À un an de l'élection présidentielle américaine du 8 novembre 2016, le Parti républicain se trouve en mauvaise posture. Avec une quinzaine de candidats à l'investiture, il y a pratiquement plus de monde sur l'estrade que dans les gradins. Les candidats s'étripent, et aucun n'arrive vraiment à se démarquer. Jamais, disent les observateurs, à ce moment-ci de la précampagne à l'investiture, les républicains n'ont été plongés dans un tel désarroi.

D'habitude, la fin d'un deuxième mandat est une période propice pour l'opposition. Il est rare que le parti au pouvoir obtienne un troisième mandat. Dès lors, l'opposition tente de se regrouper et de gommer ses querelles internes afin de présenter à l'électorat une équipe unie et une option crédible. Le nombre de candidats chute rapidement, laissant place aux mieux dotés financièrement ou politiquement.

La campagne à l'investiture républicaine s'annonce tout autrement. Les divisions idéologiques sont telles au sein du Parti républicain qu'aucun des quinze candidats actuels - il y en a trois du côté démocrate - n'est prêt à abandonner la course.

Le problème des républicains va au-delà du nombre pléthorique de candidatures à l'investiture. Il est d'abord et avant tout intellectuel et démographique.

Le parti s'est transformé en une machine obstructionniste. Il n'a rien de positif à offrir aux Américains.

Et ce ne sont pas les démocrates ou la gauche qui le disent, mais un des éléments les plus brillants du Parti républicain, Paul Ryan, ancien colistier de Mitt Romney lors de la présidentielle de 2012.

« Nous nous querellons à propos de tactiques parce que nous n'avons aucune idée de ce qu'il faut faire », a affirmé Ryan dimanche dernier sur Fox News. « Nos politiques sont timorées ; notre vision est timorée parce que nous n'en avons pas. »

La semaine dernière, après une longue négociation avec les éléments extrémistes du parti, Ryan a renoncé à ses ambitions d'être le potentiel colistier d'un des candidats à l'investiture républicaine pour accepter la charge de « speaker » de la Chambre des représentants. Visiblement, il a conclu que son parti ne sera pas à la hauteur devant Hillary Clinton.

La haine que vouent les républicains à l'« Obamacare » illustre bien cette absence de vision quant aux grandes questions de politique intérieure comme l'immigration, le système de santé, l'éducation ou le mariage gai. Le parti se place constamment en opposition aux démocrates et est incapable « de combiner ses visées très conservatrices à un optimisme ensoleillé » comme le rappelait un commentateur en évoquant le héros du conservatisme, Ronald Reagan.

Les options de politique étrangère sont aussi offertes sur le mode apocalyptique. Marco Rubio, hispanophone et sénateur de Floride, a publié dans la livraison de septembre de Foreign Affairs sa « vision » de la place des États-Unis dans le monde. Le texte est une litanie de slogans creux sur la grandeur perdue de l'Amérique sous Obama, mais bientôt retrouvée si les républicains prennent le pouvoir.

Le sénateur n'hésite pas à travestir la réalité en parlant d'une « profusion d'ennemis qui souhaitent nous ébranler ». Un simple coup d'oeil sur le potentiel américain - des bases dans plus de 100 pays, douze porte-avions, 10 000 avions de combat, 600 milliards de dollars de budget de défense, des alliances sur cinq continents - et sur le nombre d'ennemis réels ou imaginaires qui se comptent sur les doigts d'une main révèle que les États-Unis n'ont rien à craindre.

Du coup, les électeurs américains, effrayés par l'accroissement des inégalités et minés par l'insécurité, boudent les républicains et cherchent maintenant la protection des pouvoirs publics. Les démocrates, toujours plus interventionnistes, ont gagné le vote populaire dans cinq des six dernières élections présidentielles. Et cette désaffection de l'électorat devrait se poursuivre grâce au dynamisme démographique des hispanophones largement acquis aux démocrates. La traversée du désert risque d'être longue pour les républicains.

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