Le premier ministre Stephen Harper et le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, se disent inquiets de l'endettement record des ménages canadiens, qui atteint 148% de leur revenu disponible. Partagez-vous leurs préoccupations? Croyez-vous, par exemple, que les banques devraient hausser à 10% la mise de fonds minimum pour un prêt hypothécaire? Et réduire à 25 ans la période maximale d'amortissement?

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Oui, je suis entièrement d'accord avec ces mesures

J'ai acheté ma première maison à l'âge de 30 ans avec 25% de mise de fonds sur une hypothèque de 20 ans. Je ne crois pas qu'il faille aller jusque-là, mais 10% c'est un minimum, selon moi. Et 25 ans pour une hypothèque, c'est déjà très long! Mon père m'a toujours éduqué à ne pas dépenser l'argent que je n'avais pas! C'est pour cela qu'aujourd'hui à 34 ans je n'ai aucune dette, mise à part mon hypothèque qui est d'environ la moitié de la valeur marchande de ma propriété!

Frédéric Poiré, Québec

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Cherchez l'erreur

On devrait plutôt baisser à 0% la mise de fonds pour l'achat d'une première maison. Considérant que c'est une dette adossée à une valeur sûre et assortie d'une assurance de la SCHL, cela ne constitue pas un grand risque pour l'institution financière. Ceux qui ont l'argent pour mettre de 5 à 10% de mise de fonds devraient plutôt consacrer cette somme à se meubler sans s'endetter. En effet, c'est souvent à cette étape que les choses se gâtent. Les ménages s'endettent à des taux ridicules qui vont jusqu'à 28% pour acheter des meubles, des électroménagers, des tondeuses à gazon, etc. C'est surtout sur cet endettement trop facile, ainsi que sur les taux quasi usuraires qu'on devrait exercer un contrôle plus serré. Il est plus facile d'obtenir une carte de crédit classique, assortie d'une limite démesurée et d'un taux d'intérêt incroyable, que d'obtenir une marge adossée à un bien immobilier et assortie d'un taux raisonnable. Cherchez l'erreur.



Alexis Chancerel, Longueuil

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Endettement et harcèlement publicitaire

Si l'on veut vraiment diminuer l'endettement, pourquoi ne pas songer à mieux encadrer les « industries » du marketing et de l'acharnement publicitaire?  Tout cela est quand même incroyable. On ne cesse jamais, utilisant des milliers de subterfuges, de demander aux consommateurs (et non pas aux citoyens) de toujours acheter davantage, de toujours chercher le bonheur dans l'acte d'achat.

Quand je vois les politiciens tourmentés et soi-disant inquiétés parce que les Canadiens s'endettent, je reste ébaubi et un tantinet scandalisé.  La publicité, bien privée, ne cesse d'aller à l'encontre de la demande des pouvoirs publics. On nous demande de conduire prudemment et on ne cesse de nous proposer d'acheter des gros « chars », performants et rapides. On nous demande de manger mieux et de combattre l'embonpoint et l'obésité, mais on nous propose sans arrêt de consommer des aliments malsains et on nous propose même de nous procurer les substances chimiques qui vont faciliter notre digestion si nous avons « mal » mangé.  Quand on ne veut pas que les Canadiens s'endettent, on se décide à prendre le taureau par les cornes et on prend les mesures requises pour empêcher les publicitaires privés d'aller à l'encontre des voeux des autorités publiques.  De toute façon, on ne cesse de nous dire qu'il faut CONSOMMER pour éviter ou atténuer la récession économique.   Décidément, nous vivons dans un univers contradictoire et marqué au sceau de la plus grande des absurdités.



Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias, Montréal