En 1990, il se vendait 7 milliards de litres d'essence au Québec. Jusqu'en 2003, la croissance des ventes a amené ce chiffre à environ 8,5 milliards de litres. Depuis, le chiffre est stable.

Cela fait donc 13 ans que le principal produit pétrolier vendu, l'essence, fait du surplace. Pour atteindre la cible de réduction d'émissions de GES de 2020, soit couper l'équivalent d'environ 20 % de vente d'essence, le statu quo ne suffira pas. Réduire de 40 % ce chiffre d'ici 2030, une des cibles de la récente politique énergétique du gouvernement québécois, nécessitera une révolution.

À quelle révolution pouvons-nous nous attendre dans les quatre prochaines années, pour 2020, et dans les 10 qui vont suivre, pour 2030 ? Une révolution dans l'électrification des transports ? Celle-ci arrive à pas très lents. Nous n'avons pas 10 000 véhicules électriques sur un parc de 5 millions de véhicules (soit 0,2 % des véhicules).

Comme les Québécois aiment de plus en plus les camions légers, VUS en tête, tenter de leur vendre des voitures électriques est l'équivalent de promouvoir du tofu dans un steak house. Pas certain que ça fonctionne très vite.

La révolution, pourtant, est déjà là : elle s'appelle Uber. Elle a bousculé l'industrie du taxi en changeant radicalement le contexte de ce secteur. Elle a le potentiel de transformer notre approche de la mobilité, en nous offrant la certitude qu'une option est à portée de la paume de notre main.

Posséder une voiture personnelle semble une norme aujourd'hui. Uber, et évidemment tous ses concurrents, que ce soit Lyft ou des applications locales comme Spare Rides à Vancouver, vient ébranler cette norme.

Il n'est peut-être plus nécessaire d'avoir une voiture. Peut-être qu'une meilleure option est la combinaison métro, autobus, vélo, marche, voiture en libre-service (Communauto ou car2go), taxi et, enfin, « véhicules sur la route qui offrent leurs places vides en temps réel sur votre téléphone mobile ».

RÉVOLUTION RÊVÉE

Plus besoin de se garer, de payer des mensualités, de déneiger l'hiver, de changer les pneus, d'immatriculer, d'assurer, etc. Une mobilité et une plus grande liberté, qui coûtent moins cher. N'est-ce pas la révolution rêvée ?

Quand on réalise que les véhicules privés coûtent en moyenne 10 000 $ par ménage au Québec, par année, il devient clair que le cocktail transport sera moins cher pour beaucoup. La pièce manquante pour rivaliser avec la voiture privée, c'était l'accès à un véhicule à tout moment, spontanément. Les applications de covoiturage nous offrent cela. Beaucoup de Québécois pourraient ainsi envisager de se libérer de leur véhicule - et par le fait même réduire leur consommation d'essence et les émissions des GES.

Le gouvernement du Québec et les municipalités ne doivent donc pas restreindre le déploiement des applications de type Uber, mais plutôt les encourager et tout faire pour faciliter leur expansion - si évidemment nous voulons prendre au sérieux nos objectifs de réduction de GES. Ceux-ci étant intimement liés au transport, il faut s'y attarder en priorité.

Les objections fiscales et celle concernant les conditions de travail des chauffeurs sont évidemment des éléments à prendre en compte. Il n'est pas question ici de donner le feu vert à des pratiques illégales ou non sécuritaires. Mais le potentiel du covoiturage spontané est énorme. L'objectif premier devrait être de lui laisser le plus de souplesse possible pour qu'il devienne une solution de rechange puissante à la voiture individuelle privée - en combinaison évidemment avec les autres modes de transport collectif et actif.

Les changements climatiques sont une réalité. Nous devons nous aussi savoir changer. Quand une révolution permet de combiner économie, réduction des GES et mobilité accrue, nous serions irresponsables de chercher à la contenir.

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