Selon des données compilées par la Fédération des médecins spécialistes, publiées dans La Presse de ce matin, le personnel administratif a augmenté de 52% depuis 2000-2001 dans le réseau de la santé, contre une croissance de seulement 6% du personnel soignant. Pour chaque personne qui soigne des patients, on trouve aujourd'hui une personne qui s'occupe d'administration.

Croyez-vous que le réseau de la santé du Québec est sur-administré? Ou bien estimez-vous que cet encadrement est nécessaire à une bonne gestion du système?



MERCI DE NOUS AVOIR FAIT PARVENIR VOS COMMENTAIRES

Un système à repenser

Je pense qu'il y a trop de cadres et pas assez de médecins. Il faut que la machine roule, je comprends, mais je sais aussi qu'il n'y a pas assez de personnel infirmier. Le gouvernement a augmenté les bonis aux infirmières et c'est une bonne idée. Cependant, je ne pense pas que le gouvernement est indifférent à la santé des citoyens. Je pense qu'on devrait commencer à inclure plus de soins privés, en donnant des règles précises. Il y a aussi les médecins que nous formons ici et qui partent aux États-Unis ou ailleurs au Canada. On devrait obliger nos médecins à exercer au moins cinq ans au Québec. Il y a des solutions, on devrait en parler en tant que société qui a décidé d'avoir un système public de santé.

Danny Éthier, Trois-Rivières

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Pas que des mauvais coups

Sous le gouvernement péquiste, nous avons assisté à une réforme de la santé assez catastrophique. On se souvient tous des mises à la retraite, de la fermeture de différents programmes en soins de santé dans les écoles. Tout ça dans l'objectif du déficit 0. On voit ce que cela a donné. Les libéraux sont arrivés par la suite avec une nouvelle réforme, celle de Philippe Couillard, concernant les CSST et les agences de santé. Cela a donné de bons résultats, mais la machine a grossi. Il faut éviter de mettre plus d'argent dans l'administration. C'est sûr qu'on veut plus de soins. Mais il y a pénurie. Je salue toutefois différents gestes du gouvernement au pouvoir, comme l'augmentation des facultés de médecine, l'élargissement des conditions d'admission dans les universités et l'ajout de cours pour donner plus de responsabilités aux infirmières. Mais la machine est lente, on verra les résultats plus tard. J'espère que le gouvernement libéral sera en mesure de couper dans les postes d'administration.

Danielle Laliberté, Montréal

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Les cadres non syndiqués

Je suis en accord avec la plus grande partie des commentaires publiés jusqu'à maintenant, mais je crois qu'une nuance devrait être apportée au texte de M. Charrette. Celui-ci laisse entendre que les syndicats sont à blâmer pour l'excès de structures administratives; or, il faudrait rappeler que le personnel-cadre n'est pas syndiqué. Cela dit, oui, je suis d'avis que la structure est trop lourde, qu'il se fait beaucoup de dédoublement de travail et que beaucoup de temps est perdu en procédures administratives.

Marie-Christine Goulet

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Une honte

Comment peut-on poser une telle question? Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon nous serions tous morts au Québec. Bravo aux journalistes de La Presse pour le travail acharné et très apprécié concernant le scandale perpétuel de la Santé, mais je m'étonne toujours de constater que de telles révélations (108 000 personnes soignantes versus 100 000 fonctionnaires assis et non soignants) tomberont vite dans le bac vert. Même le ministre de la Santé est trop occupé pour les commenter, sans parler du premier ministre, entièrement engagé actuellement à essayer de nous convaincre que son genre de favoritisme est «normal» et sans reproche. Il nous prend pour des imbéciles, et je crois qu'il a raison. Le docteur Barrette parle de «Secte» chez ces fonctionnaires, il est temps de constater que nous ne sommes plus seuls à le penser. Notre société est maintenant sous le contrôle de nos «pousseux de crayons bien aimés», qui toujours réclameront de meilleures conditions de travail, alors que nous sombrons sous la dette publique et le manque flagrant de personnels traitant nos malades. Les urgences débordent, les attentes pour des tests et scans vont jusqu'à un an et en plus, on ferme des salles d'opération le jour par manque de personnel. Et n'oubliez surtout pas, chers chefs syndicaux que j'adore, de fourbir vos armes pour la prochaine guerre avec le gouvernement dans votre quête de plus de salaires et moins d'ouvrage, vous le méritez sûrement. Quelle honte d'être associé à une telle fraude.

