Dans son dernier numéro, le magazine Maclean's soutient que le Québec est la province la plus corrompue du Canada.



Le Québec mérite-t-il vraiment ce titre peu envieux? Pourquoi?

Faites-nous part de votre opinion à forum@lapresse.ca. Les commentaires signés seront publiés sur Cyberpresse et/ou dans La Presse.

VOS COMMENTAIRES

Désolant

Je trouve franchement dommage l'article de la revue Maclean's. En tant que Québécoise, je suis outrée de voir que le journal tire des conclusions qui semblent loin d'êtres objectives! On dirait une campagne de relations publiques contre le Québec et je trouve ça désolant. Malgré ce qui se passe au Québec en ce moment, je ne sens pas que le Québec est corrompu depuis toujours! Vraiment, je trouve ça désolant. Encore une fois, nous voyons la dualité entre le Québec et le reste du Canada. Jean Charest a bien fait à la commission d'enquête pour la nomination des juges et j'espère que, grâce à cette commission, la crédibilité des institutions québécoises va en être rehaussée.

Maryse Trépanier

* * *

Une succursale du Parti conservateur

Les journalistes écrivent, c'est ce qu'ils font. Et un article parlant de la corruption est toujours populaire, surtout s'il parle de quelqu'un d'autre. On ne peut nier qu'il y a eu de la corruption au Québec, mais l'intensité et l'exagération de l'article du Maclean's nous laisse avec l'impression que c'était un coup de hachette du Parti conservateur. Avec Andrew Coyne comme éditeur en chef, Maclean's est très influencé par ce qu'il écrit et pense, et on peut presque le considérer comme une succursale de la machine de Parti conservateur. Quelqu'un qui voit At Issue (sur CBC) sait bien où Andrew Coyne se situe politiquement. Je suis désolée d'avoir annulé mon abonnement l'année dernière, car je voudrais le refaire. Selon Andrew Coyne la seule chose qui est arrivée au Québec dans les 50 ans derniers est la corruption. Permettez-moi de vous rappeler que le Québec a utilisé les 50 dernières années pour construire une société bien éduquée et bien informée, en utilisant des politiques qui sont devenues des modèles pour d'autres provinces. Toute la corruption mentionnée dans son article vient de dossiers découverts et qui ont déjà fait l'objet d'une enquête par des Québécois.

Linda Schwey, Outremont

* * *

C'est un bon coup du Maclean's

On voit bien que le Canada anglais cherche à rehausser sa crédibilité en attaquant le Québec. Je n'ai pas l'impression que le Québec est par terre et encore moins, à feu et à sang. Le Maclean's fait des conclusions hâtives et joue avec les faits à son avantage. Malgré que le journal écorche à la fois le PLQ et le PQ, je crois que cela va donner encore plus de munitions au Parti québécois. Je lis des magazines politiques et d'actualité venus d'ailleurs et le visage du Québec est bon à l'étranger. Je n'ai pas senti tout ce que relève le magazine, malgré mon âge avancé. Bref, je ne crois pas que le Québec soit tellement corrompu. J'espère que la commission Bastarache va nous aider à remonter la pente.

Guy Labrosse

* * *

Gratuit

Je trouve l'article vraiment dommage et gratuit. Je suis absolument fâchée de voir l'image que ce magazine tente de nous coller à la peau. Pour moi, c'est simplement du sensationnalisme à cause de la commission d'enquête. J'ai voyagé et je peux vous dire qu'en France et en Europe, les gens ne pensent pas ça. Moi, je crois qu'où il y a des hommes, il y a de l'hommerie, mais pourquoi plus au Québec qu'ailleurs? Bref, je suis outrée. Le journal tire ses propres conclusions, c'est navrant. Je suis Canadienne et j'ai honte aujourd'hui. Le Canada anglais a-t-il des choses à cacher pour autant cogner sur le Québec? Je suis désolée, mais je n'y adhère pas. Je suis capable de tirer mes propres conclusions de ce qui se passe et s'est passé au Québec.

Mathilde Joly

* * *

Quelle méthodologie a été utilisée?

Je dois admettre que je suis de ceux qui sont biaisés en faveur de l'article litigieux. Par contre, on me convaincrait davantage si l'on classait de deux à 10 les autres provinces, de façon à mieux comprendre la méthodologie utilisée. Ainsi, on éviterait de penser qu'on a fait appel au côté spectaculaire et provocateur pour mousser les ventes tout comme le fait, à merveille, la pétillante Anne-Marie Losique...

