Actuellement, les ambulanciers doivent transporter un patient aux urgences quand il le demande. Les ambulanciers voudraient qu'on leur laisse le soin de déterminer si la condition des patients nécessite un transport en ambulance, aux urgences ou ailleurs dans le réseau. Êtes-vous d'accord avec leur demande?



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Responsabilité trop lourde

Vraiment pas d'accord! L'erreur est humaine. Lorsqu'on sait qu'il arrive même à des médecins de commettre des erreurs de diagnostic, on ne peut être d'accord avec l'idée de confier à des ambulanciers la lourde responsabilité de décider si un patient doit ou non être transporté aux urgences. Souffrant à plusieurs reprises de coliques néphrétiques, j'ai personnellement éprouvé parfois de grandes difficultés à être pris au sérieux par des médecins. Alors des ambulanciers, pensez donc! Absence de fièvre, douleurs lombaires n'affectant pas la mobilité, voici qui va conduire tout droit à un refus de transport de la part des ambulanciers. Qu'attendons-nous pour mettre sur pied des unités style SAMU (Service d'aide médicale d'urgence) ayant un médecin à bord? En Europe, ça fonctionne. Pourquoi n'en serait-il pas de même ici? Voici qui donnerait, avec un minimum de formation appropriée, du travail à nombre de médecins immigrés qui ne peuvent toujours pas exercer ici en dépit des prétendus accords passés avec nombre de pays étrangers. Même si les ambulanciers ont une formation poussée, ils sont loin de posséder les connaissances de médecins diplômés. Je ne pense vraiment pas qu'une simple décision administrative puisse leur permettre de les remplacer. Ce ne serait pas sérieux. Ce serait même dangereux. Je précise que je suis graphiste à la retraite et que je ne fais partie d'aucun mouvement destiné à défendre les intérêts et prérogatives des médecins.

Gérard Mariscalchi



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Beaucoup d'abus

Oui, les ambulanciers devraient avoir un peu plus de pouvoir sur la décision du transport. C'est certain que le tout devra être encadré de façon serrée si la situation se présentait. Je suis paramédic depuis près de cinq ans maintenant et à quelques reprises, j'ai transporté des gens à qui on aurait été en mesure de proposer un autre moyen de transport ou une autre alternative. Il y a beaucoup d'abus. Vous savez que le transport ambulancier est gratuit pour certaines personnes dans la société. Je peux vous confirmer qu'il y a des gens (des habitués) qui savent exactement quoi dire à la répartition médicale pour avoir un ambulance dans leur entrée très rapidement. Le plus bel exemple qui se présente à tous les jours partout au Québec, j'en suis certaine: un appel catégorisé priorité 1 soit, 6-D-2 difficulté respiratoire. On se déplace en urgence, sirènes, gyrophares, on arrive au domicile, le patient nous attend, dehors, écrase sa cigarette et nous dit: «J'ai un rendez-vous demain, je dois aller à l'hôpital». Il est 22h30 la veille. Des exemples, il y en a des milliers... Ces situations n'aide pas à l'engorgement des urgences ni au problème de disponibilité d'ambulances sur un territoire pour de «vraies» urgences vitales. Il y a des endroits où les ambulanciers ont le pouvoir de décision sur certains transports. Les preuves sont là et il y a eu une différence à l'urgence, aussi minime soit-elle. Mais, ce qui est bon pour le reste du monde, n'est pas nécessairement bon pour le Québec. Combien ça va nous coûter en études pour approuver le projet et dans combien d'années?

C. Viens



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Tout à fait d'accord

Je suis tout à fait d'accord avec la volonté des ambulanciers de vouloir être autorisés à refuser de transporter un patient qui demande à être transporté par ambulance à un centre hospitalier. Il est grand temps de mettre un terme à cette absurdité. Les techniciens ambulanciers sont formés pour donner des soins et stabiliser un patient avant de le transporter. Leur nier le droit de refuser de transporter un patient parce qu'ils jugent que le patient n'a pas besoin d'aller encombrer les urgences, c'est nier qu'ils sont capables d'exercer un jugement. Ce sont des gens formés pour le faire, leur jugement peut très bien être encadré par un protocole d'intervention semblable aux nombreux protocoles qu'ils utilisent déjà pour traiter les patients. Serait-ce encore une fois le corporatisme des médecins qui met encore de bâtons dans les roues? Pourquoi faut-il toujours invoquer des arguments fallacieux pour refuser d'ouvrir un champ d'action à un autre groupe que celui auquel on appartient? Corporatisme, exclusivité, protection d'un territoire, jalousie, voilà souvent les vrais raisons derrière le refus de laisser une autre ressource faire le travail. Remarquez que les techniciens ambulanciers, pour les mêmes raisons, ont refusé longtemps d'accorder aux pompiers la permission de répondre aux appels urgents à titre de premiers répondants... Finalement le gros bon sens a prévalu en ce qui concerne les premiers répondants sur l'île de Montréal, mais il reste encore bien du chemin à faire pour que règne l'harmonie entre les deux groupes et que ce service soit étendu au reste du Québec. Souhaitons que le Collège des médecins oubliera son intérêt pour penser à l'intérêt collectif. Les paramédics sont capables de juger s'il faut transporter ou non un patient à l'urgence.

Alain Michaud, Montréal