Gilles Charrette, Sherbrooke

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Les grands commis

La Presse du 28 septembre nous présente une série d'articles intitulés: «Indigestion d'administration» en page frontispice. Si on remplace «administration», par «grands commis», on voit déjà plus clair. Et les grands commis embauchent des petits commis. Plus il y a petits commis, plus le salaire du grand commis sera important. La connaissance du travail des médecins et infirmières pour ne nommer que ceux-là n'a aucune importance.

Michel A. Boisvert, Saint-Bruno

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Un système qui croule

Ça fait longtemps que je pense qu'une grande partie des problèmes de notre système de santé est qu'il est trop administré. Notre système de santé croule sous une bureaucratie incroyable. Au Québec, nous avons un ministère de la Santé et des Services sociaux, une Régie de l'assurance maladie et dans chaque région, une agence de la Santé et des Services sociaux. Jusqu'à présent, aucun patient n'a encore été soigné. Et finalement, il y a les centres de Santé et de Services sociaux locaux, qui chapeautent les hôpitaux, les centres de soins de longues durées, les CLSC etc. Et ces institutions locales ont, elles aussi, leurs cadres et leur personnel administratif. Lors d'une certaine réforme, on a fermé des hôpitaux, mais jamais on a fermé des agences régionales. On a plutôt ajouté des cadres et du personnel administratif dans toutes ces administrations, de sorte qu'on se retrouve aujourd'hui avec le un ratio s'approchant d'un pour un, un administratif pour un soignant. À mon avis, l'amélioration de l'efficacité de notre système de santé et une possibilité d'en faire plus avec les mêmes fonds résident dans une réelle décentralisation vers les instances locales, accompagnées d'une réelle responsabilisation des administrations locales. Plus les décisions se prendront à proximité de l'action, plus elles risquent d'être efficaces.

Alain Boudreau C.M.A, Granby

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Vivement les postes de cadres

Oui, les cadres occupent une grande place dans le réseau de la santé québécois. Est-ce normal? Ces postes sont-ils tous justifiés? Permettez-moi d'en douter. La méga structure du réseau de la Santé fait en sorte que les postes d'encadrement ont la cote. Le ministère de la Santé, qui devrait donner l'exemple, compte des dizaines de ces postes. Les agences de la Santé, que Jean Charest avait promis d'abolir, sont des véritables pépinières pour les cadres de toutes sortes. Il est donc normal qu'au niveau local, les administrations s'entourent confortablement de personnel-cadre et de responsables de services. Cela est-il ainsi afin de donner de meilleurs soins aux patients? J'en doute. Depuis 27 ans dans ce réseau en tant qu'employé, ainsi que durant mes années de militant syndical, j'ai assisté à quantité de réorganisations et réaménagements pour le moins questionnables qui, en fin de compte, n'apportent rien de concret pour les travailleurs et encore moins pour les patients. Pourquoi est-ce ainsi? Simplement parce les cadres, qui sont trop nombreux, doivent justifier leur salaires à tout prix. Trop souvent, ces réorganisations se font sur le dos des intervenants, sans aucune consultation. Un comité est formé. De nombreuses rencontres entre cadres sont tenues. Viens ensuite le «menu» qui nous est imposé, sans que nous puissions en critiquer, ou si peu, le contenu. Dans certains endroits, afin de limiter les dépenses, les couches sont comptées, la préparation des repas se fait en respectant des règles très strictes dignes, non pas d'une école d'hôtellerie, mais plutôt d'un établissement d'enseignement de comptabilité. D'autres cadres seront assignés à surveiller leurs employés, afin que ceux-ci ne prennent pas «trop» de temps par patient. Ce réseau est tout aussi malade que les patients que nous soignons. Mais au moins, nous réussissons avec notre volonté et notre détermination à remettre sur pied la majorité de nos bénéficiaires. Car là est le but ultime de ce réseau. Nous, qui sommes sur le terrain, oeuvrons parmi ce dédale administratif d'offrir des soins à des êtres humains au sein d'un réseau qui l'est de moins en moins.

Jean Bottari, Saint-Mathias-sur-Richelieu