Selon une nouvelle étude, deux Québécois sur trois veulent travailler après la retraite. Croyez-vous que cette tendance va s'accroître dans les prochaines années, compte tenu de la pénurie de la main-d'oeuvre qui sera causée par le départ à la retraite des baby-boomers?





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Compétences en voie d'extinction

Au moment où je quittais le cégep, mon père a perdu son emploi dans l'industrie de la construction. Il fut remplacé à 55 ans par des apprentis moins bien payés et facilement remplaçables. Fort de ma jeunesse et de son expérience, nous avons démarré ensemble une petite entreprise en rénovation d'intérieur qui a gagné rapidement ses lettres de noblesse grâce à son savoir-faire et mes talents de vendeur. Aujourd'hui, 12 ans plus tard, l'âge et les problèmes de santé ont obligé mon père à prendre sa retraite malgré lui. Je reste seul dans l'entreprise devant une demande de la clientèle toujours grandissante et des employés sans méthodes ni expérience de travail. Bien que j'ai acquis sur le tas beaucoup de compétences au cours des années passées à ses côtés, il n'en reste pas moins que j'ai toujours besoin d'un mentor à mes côtés pour progresser. Il y a des choses qui ne s'apprennent pas à l'école, mais avec discipline et méthode. Maintenant, au moment d'engager de la nouvelle main-d'oeuvre, je m'entoure préférablement de semi-retraités. Ceux-ci ont acquis par leur éducation et leur bagage de vie, des qualités, connaissances et compétences que l'on ne retrouve plus dans le bassin de main-d'oeuvre actuel. Il s'agit d'une richesse en voie d'extinction dont il faudra bientôt apprendre à se passer puisque les générations actuelles ne possèdent plus cette discipline de vie essentielle. Nos méthodes de travail devront être revues et la qualité du travail versus les exigences des clients s'adaptera avec les années. Eux faisaient du travail pour durer, nous faisons du travail pour consommer.

Christian Drolet, Montréal

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Un réservoir de compétences

Pour plusieurs, la retraite se vit en termes de solitude, de perte de rôle productif pour la société, d'activités de divertissement sans véritable signifiance. En somme, pour eux, la retraite est une perte de temps et de sens. Il y a pourtant chez les retraités un réservoir imposant de connaissances et de compétences inexploitées qui pourraient être facilement harnachées pour combler différentes lacunes dans une foule de domaines. L'industrie privée a vite perçu l'opportunité de cette tendance et a commencé à agir en offrant des postes à des retraités qui y trouvent leur compte. Les freins à l'optimisation de cette richesse potentielle mais latente viendront, comme d'habitude, des politiciens qui vont comprendre la situation en retard ou pas du tout s'ils n'y voient aucun bénéfice personnel, pécuniaire ou électoral immédiat, et qui ne pourront agir intelligemment, notamment au chapitre d'allègements fiscaux, empêtrés qu'ils seront par les groupes réactionnaires de fonctionnaires qui invoqueront le manque de ressources et les surcharges de travail pour implanter les mesures; sans compter les syndicats qui verront dans ces retraités des concurrents actifs et motivés pour leurs membres qui le sont moins; et finalement les groupes d'intérêt dont le fonds de commerce repose sur le maintien de la pauvreté et de la dépendance. Dans la situation actuelle, le retraité qui travaille et qui est rétribué pour ce faire est solidement pénalisé fiscalement, ce qui invite au travail au noir, à la démobilisation, au gaspillage de ressources utiles et à l'exode de talents et de capitaux vers la Floride. Au lieu de rentabiliser une force de travail immédiatement volontaire et disponible, les bureaucrates et les syndicats vont préférer attendre qu'elle se débilite pour la camper en CHSLD aux frais de l'État, donc à leur bénéfice. Voilà une autre facette de la diversité d'un Québec qui se classe résolument en fin de cordée de tous les classements, notamment au chapitre de la productivité.

Daniel Guay, Québec

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Obligés de travailler

Dans la majorité des cas, les retraités ne retournent pas au travail parce qu'ils le veulent, mais bien parce qu'ils y sont obligés. C'est l'obligation de travailler qui s'étend maintenant aux travailleurs retraités comme nous le constatons depuis des années dans le cas des retraités américains. Ce n'est sûrement pas un phénomène réjouissant pour ceux qui ont travaillé toute leur vie de poursuivre un travail souvent pénible alors que les inégalités économico-sociales augmentent sans cesse.

Jean Archambault, Montréal

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Se gâter tout en se réalisant

N'étant pas un sociologue, mes commentaires sont ceux du gars de la rue. Besoins financiers: je suis convaincu que pour plusieurs, travailler après la retraite leur permet de se payer des gâteries. Besoins de se réaliser et de donner: un retraité avec 30 à 40 ans d'expérience derrière la cravate, qui est aussi lucide que plusieurs quinquagénaires, aimerait suggérer et conseiller ceux qui sont plus jeunes et moins expérimentés.

Yves Graton

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Des conditions de travail à adapter

Je suis retraitée depuis maintenant six ans et je suis retournée travailler plusieurs fois depuis le début de ma retraite. Je suis encore disponible pour le travail même après tout ce temps. Les raisons principales qui me poussent à retourner sur le marché du travail sont premièrement le désir d'être utile à la société, de garder le contact avec plein de gens et le monde qui nous entoure. Et aussi pour arrondir les fins de mois. Lorsqu'on prend la retraite après plusieurs années de service, c'est souvent parce qu'on est fatigué de faire le même travail depuis longtemps et l'employeur n' a pas

d'alternatives qui permettraient aux personnes de continuer à travailler, comme avoir des tâches différentes, moins lourdes, du temps partiel ou pour coacher les jeunes qui arrivent et prennent la relève par exemple. Mon ancien employeur chercher actuellement des moyens pour retenir les employés et éviter des prises de retraite massives dans son organisme sans beaucoup de succès. De plus, on a donné plusieurs années de service au travail et la récompense pour ça ? Notre salaire  diminue à la retraite, donc on s'appauvrit. Ce n'est pas ce qui s'appelle de la reconnaissance !

On devrait avoir les mêmes revenus au moins. «Liberté 55» a marqué notre société et est presque devenue la norme, mais je ne suis pas certaine que les gens qui prennent leur retraite à cet âge puissent vraiment réaliser leurs rêves à moins d'être déjà très riches. Là c'est autre chose. Je crois de plus en plus, avec un certain recul, que la prise de la retraite ne devrait pas vraiment exister de façon aussi rigide qu'elle existe actuellement. Les gens devraient pouvoir rester sur le marché du travail tant qu'ils en ont les capacités et/ou jusqu'à ce qu'ils désirent la prendre, et non pas à 55 ou 60 ou 65 ans. Il ne devrait pas y avoir de limite d'âge mais plutôt «des conditions de travail adaptées». Mon père a travaillé jusqu'à l'âge de 75 ans et a été productif pleinement jusqu'à la prise de sa retraite qu'il souhaitait alors vraiment. La transition a été beaucoup moins difficile.

Hélène Croteau, Québec



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Besoin d'argent

C'est surtout le fait que la vie coûte très cher, et les personnes âgés, comme les jeunes, ont besoin d'argent.

Paula Desrosiers