En ce lendemain de controverse nationale autour de l’Halloween, je voulais ajouter mon coup de gueule médiatique autour du changement de date de cette fête qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Une indignation collective qui démontre, une fois de plus, à quel point le Québec demeure une terre de paix sociale. Pour qu’un simple changement de date d’une fête aussi banale que l’Halloween génère autant d’angoisse, il faut absolument être citoyen d’une nation où tout va très bien. 

Et la meilleure preuve que le Québec est un de ces havres de paix, c’est que la ville d’origine de la poutine ou les ingrédients entrant dans la recette d’une vraie tourtière semblent traditionnellement y être parmi les sujets les plus chauds et controversés. Pourtant, il semble y avoir autant de recettes de tourtière que de régions au Québec. Quand j’étais à Rimouski, on me disait que la tourtière était ainsi appelée parce qu’on la préparait autrefois avec de la chair de tourte. Vous savez, ce pigeon migrateur qui abondait ici avant l’arrivée de Jacques Cartier et qui a été exterminé par les chasseurs américains. Le dernier spécimen est mort en 1914 dans un zoo de Cincinnati. 

Puis, un jour, j’ai rencontré un historien de l’alimentation qui m’a appris qu’il n’y avait pas plus de tourtes dans la tourtière que d’aïeuls dans les grands-pères au sirop d’érable, d’Asiatiques dans un pâté chinois ou de petit Jésus dans une oreille de crisse !

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L'odeur de la tarte à la citrouille aurait des vertus miraculeuses.

J’ai pensé faire passer le message à mon ami Michel Barrette, mais on ne badine pas avec les fanatiques de la tourtière du Lac-Saint-Jean. J’avais peur qu’il ne se radicalise devant ce qui risque de passer pour une insulte à la recette emblématique de son coin de pays.

Mais revenons à ce drame national autour de cette fête devenue un happening instrumentalisé par l’industrie du saccharose au grand bonheur du lobby des dentistes. À cause des ravages causés par le sucre sur la santé publique, je suis de ceux qui entretiennent une relation d’amour-haine avec la fête de l’Halloween. Il est vrai que j’aime bien voir la joie dans les yeux des enfants déguisés pour aller à la cueillette de sucreries. Mon problème vient plutôt du fait qu’à chaque Halloween, il faut aussi se battre avec les petits chasseurs-cueilleurs de friandises pour limiter leur consommation de sucre dans les jours suivant la récolte. Il faut négocier avec eux comme font tous les parents devant les caisses enregistreuses des épiceries qui sont, depuis toujours, de hauts lieux de tentations et d’embrouilles familiales. 

Je m’insurge aussi contre cette explosion trop ostentatoire de cochonneries. Je pense même que pour prévenir les ravages du sucre sur la santé des enfants, on devrait exiger que les entreprises collent sur les emballages de Kit Kat ou les boîtes de Skittles des photos de dents cariées ou, mieux encore, des copies de factures de dentiste. Ce serait une façon efficace de dissuader les parents d’en acheter. Si les suppositoires sont capables de guérir la gorge en passant par l’arrière, les dentistes demeurent les seuls professionnels capables de vous vider la poche en passant par la bouche. Ainsi dit une sagesse populaire pas très sage.

En dehors de l’abus de sucre, le grand gaspillage qu’on fait des citrouilles me dérange aussi un peu. Pourtant, il y a bien des raisons de manger ces décors après les célébrations. Il y a quelques années, une étude bien scientifique a démontré que l’odeur de la tarte à la citrouille avait des vertus miraculeuses sur les hommes. Cette recherche du docteur Alan Hirsch, directeur du Smell and Taste Treatment and Research Center de Chicago, pourrait peut-être inciter certains papas à mieux valoriser les citrouilles d’Halloween.

Selon ce chercheur, l’odeur de la tarte à la citrouille augmenterait la circulation sanguine dans le pénis de plus de 40 % ! Ce qui fait de la citrouille une sorte de Viagra naturel.

Le seul problème, c’est qu’il est plus facile de cacher dans une pharmacie de petites pilules bleues que ces grosses boules orange. Je suis convaincu que si la chose se sait, en cette fin de semaine post-Halloween, les citrouilles ne serviront pas qu’à la décoration et, je l’espère pour certaines d’entre vous, vont peut-être pour une fois vraiment réveiller les morts.

L’Halloween, c’est aussi le moment où les morts qu’on croyait définitivement sous terre reviennent hanter les vivants. C’est ce qui est arrivé au PLQ cette semaine. Même si je ne veux pas m’étendre sur ce que je considère comme du réchauffé, permettez-moi quand même de poser cette question. Depuis quelques années, le bureau d’enquête du Groupe TVA sort régulièrement des éditos dévastateurs sur le PLQ. À chaque révélation, les concernés serrent les rangs et parlent de campagne de salissage. Si tel est le cas, pourquoi M. Charest ou tous les autres gros noms qui se disent victimes de ragots et de diffamation ne portent-ils pas plainte contre le diffuseur pour laver leur réputation ?

Moi, si je n’avais rien à me reprocher et que quelqu’un écrivait un livre destructeur sur ma personne, juste par respect pour ma descendance, je répliquerais par la bouche de mes canons pour rétablir les faits. Pourquoi depuis tout ce temps personne ne semble vouloir porter plainte pour laver sa réputation ? Je ne sais pas, mais une question me trotte dans la tête. Un procès, n’est-ce pas aussi un haut lieu de rebrassage médiatique d’une vieille « marde » qu’on pensait fossilisée à jamais ?

Le Parti libéral du Québec semble avoir abrité des créatures qui ont vampirisé le bien public. Comme les zones d’ombre restent entières, il sera très difficile de convaincre la population que tout ça est chose du passé, car même les enfants qui fêtent l’Halloween savent que les vampires sont immortels. Heureusement, ils détestent aussi la lumière. Ce qui ouvre au PLQ une grande porte de sortie : faire la lumière sur ce passé pas lointain.

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