Le titre de ma chronique me vient de ce proverbe américain qui qualifie la télévision de chewing-gum pour l’esprit. Et comme stimulateur de mastication, j’ai une question pour vous. Quelle différence y a-t-il entre le règne de Donald Trump en Amérique et le hockey au Canada ? Les deux me semblent antipodiques. Je vais essayer d’expliquer la contorsion intellectuelle qui m’a fait penser à ce lien improbable.

Commençons par Trump. Depuis le début de son mandat, et même avant son arrivée au pouvoir, Donald a transformé une grande partie des journalistes qui se disent spécialistes de la politique américaine en des JoJo Savard aux prédictions souvent dans le champ. Avant même son élection, certains nous disaient qu’il était impossible qu’il prenne le pouvoir. Surprise ! Monsieur s’est fait élire. Depuis, il s’est spécialisé dans l’art de divertir les goélands médiatiques.

Il leur jette quelques frites via Twitter et les laisse travailler pour lui en relayant, commentant et interprétant ses moindres gestes et dires.

Pensez juste au nombre de fois où les journalistes de CNN nous ont annoncé la grosse brique qui fonce directement sur le président américain.

En dehors de certains de ses proches collaborateurs qui ont été écroués par la justice américaine, il y a aussi les livres sur le président controversé. Des bouquins comme celui de Bob Woodward et de James Comey, qui ont glissé sur le dos de Donald sans l’égratigner. Pourtant, avant que tous ces ouvrages ne sortent, on disait que les divulgations qui y sont contenues allaient faire très mal.

Les révélations et les prévisions catastrophiques passent et Donald reste bien en selle comme en témoignent les derniers sondages. Ceux qui ouvraient des paris sur l’internet pour prédire combien de temps il resterait au pouvoir avant d’être destitué ont mordu généreusement la poussière.

Les accusations de harcèlement sexuel, les dires de Michael Cohen, son ex-avocat, toutes ces supposées tornades dont l’interminable enquête sur l’ingérence russe dans la campagne électorale n’ont pas réussi à dépeigner le toupet orange, pourtant si volatil malgré l’abus de produits coiffants.

En dépit de son sombre passé avec l’autre sexe, le harceleur en chef de la Maison-Blanche, qui s’est payé une star de la porno pendant que sa conjointe était enceinte et l’a payée ensuite pour qu’elle ne parle pas de son champignon qui n’a rien de magique, et qui dit mettre sa main dans les culottes des femmes sans leur demander la permission, joue même au donneur de leçons dans le débat sur l’avortement qui secoue son pays. Sans aucune retenue, Donald professe à qui veut l’entendre son attachement au caractère sacré de la vie et son opposition à l’avortement.

Pourtant, ses comportements sexuels irresponsables sont justement là pour nous rappeler pourquoi le libre choix est si important dans une société dite de droit.

Si, pour Trump, on prédit une chute qui n’arrive jamais, pour le hockey canadien, on rêve et parle d’un retour de la Coupe au Nord qui tarde à se matérialiser. La télévision québécoise et canadienne regorge de spécialistes qui savent comment nous donner chaque année l’espoir d’un retour en force des équipes du Canada. Mais ici aussi les prédictions ne se matérialisent pas vraiment. Année après année, rivés à leur télé, les supporters nourrissent l’espoir de voir une équipe canadienne soulever la Coupe, sans résultat.

Tant qu’il n’est pas minuit, disait mon grand-père, le lion ne dit pas qu’il dort sans souper. C’est ce que disent aussi tous les partisans de cette équipe qui tire de l’arrière jusqu’à la dernière seconde de jeu. Je soupçonne que c’est ce que disent aussi, année après année, les partisans du Canadien, malgré leur jeûne forcé de bientôt 26 ans où tout ce qu’ils ont eu à se mettre sous la dent, ce sont des Molson à 15 $ la canette.

Depuis 26 ans, on espère que le vent tourne, mais se peut-il que le Canada ne soit simplement plus capable de gagner une Coupe Stanley ?

Se peut-il qu’un déséquilibre majeur entre le hockey américain et le hockey canadien rende l’espoir qu’une équipe d’ici gagne la Coupe Stanley bien utopique ?

Je suis un amateur loin d’être un connaisseur de hockey, mais beaucoup d’autres questions me trottent dans la tête. Est-ce qu’une séparation en deux parties de la LNH est envisageable ? Est-ce que le Canada peut avoir sa propre ligue de hockey ? Je délire peut-être en pensant à un scénario de scission de la LNH, mais je suis certain que ce séparatisme risque aussi de traverser les esprits des États progressistes comme la Californie advenant la réélection de Trump qui est bien possible. Une chose est certaine, Donald a des alliés de taille. Il est très probable que la gauche extrême, qui est désormais très active chez les démocrates, aide Trump à « scorer » au prochain rendez-vous électoral. Bien conscient du pouvoir autodestructeur de cette force de dérapage, le président américain travaille déjà à les définir comme des communistes.

Si Trump avance malgré le vent de face, depuis 26 ans, le hockey du Canada attend désespérément la poussée magique pour marquer le but de la Coupe. Comme quoi, et malgré tout le respect que je dois à la sagesse de Yogi Berra, il y a des limites à son « ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini ». Je ne connais aucun chasseur ou pêcheur qui revient incessamment au même spot pendant 26 années de suite dans l’espoir d’avoir un succès qui n’arrive jamais.

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