Deux nouvelles ont retenu mon attention ces derniers jours.

Dans un premier temps, Mylène Crête nous rapporte que Meta met finalement sa menace à exécution. La compagnie américaine va couper « temporairement » l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram pour protester contre la loi C-18 qui « vise à renforcer l’équité des relations économiques entre les entreprises de nouvelles et les plateformes de communication en ligne en raffermissant la position de négociation des entreprises de nouvelles par rapport aux grands intermédiaires de nouvelles numériques qui dominent le marché… »

Lisez l’article « Blocage d’articles : Meta met sa menace à exécution »

L’autre nouvelle est un peu plus cocasse. Louise Leduc nous informe que Twitter a restreint la diffusion d’un article de la très sérieuse revue Québec Science qui porte sur le plaisir sexuel et l’anatomie de la femme.

Lisez l’article « Manchette de Québec Science : ceci n’est pas de la porno »

Ainsi, lorsque la revue a voulu relayer l’article sur Twitter, un fond noir s’est affiché et la mention « Le média suivant comprend des contenus potentiellement sensibles » est apparue à l’écran. Il fallait donc appuyer sur « voir plus » pour consulter l’article en question.

PHOTO JEFF CHIU, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le siège social de Twitter, à San Francisco

Mais je laisse la journaliste expliquer la partie insolite de l’histoire : « Pourquoi en a-t-il été ainsi pour un article d’un magazine scientifique ? Nous avons posé la question au service des relations de presse de Twitter qui nous a répondu par un émoji illustrant des crottes, sa pratique courante quand il est sollicité par des médias depuis quelque temps. »

La réponse de Twitter est-elle si surprenante ? L’oiseau serait-il devenu un chat arrogant qui croit que l’univers tourne autour de lui ?

Les questions ci-dessus trouvent probablement une partie de leurs réponses dans un rapport de recherche réalisé par Marc-François Bernier, de l’Université d’Ottawa, et Marie-Eve Carignan, de l’Université de Sherbrooke. Les deux professeurs rapportent « […] un recul significatif de la confiance des citoyens envers les médias d’information québécois, leur crédibilité et celle de leurs journalistes, lorsque comparés aux résultats d’une enquête similaire menée en 2013… » Je déplore par ailleurs que ce rapport n’ait pas mérité toute l’attention dont il devrait bénéficier dans la foulée de la couverture médiatique du Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer.

Impunité

En fait, il m’apparaît évident que les têtes dirigeantes des réseaux sociaux sont indifférentes aux médias puisqu’elles savent qu’elles ne subiront aucune conséquence réelle lorsqu’elles bloquent l’accès aux nouvelles, ou qu’elles répondent cavalièrement aux journalistes. Les géants des médias sociaux ont encore le gros bout du bâton.

Du moins, pour le moment.

Pour faire face à la situation, les personnes abonnées pourraient être tentées d’obtenir leurs nouvelles via les applications et les sites internet des grands médias, ce qui réduirait substantiellement le trafic sur les plateformes des réseaux sociaux. Tout ce beau monde pourrait aussi migrer sur de nouveaux réseaux sociaux pour rester en contact les uns avec les autres.

La vie étant une série de cycles temporaires, le vent finira bien par tourner pour les Twitter et Facebook de ce monde.

Entretemps, les médias devront se mettre à la tâche afin de regagner la confiance et l’affection de la population en commençant par discuter ouvertement, franchement et de manière transparente des enjeux qui minent leur crédibilité.

Cela dit, à court terme, je crois que les Meta et Twitter de ce monde ont grandement besoin de conseillers compétents en communication pour leur rappeler que la libre entreprise est possible sans nuire au quatrième pouvoir et à la démocratie.

Pour ce qui est des médias, je n’ai aucune inquiétude : les questions difficiles seront éventuellement posées, les constats douloureux seront dressés et les changements nécessaires seront mis en place. On a trop à perdre collectivement pour faire l’économie d’une telle réflexion.

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