant malade ou handicapé va coûter très cher à ses parents,  car l'un des deux doit obligatoirement rester à l'hôpital, des personnes atteintes de maladies graves ou de cancer, n'ont pas nécessairement des assurances et l'argent sonnant pour les médicaments non couverts. Des fois, même avec la meilleure volonté du monde, il est difficile de joindre les deux bouts.

Eva Dionne

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Esclaves des banques

Quand la (sur)consommation est le principal moteur de l'économie... voilà ce que ça donne. Parce que c'est ce qu'on attend des citoyens en temps d'incertitude économique: qu'ils dépensent plus «pour faire rouler l'économie». Les taux d'intérêt sont tellement bas qu'ils n'inspirent aucune envie

d'épargner. Les banques nous donnent un taux insignifiant; lorsqu'un placement nous a rapporté 4%, on se compte chanceux. Et les banques,

elles, re-prête six fois le dollar que j'ai déposé chez eux, à un taux plusieurs fois plus élevé; c'est sans parler des taux scandaleux

qu'elles réclament sur le solde des cartes de crédit qu'elles distribuent allègrement pour notre «bonheur» à tous. J'en viens à croire que tout ça est voulu. Pour mieux nous posséder. Mieux nous faire taire devant les inégalités que le système économique génère. Un homme (ou une femme) asservi par ses dettes est contraint au silence de facto vu sa responsabilité personnelle. On ne fera jamais d'un peuple esclave de ses banques, un peuple libre.

Christian Dubé

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Rentable pour les banques

Le surendettement des ménages peut être causé par l'insouciance des consommateurs. Par contre, les banques ont leur grande part de responsabilité. Ayant été dans le système bancaire pendant près de 40 ans, j'ai une bonne idée d'où vient le problème. Notre système pousse à la consommation et les banques l'ont compris. Tout n'est qu'une question de rentabilité pour les banques. Si vous faites 25 prêts de 10 000$ et vous en perdez un, c'est loin d'être rentable. Par contre, si vous faites 5000 prêts de 10 000$ et vous en perdez disons 20, vous avez quand même une bonne rentabilité sur le

portefolio. Plus le volume est élevé, plus vous êtes en mesure d'absorber un niveau de pertes sur prêts. C'est encore plus vrai pour les émetteurs

de cartes tel Visa et Mastercard. Comme les banques sont des entreprises où le profit est la fin ultime et légitime, il ne faut pas compter sur elles pour régler le problème, Il faut donc réglementer, mais de façon raisonnable. Après tout, nous sommes en démocratie dans un système capitaliste.

Jacquelin Ouellette



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Cinq raisons

L'endettement des ménages québécois est dû:

1- à la publicité sur le crédit par les institutions bancaires, caisses populaires Desjardins inclues;

2- à la trop grande facilité d'accès au crédit de ces institutions qui

s'enrichissent de façon plus qu'immorale;

3- au ministères de l'Éducation qui n'enseignent aux élèves à se bien

administrer;

4- au gouvernement qui ne fait pas de lois ou de règlements pour

restreindre le crédit trop facile;

5- aux consommateurs eux-mêmes.

Robert Henri, Baie-Comeau

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La séparation des couples

Le surendettement est dû à la séparation des couples, l'intolérance des gens (chacun vit dans son propre logement), la vie de couple à distance et aussi au décrochage scolaire. Les gens travaillent beaucoup au noir actuellement et un jour ils se feront prendre, car je ne vois pas comment certains paient leur coût de vie.

Alain Vaillancourt



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Aucune importance

Non, ce n'est pas une préoccupation dans mon entourage. L'exemple de nos gouvernants et des dirigeants de nos sociétés d'État nous montre  

que cela n a aucune importance .

P. Mercier, St-Jean



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Double langage

Je crois que nos banques jouent un double jeu. Elles prônent la gestion saine des budgets des ménages. Cependant, on distribue sous forte pression des cartes de crédit qui représentent à peu de chose près des prêts usuraires. Si vous offrez à un jeune ménage une carte de crédit, il y a de fortes chances qu'il tombera dans le panneau, car les besoins sont très grands. Cependant, les dommages dureront longtemps. Qui en profitera? Les banques. Ensuite, on appauvrit une population avec des emplois de 28 heures par semaine du genre Walmart. Nos entreprises vont s'installer dans des pays et exploiter une main-d'oeuvre peu payée, et ensuite, on se demande qui est responsable de l'endettement des ménages. Je crois qu'on tient un double langage.

A. Chartier



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Mauvais message

Le gouvernement fédéral n'a cessé de nous dire que la dernière crise n'a pas eu d'impact sur la population au Canada. Les gens sont demeurés convaincus que leurs finances n'étaient pas à risque et ont tout simplement gardé le même rythme de dépenses. Résultat = surendettement , pire qu'avant la dernière crise. Quel beau gâchis. Je ne blâme pas pour autant le gouvernement, les gens eux-mêmes doivent savoir se prendre en main. Mais le message envoyé par le gouvernement aura eu un impact négatif.

Germain Billette