Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a tenté cette semaine de convaincre son homologue britannique, David Cameron, et le président français, Nicolas Sarkozy, de laisser tomber leur projet de taxe internationale sur les banques. Cette taxe servirait, dans l'esprit de certains dirigeants du G8, à constituer un fonds de réserve en cas de nouvelle crise financière. D'autres, comme M. Sarkozy, estiment que le produit de cette taxe devrait être versé aux fonds généraux des gouvernements. Pour votre part, êtes-vous favorable à un nouvel impôt sur les banques? Craignez-vous que ces dernières refilent tout simplement le coût d'une telle taxe aux consommateurs? Que pensez-vous de la position de M. Harper dans ce dossier?

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VOS COMMENTAIRES

Je suis contre cette taxe

On passe complètement à côté du problème. Le problème du système financier international est la spéculation qui est due principalement à l'importance des transactions sur les produits dérivés. Pour résoudre le problème de la pire crise financière depuis la grande dépression à sa source, il faut éliminer totalement les produits dérivés de la planète. Pour ce faire, il faut revenir au système de taux de change fixe monétaire sur le modèle des accords de Bretton Woods mis en place peu après la Deuxième Guerre mondiale sous l'influence de Franklin D. Roosevelt. Il faut également établir des accords de prix à long terme négociés entre les pays souverains sur les matières premières et les produits agricoles sur lesquels il existe présentement des produits dérivés. C'est sous ce système (Bretton Woods et accords de prix) que l'Occident a connu la plus grande croissance économique de son histoire (les trente glorieuses) de 1945 à 1975. Il faut également remettre de toute urgence le Glass-Steagall Act, mis en place par Roosevelt après la Grande dépression et éliminé par Clinton vers 1999, au niveau international; c'est-à-dire qu'il faut séparer les banques d'investissement des banques commerciales. Les dépôts des épargnants dans les banques ne doivent jamais servir à la spéculation sur les marchés. En gros, il faut que l'épargne des ménages serve principalement à l'investissement productif des entreprises et non à de la folle spéculation sur des produits dérivés. Le casino des produits dérivés n'a aucune utilité réelle. La pseudo utilité d'assurance des produits dérivés face aux aléas des taux de change provient de l'abandon des accords de taux de change fixes des accords de Bretton Woods en 1973. Évidemment, cela prendra beaucoup de temps avant que les chefs d'État agissent en ce sens étant donné l'influence énorme du monde de la finance sur les chefs d'État. La crise financière internationale, qui se passe pour le moment en Europe, sera donc très longue et imprévisible, mais elle ne se terminera pas sans l'élimination des produits dérivés.

Yves Capuano, économiste

Tout à fait contre !

Nos banques sont solides et cette «taxe» servira probablement à financer une autre «structure» administrative lourde. Pourquoi ne pas prendre exemple sur notre système ?

Diane Matthews

Les cigales financent les fourmis

Il est de bon ton de dire que le principe de pollueur-payeur devrait s'appliquer en matière de changements climatiques. Que les plus gros producteurs d'émissions carboniques tels que les États-Unis, la Chine, ou plus près de nous l'Alberta, devraient porter un fardeau proportionnel à leur contribution au problème. En matière bancaire, un principe similaire de gaspilleur-payeur devrait s'appliquer. Le Canada a été responsable dans sa réglementation. Nos banques n'ont pas bénéficié des sommes colossales qui ont été consacrées à leur relance ailleurs dans le monde. Pourquoi alors devraient-elles accepter ce qui ressemble à une coûteuse forme de péréquation mondiale, où les cigales financent les fourmis? Notre premier ministre a raison de refuser de se faire imposer un tel scénario.

Vincent Caron, originaire de la Ville de Québec, Étudiant à la maitrise en politiques publiques-Université de Bristol, Royaume-Uni



Résolument contre


Paul Martin a d'ailleurs très bien expliqué que nos banques seront désavantagées par rapport à celles d'autres pays qui sont détenues par l'état et où ladite taxe sera une blague car elle reviendra dans la même poche que celle d'où elle sera sortie. Une chance que Harper peut compter sur Paul Martin pour rendre les choses un peu plus transparentes...

Robert Ducharme, Longueuil