Robert Vallée, Brossard

* * *

Je ne comprends pas

Depuis les deux dernières années, diverses accusations de corruption n'ont pas cessé de déferler au Québec, autant au niveau provincial qu'au niveau municipal. Les politiciens d'opposition et la plupart des médias ne cessent d'exiger des enquêtes publiques tandis que les gouvernements en place font tout en leur pouvoir pour s'esquiver et refuser d'assainir les finances et l'administration publiques. Mais dès qu'un journaliste de Maclean's, un ancien Québécois anglophone (probablement son plus gros péché) écrit un article bien pensé et recherché, assorti d'une page frontispice à la fois amusante, symbolique et cinglante, pratiquement toute la classe dirigeante se retourne d'un bloc pour tirer sur lui à boulets rouges. Comme si, seule, la classe dirigeante québécoise avait le droit de s'autocritiquer. Et surtout, comme si le titre n'était pas vrai! Nos finances publiques sont un trou béant même avec notre tétée sans fin du mamelon fédéral, nos taxes sont les plus élevées en Amérique du Nord tandis que la classe dirigeante et leurs amis, eux, s'empiffrent à qui mieux mieux à même les deniers publics. On n'a qu'à suivre les nouvelles, même distraitement: commissions scolaires, contrats municipaux, finances d'arrondissement, financement de partis provinciaux, ministres du cabinet qui ignorent les points les plus fondamentaux de la loi sur le financement des partis et j'en passe. Alors, regardons-nous dans un miroir avant de critiquer un journaliste qui a fait un sapré bon boulot.

André Bordeleau, Pointe-Claire

* * *

La corruption au Québec vue par Maclean's

Dans les années 1960-1970, lorsque Toronto-la-Pure s'arrêtait et que tout fermait tôt en soirée et le week-end, les Québécois passaient déjà aux yeux des Ontariens pour des noceurs et des dévergondés. Ce qui n'empêchait pas nos amis de la province voisine de passer prendre au retour du travail leur «40 onces» et de se retrouver fin saouls en fin de soirée. Ni vus ni connus. Un proche qui, dans les années 1980 travaillait dans une aciérie montréalaise dont le siège social se trouvait à Toronto, me rappelait l'appétit des employés du siège social que le travail menait à Montréal pour les bars de danseuses où les locaux devaient les retenir pour qu'ils ne sautent pas littéralement sur les «artistes». Martin Patriquin du magazine Maclean's me semble le digne héritier de cette culture du secret qui, paradoxalement, est à la source du journalisme qu'il pratique. On se souvient de cette vieille histoire du type qui le soir cherche sa montre sous un lampadaire et qui répond à un passant qui lui demande s'il est certain que c'est là qu'il l'a perdue: «non, mais ici il y a de la lumière». On peut se demander si ce n'est pas la prégnance, malgré les coups de butoir du libéralisme, de la notion de solidarité imposée par notre entêtement historique à survivre comme nation, une tare pour l'idéologie anglo-saxonne, qui fait en sorte que les Québécois sont plus enclins à scruter au jour le jour les faits et gestes des prétendants à la conduite de leur société. Sous l'effet d'une lumière constante, les défauts risquent d'apparaître plus vite et plus gros. Mais où Martin Patriquin pourrait-il aller au Canada par la suite pour trouver une effervescence équivalente à celle qui l'alimente? Toute mutation au ROC lui apparaîtrait comme une réprimande ou une punition. À ceux qui craignent pour la réputation du Québec dans le monde, je dis ceci: le plus probable est-il que le Québec passe pour un foyer de corruption ou que Maclean's soit perçu, à force de coups semblables, comme l'équivalent politique du National Enquirer?

Gaëtan Lemay, Saint-Lambert

* * *

Rien ne change

Le Québec est-il une société corrompue? La plupart des Canadiens vont répondre oui à cette question, car elle s'intègre bien dans leur rhétorique pro «Québec bashing». D'ailleurs, ne dit-on pas que la vérité choque. Cela doit donc être vrai, car on est très choqués. Pourtant! L'article du Maclean's est basé sur des faits connus de tous. Recherche journalistique, documentation historique et révélations récentes faites au grand jour. Les faits semblent donner raison aux détracteurs du Québec. Cependant, je crois que nous vivons au Québec dans une société qui souffre encore un peu de son héritage judéo-chrétien. Nous pratiquons encore l'auto-flagellation en public de notre société distincte. Se pourrait-il que nous soyons seulement un peu moins discrets qu'ailleurs? Je ne peux croire que ce soit si différent dans les autres provinces. Je pense que là où les canadiens-français s'expriment au vu et au su de tout le monde, les canadiens-anglais pratiquent la fausse vertu. N'en parlons pas, nous ne serons pas éclaboussés. Les faits démontrent clairement que des problèmes référés par le Maclean's se sont aussi produit ailleurs au Canada.

