Sans un coffre à outils pour gérer l’anxiété et les troubles d’adaptation, de nombreux employés peineront à naviguer à travers la quantité et la vitesse des changements qui seront propulsés par l’intelligence artificielle dans nos milieux de travail. Que ce soit pour veiller à la santé mentale de chacun ou éviter une explosion des coûts d’invalidité à long terme, les entreprises gagnent à outiller les équipes dès maintenant.

Le Forum économique mondial prévoit une transformation majeure de nos environnements de travail au cours des cinq prochaines années. L’intelligence artificielle à elle seule forcera six terriens sur dix à se (re)former afin d’apprendre à faire son métier en complicité avec l’informatique.

Parallèlement, nos indicateurs de santé mentale sont au jaune foncé. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 38 % des jeunes travailleurs témoignent ressentir des symptômes modérés à sévères d’enjeux psychologiques.

L’analyse des diagnostics d’invalidité longue durée fait émaner deux constats : le nombre d’absences reliées à l’épuisement professionnel est relativement stable. En revanche, les absences dues aux troubles de l’adaptation et de l’anxiété sont en hausse.

Rappelons que selon le Bilan de l’emploi de l’Institut du Québec⁠1, l’absentéisme pour des fins de santé s’est accru de 14 % au cours des cinq dernières années, avant l’arrivée massive de l’intelligence artificielle (IA) dans les organisations.

Changements majeurs, troubles de l’anxiété et de l’adaptation ne font pas bon ménage

IBM a annoncé la suppression de 7900 emplois de type back-office, remplacés par l’intelligence artificielle dès cette année⁠2. Les transformations sont en cours ; l’humain et la machine sont en train de remplacer l’humain (et non pas la machine qui remplacera l’humain). Il faudra néanmoins moins d’employés pour générer la productivité que nous connaissons aujourd’hui. Le rapport de 296 pages sur l’avenir du travail réalisé par le Forum économique mondial (FEM)⁠3 par l’entremise des représentants de 803 entreprises qui emploient plus de 11,3 millions de personnes explique de façon détaillée que d’ici 2027 :

  • 83 millions d’emplois seront supprimés ;
  • 69 millions de nouveaux emplois seront créés ;
  • 44 % des travailleurs devront changer d’expertise ;
  • 23 % des métiers actuels seront transformés.

Considérant les enjeux d’anxiété et d’adaptation déjà responsables de la majorité des absences dues à la santé mentale et l’impact multiplicateur d’intenses changements sur ces pathologies, serons-nous témoins d’une bombe de destruction massive en matière de santé mentale ?

Soutenir les employés les plus concernés

En comparant les métiers appelés à disparaître et les nouveaux emplois qui seront créés, on ne peut que constater que les vases ne sont pas communicants (les commis mis à pied ne remplaceront pas les ingénieurs informatiques du jour au lendemain). Le passage le plus accessible pour les employés touchés demeure de muscler leur productivité grâce à l’informatique. Leur valeur ajoutée s’opérera en encadrant, validant et guidant l’ordinateur.

Les métiers appelés à disparaître : tout ce qui a trait au back-office, par exemple : caissier, commis, adjoint administratif, tenue de livres.

Les nouveaux emplois créés : intégrateur d’intelligence artificielle, responsable de sécurité informatique, intégrateur robotique, ingénieur informatique, spécialiste en intelligence d’affaires et commerce électronique et opérateur de machinerie agricole.

En matière de santé mentale, il n’y a pas de solutions simples et universelles. À chacun d’expérimenter et de s’approprier différents outils de gestion de l’anxiété et de l’adaptation. L’objectif : fortifier son coffre à outils individuel pour être paré au moment opportun.

L’humain est fait fort. Nous avons survécu aux méandres de la peste et des époques où l’espérance de vie était de moins de 40 ans. Nous avons récemment traversé une pandémie. Il est évident que nous saurons nous adapter aux changements technologiques attendus.

1. Consultez le Bilan 2022 de l’emploi au Québec 2. Lisez l’article (en anglais) du Daily Mail concernant IBM 3. Consultez le rapport du Forum économique mondial Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion