Dimanche, Guy Lafleur fait ses adieux. Le célèbre numéro 10 donnera ses derniers coups de patin dans l'uniforme des Anciens Canadiens. Parmi les nombreux exploits qui ont jalonné sa prolifique carrière, quel est votre plus beau souvenir du Démon blond?

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Quelle générosité!

Voilà quelques années, j'étais opérateur d' autocar VIP et de tourisme européen. j'ai eu le plaisir de conduire un groupe d'amateurs de hockey suisse un peu partout au Québec. En ce temps-là, Guy Lafleur était propriétaire d'un restaurant à Berthierville. Alors je décidais de faire une surprise  à mon groupe de touristes suisses. Aussitôt arrivés au restaurant, je recherche M. Lafleur, il était derrière le bar. Je lui ai demandé s'il voulais bien faire une petite surprise à mes invités, ce qu'il accepta aussitôt. Il se présenta à mes touristes avec de petites photos qu'il s'empressa de signer. Je vous dirai que mes petits Suisses furent très heureux de la surprise. M. Lafleur resta plusieurs minutes avec les touristes à jaser et à discuter avec eux. Je vous rapporte ce fait parce que j'étais vraiment impressionné de voir comment il s'intéressait vraiment à mes invités et ceux-ci furent très impressionnés par la générosité et la prestance de Guy Lafleur. Mes touristes suisses s'en retournèrent heureux et comblés d' avoir rencontrer une légende du hockey canadien...

Yvon Régimbald, Causapscal

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À son premier match... à côté sa mère!

Automne 1971. Première partie de Guy Lafleur dans l'uniforme du Canadien au Forum de Montréal. J'avais 13 ans. Ayant suivi la carrière de Guy dans les rangs junior

et devenu un fan de ce jeune athlète, je désirais à tout prix assister à son premier match dans la Ligue Nationale.

Sans billet dans les poches, je me présentai aux guichets du Forum, confiant qu'il y aurait sûrement une place disponible. "Non, il ne reste aucun billet" de me dire le guichetier. Lisant sans doute la peine qui se lisait de façon évidente dans mon visage, il ajouta: "Écoute, reste autour. Il y a parfois des annulations." J'attendis

donc pendant environ 45 minutes. Puis, l'appel magique résonna: "Eh le jeune, viens ici, j'ai un billet pour toi!" Fou de joie et de reconnaissance, je lui demandai le coût de ce bout de carton sans prix. "Quatorze dollars".

Quatorze dollars: c'est tout ce que j'avais dans mes poches. Partie de ce montant devait me servir à revenir à la maison par le métro puis l'autobus jusqu'à Boucherville. En d'autres mots, si je voyais Guy à l'oeuvre, il était moins sûr que je revoie la maison maternelle peu après le match.

Je choisis donc Guy. Évidemment.

Situé très haut à l'une des extrémités de la patinoire, mon siège était voisin de celui d'une dame, seule, qui s'évertuait à crier "Guy, Guy, Guy!" bien avant que cela ne devienne l'hymne public à notre immense vedette. Curieux de nature, je lui demandai la source de son intérêt pour mon idole. Elle me rétorqua: "Je suis la mère de Guy Lafleur".

Quoi? Moi, jeune anonyme dans une immense foule, j'étais assis à côtéde la mère de Guy Lafleur? Incroyable!!!

Après avoir passé près de devenir la plus jeune victime d'une crise d'apoplexie, je commençai donc à asperger Maman Lafleur de mille et une questions concernant son illustre progéniture en patins. Tout y passa: le menu de son déjeuner, l'horaire de ses pratiques, les écoles

fréquentées, etc...

Armée d'une patience angélique, madame Lafleur fut d'une générosité incroyable envers un jeune fan, qui aimait de plus en plus son fils.

Au courant du choix financier que j'avais dû faire avant la partie, elle m'acheta un popcorn et défraya le coût du métro et de l'autobus, pour que je puisse retourner plus rapidement dans mon lit, pour rêver des exploits de son fils.

Pendant toutes les années qui ont suivi, j'ai suivi la carrière de notre Guy national, consacré mille soirées à admirer son talent et vibré avec tous les amateurs de hockey grâce à son talent, sa franchise et son honnêteté.

Du fond du coeur, je remercie Guy Lafleur d'avoir été, d'être et de continuer à être l'homme que sa mère a mis au monde: unique.

Vincent Allard, avocat



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Ti-Guy, tu es un vrai !

Mon souvenir de Ti-Guy fut publié à la UNE des sports de La Presse l'année de sa tournée d'adieu dans la LNH. J'avais même fini 2ième pour ce concours de La Presse et nous étions allés (les 10 premiers) souper avec Guy et quelques journalistes dans un restaurant du Vieux-Montréal.  Voici le texte :

« Je me souviens avoir rédigé tes discours lors des élections à la mairie des "terrains de jeux" à Thurso en 1964. Quelle minable prose comparée aux poèmes sur patins qui nous font vibrer depuis plus de vingt ans. Je me souviens des milliers de prouesses, pirouettes et garnottes qui ont décoré ta carrière.

Mais il y a plus. Il y a l'autre Guy !

Je me souviens de ce premier avril 1982 à la sortie du vieux Garden de Boston où, malgré ton auréole de star et les 15 années écoulées, tu as su me reconnaître et m'appeler par mon nom, me gonflant d'honneur et d'orgueuil devant les dix chums qui m'accompagnaient lors de cette mémorable virée.

Ti-Guy, tu es un vrai ! Ta timidité devant un micro, ton absolue franchise et ton refus d'utiliser l'éternel "cité hors contexte", ça nous a toujours fait tripper.

Même tes faiblesses, tes colères et tes dérapages ont fait nos délices : un vrai, comme nous autres dans les estrades bleues.

Ti-Guy, n'oublie jamais : Corey, Savard et Lemaire, ça va finir par passer. Toi, tu restes pour toujours, et dans nos têtes et dans nos coeurs. Salut ! »

Michel Danis