Patrick Bardoul

* * *

Nos quatre vérités

Le titre de «Québec: province canadienne la plus corrompue» aura beau en faire tiquer plusieurs, il n'en demeure pas moins que le magazine Maclean's a mis le doigt sur le «bobo»: la corruption règne en maître dans l'administration québécoise actuelle et tout le monde le sait. Même au niveau municipal, le problème semble endémique. Que Québec soit la première ou la troisième province la plus corrompue n'a aucune importance, mais une vérité demeure: les Québécois vivent sous un régime corrompu, et, qu'ils le réalisent ou non, ils en souffrent. Plutôt que de crier au scandale comme «vierge offensée», il vaudrait mieux voir enfin à faire le ménage dans nos institutions. À moins qu'on préfère continuer à plier l'échine, fermer les yeux, quitte à se retrouver dans un régime où démocratie et bien-être du citoyen ne seraient que mots vains, souvenirs d'un lointain passé?

Lise Thibault, Lévis

* * *

L'éthique boiteuse

Il y a quelques années, Maclean's avait publié un long article pour démontrer que Lucien Bouchard est un malade mental. Ce magazine est un organe de l'extrême droite canadienne qui se permet parfois de publier des torchons. Plus WASP (White Anglo Saxon Protestant) que ça, on étoufferait. Cependant, il est vrai que le Québec a été au centre de plusieurs scandales financiers, aussi bien au niveau fédéral, provincial que municipal. Les autres ne sont pas des anges, mais ils cachent mieux leurs manipulations et je crois qu'ils en font moins. Le Québec a l'esprit latin, très individualiste avec un mépris suprême pour les règles. De plus, nous sommes maintenant victimes d'une mafia bien organisée qui contrôle l'industrie de la construction et probablement plusieurs politiciens aussi. Même quand des magouilles comme celle des compteurs d'eau sont identifiées, les compagnies responsables, dont celle de Monsieur Acurso, continuent à recevoir d'énormes contrats gouvernementaux et le maire responsable est réélu. Charest ne voit même plus, ou prétend ne pas voir, les conflits d'intérêts à tous les niveaux de son gouvernement. À force de réélire ces hommes-là, le Québec restera une province à l'éthique boiteuse.

Éric Martin

* * *

Plus ou moins corrompus

Certains traitent Maclean's de xénophobe ou de raciste. Je trouve ces réactions exagérées. D'autres disent qu'il est inexact de prétendre que nous sommes la province la plus corrompue. Quant à moi, il m'importe peu de savoir que nous sommes la plus ou la moins corrompue. Je trouve désolant que nous soyons corrompus. Point!

Jean Bottari

* * *

Soyons réalistes

Si quelqu'un, peu importe son origine, soumet l'idée que la Sicile est un nid de mafiosi, je présume que les Siciliens s'en offusqueront, appelleront Berlusconi pour se plaindre de cette «accusation», mais savent très bien que ce « quelqu'un » a raison de décrire la Sicile comme étant ce qu'elle est. Cela est vrai pour la région Calabraise, New-Yorkaise et la ville de Saint-Léonard. Alors, pourquoi s'offusquer de l'article du Maclean's? Nous demandons tous une enquête qui découvrirait les liens avec la construction, le parti au pouvoir...et nos amis siciliens ou calabrais, new-yorkais et de Saint-Léonard! Tous les Calabrais et Siciliens, new-yorkais et nos amis de St-Léonard ne sont pas des mafiosi...alors il est normal que ceux qui n'en sont pas gueulent un peu, ils se sentent visés! Normal. Je ne suis qu'un simple citoyen et je « sais » que la collusion entre des compagnies «mafieuses» et les travaux de construction existe. Alors, on continue comme maintenant ou on passe «au batte»?

P. Richard Neault

* * *

Fumier dans le ventilateur

Particulièrement au Québec, plusieurs jouteurs apprécient crier au scandale lorsque l'odeur du fumier vient de l'Ouest. Ils dénoncent avec vigueur lorsque le ventilateur de Maclean's nous renvoie les odeurs nauséabondes que nous avons produites. Au Québec, nous sommes les spécialistes pour crier au scandale et à la corruption dès que des allégations ou des rumeurs fondées ou pas sont lancées à tout vent. C'est fort utile au plan politique, parce que cela amoindrit la crédibilité des gouvernements fédéral, provincial ou municipal selon le cas. Nous envoyons tout notre fumier dans les ventilateurs des médias. Oh surprise, quelqu'un de l'Ouest vient de mettre le ventilateur à la renverse et vlan, c'est du Québec bashing parce que l'on prend conscience de la puanteur que nous répandons. Bravo. Nous avons réussi. Est-ce que dans les autres provinces, les rumeurs et les scandales sont camouflés ou sont-ils enquêtés et les fraudeurs traduits et condamnés par les tribunaux? Si c'est le cas, est-ce que leur méthode est efficace pour contrôler le crime. Peut-être que nous devrions y réfléchir. Comme dit souvent Boucar, «mon grand-père disait»: quand tu envoies du fumier dans le ventilateur, attends-toi à ce que ça pue.

Rodrigue Dubé, Longueuil

* * *

Ne tirons pas sur le messager

Qu'a écrit le Maclean's. qu'on ne lit pas régulièrement dans nos propres quotidiens ou qui n'est pas en permanence sur les lèvres de la plupart des Québécois? Rares sont ceux qui doutent en effet des copinages, des collusions, des conflits d'intérêts et autres cas de favoritisme, quel que soit le nom qu'on donne à la corruption, qui souillent à longueur d'année la politique québécoise et grugent nos finances publiques. Pourquoi ces réactions outrées de notre microcosme politique? Est-ce le fait que le jupon dépasse et qu'on commence à le voir dans le ROC et à l'étranger qui les fatigue? Je suis certain que la population accueille mieux le dossier du Maclean's. que nos élus, et pour cause. Si quelque chose me met en colère, c'est de voir nos politiciens continuer à se complaire dans le déni, plutôt que de prendre le taureau par les cornes. Là où on devrait normalement réagir en s'attaquant au problème et enfin décider d'assainir les moeurs politiques, afin que, plus jamais, nous n'ayons à subir pareille honte, nos politiciens se drapent dans une attitude offusquée qui ne trompe personne. Sans que le Québec ait le moins du monde l'exclusivité de ces pratiques, force est de reconnaître que la Belle Province a une longue feuille de route en matière d'évaporation de fonds publics, probablement bien antérieure à tous les détournements qui, déjà dans les années 1970, ont marqué la construction du stade olympique, à propos duquel, encore récemment, «on» avait tout organisé pour que l'ami Lavalin hérite du contrat de réfection du toit. Et que penser d'un premier ministre qui s'obstine à refuser une commission d'enquête sur les rapports entre l'industrie de la construction et le monde politique, quand tant de signaux alarmants laissent penser qu'il existe du grenouillage à un degré inquiétant, si ce n'est qu'il doit avoir gros à cacher? Que penser du fait que l'on ne cherche trop « violemment » à savoir qui a profité de l'argent, quand, par exemple, le prolongement du métro de Laval a coûté cinq fois le montant initialement prévu ou quand l'immeuble de la CDP a dépassé de 250% le budget initial? Comment expliquer que ce soient les Québécois qui paient le plus d'impôt en Amérique du Nord, sans jamais jouir d'infrastructures en bon état? Où va l'argent? Qu'est-ce qui justifie de régulièrement tailler les appels d'offres de l'Administration sur mesure pour telle ou telle entreprise? Franchement, est-ce Maclean's. qui a obligé tant d'élus, de hauts fonctionnaires ou de ministres à monter sur le yacht d'Acurso? Encore une fois, c'est sur le messager que l'on tire. La corruption est répandue chez nous, c'est un fait, mais certains voudraient qu'on n'en parle pas hors des frontières du Québec. Je m'étonne d'ailleurs que le PQ tire à boulets rouges contre le périodique, plutôt que de cibler les libéraux, à qui l'on doit en grande partie cette publicité si peu flatteuse. Les élus péquistes ont-ils des raisons de se sentir visés eux aussi? Plutôt que la censure qui en arrangerait certains, il y a pourtant une manière bien simple et fort souhaitable de faire taire les Maclean's et autres magazines qui ne manqueront pas de nous montrer du doigt tôt ou tard: faisons enfin une fois pour toutes le ménage devant notre porte.

Philippe Riondel

* * *

L'honneur de la race

La récente saloperie de la revue Maclean's à l'endroit du Québec, dessert le Canada tout entier. Critiquer publiquement et injustement un membre de la famille équivaut à s'autodétruire. Voilà que les porte-paroles du PQ et de l'A.D.Q. en remettent, en déclarant que Jean Charest contribue grandement à ce que vient de publier Maclean's «Québec, la province la plus corrompue». Quel opportunisme et quel crétinisme de bas étage. Mais ou est donc passé la défense et l'honneur de la race?

H. Tousignant, Saint-Ours