Plusieurs réformes sont en cours pour moderniser le curriculum de nos écoles.

Récemment, la Colombie-Britannique annonçait qu'elle serait la première province au Canada à rendre des cours de programmation informatique obligatoires au secondaire. Deux semaines plus tard, le président Obama annonçait une enveloppe de 4 milliards pour offrir des cours d'informatique au primaire et secondaire, reconnaissant la programmation comme « une nouvelle compétence de base ».

C'est un premier pas immense pour adapter le curriculum des écoles à l'économie du XXIe siècle, mais il reste beaucoup de chemin à faire. On doit évidemment continuer à infuser davantage de sciences, technologies et génie dans le quotidien de nos jeunes. Or, qu'en est-il de l'entrepreneuriat, un autre créneau porteur pour la nouvelle économie ? La Table d'action en entrepreneuriat souhaite voir 10 000 nouveaux entrepreneurs d'ici 2020 au Québec. Préparons-nous bien nos jeunes à devenir entrepreneur ?

Certes, il y a déjà plusieurs organismes qui stimulent l'entrepreneuriat dans nos écoles, comme Fusion jeunesse, Jeunes Entreprises et OseEntreprendre.

Ceci dit, un peu comme avec la programmation, je pense qu'il y a lieu de revoir le curriculum plus en profondeur afin de développer les compétences de base en entrepreneuriat.

Après plus d'une décennie d'expérience comme entrepreneur, je constate qu'il y a bien plus à apprendre que les notions plus traditionnelles, telles que bâtir un plan d'affaires, un budget ou une stratégie marketing. En observant les entrepreneurs à succès autour du moi, je réalise qu'il y a une panoplie d'autres compétences tout aussi indispensables à développer ! Voici cinq suggestions basées sur mon expérience personnelle : 

MODÉLISATION

Tout jeune leader devrait pouvoir modéliser un projet dans un chiffrier Excel, permettant d'explorer divers scénarios et d'évaluer la sensibilité à certains paramètres. La biographie récente du célèbre entrepreneur Elon Musk révèle que c'est à l'aide d'un chiffrier que ce dernier a pu évaluer de façon très granulaire le prix de toutes les composantes des fusées afin de déterminer si son projet d'entreprise SpaceX tiendrait la route.

IMPROVISATION

Lors d'un match d'impro à la soirée-bénéfice de la LNI présidée par l'entrepreneur Alexandre Taillefer, j'ai réalisé à quel point la capacité de répondre rapidement et habilement sans « script » est un avantage immense pour un entrepreneur, qui doit réagir de manière décisive avec une information imparfaite et constamment s'adapter des situations nouvelles, tout en gérant son trac !

ÉCRITURE

À l'ère des SMS et de Snapchat, il faut continuer de mettre l'accent sur la communication écrite. Oui, il faut encourager la lecture de romans ! L'entrepreneur doit s'exprimer clairement et succinctement, idéalement dans plusieurs langues. Même en 2016, je rédige facilement 25 à 50 courriels par jour. Une certaine maîtrise des mots est de mise, tant pour communiquer à l'interne qu'à l'externe.

DÉBAT 

À la Faculté de droit, j'ai eu la chance de participer à un club de simulation des Nations unies, où chaque participant est invité à défendre les intérêts d'un pays. C'est à travers cette activité que j'ai développé la confiance à m'exprimer oralement dans un groupe. Au-delà de la rhétorique, le débat encourage la prise de position ferme, l'habileté de voir les deux côtés de la médaille et la recherche de compromis. En 2016, on veut encourager nos leaders au dialogue et à l'empathie dans toute négociation.

SPORT D'ENDURANCE

L'entrepreneuriat est un marathon et non un sprint. Bâtir une entreprise, c'est une odyssée qui peut durer 5 à 10 ans et qui est très exigeante, à la fois physiquement et mentalement. Dans ce contexte, l'exercice physique qui bâtit l'endurance (plutôt que la force ou la vitesse, par exemple) aide l'entrepreneur à solidifier la sienne et à surmonter les épreuves. On pense à la course à pied, à la natation ou au triathlon.

Évidemment, voilà une liste d'idées non exhaustive. On pourrait aussi penser au fameux cours d'économie obligatoire au 5e secondaire, à un cours d'histoire moderne des affaires documentant les débuts de Google ou du Cirque du Soleil, à un cours de psychologie favorisant la résolution de conflits ou même encore à un cours de survie en forêt pour développer la débrouillardise. Soyons créatif !

Au temps de Wikipédia, on doit s'interroger sur la pertinence de plusieurs sujets qui amènent les jeunes à simplement mémoriser des faits ou des dates, mais plutôt encourager le développement de toutes ces compétences humaines essentielles au parcours d'entrepreneur : la communication, la créativité, la curiosité intellectuelle, le travail d'équipe, etc.

Plus que tout, on doit encourager les jeunes à suivre leurs passions (cinéma, sport, mode, voyage, etc.) et à passer à l'action. C'est souvent comme cela qu'ils développeront véritablement l'envie d'entreprendre.

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