Depuis le 19 mai 2023, il y a un débat en lien avec le choix de lieux pour recevoir l’aide médicale à mourir (AMM).

Ayant fait une maîtrise en éthique appliquée dont le sujet de tous mes travaux et le sujet de mon essai portaient sur l’aide médicale à mourir, je crois que la meilleure façon d’aborder ce débat est d’en discuter et de placer le patient au centre de cette discussion.

Il est important de rappeler que l’article 2.1 du chapitre 1 de la Loi concernant les soins de fin de vie mentionne que « le respect de la personne en fin de vie et la reconnaissance de ses droits et libertés doivent inspirer chacun des gestes posés à son endroit ». De plus, il y a déjà 1 % des AMM qui sont administrées dans un endroit autre qu’un établissement de santé ou le domicile.

Le débat public soulevé par l’offre d’un espace dans un complexe funéraire pour obtenir l’aide médicale à mourir est nécessaire et souhaitable. Nous vivons dans une société libre offrant plusieurs services couverts par le gouvernement. Certaines personnes choisissent d’obtenir des services différemment puisque le secteur public peine à répondre adéquatement à la demande.

Le système de santé fait déjà largement appel au secteur privé, que ce soit pour les soins palliatifs en résidence pour personnes âgées (RPA) et pour les chirurgies, alors pourquoi s’offusquer lorsqu’une offre du privé arrive sur le marché pour un nouveau soin ? Est-ce que l’offre privée est toujours mal intentionnée ?

Par ailleurs, l’AMM offre un nouveau rituel aux familles. Ce rituel doit être fait dans « un lieu calme, paisible et solennel ». Les salons funéraires répondent entièrement à ces critères. L’hôpital n’a certes pas ces qualificatifs. Il reste donc la maison.

Ce ne sont pas toutes les familles qui veulent voir le corps inanimé d’un être aimé dans l’endroit où les souvenirs heureux ont été accumulés.

Mon père a fait une demande d’aide médicale à mourir. Il ne voulait pas mourir à la maison et n’était pas un cas de soins palliatifs. Il est donc entré à l’hôpital en marchant. Malgré toute la bonne volonté du personnel, l’hôpital demeure un lieu rarement apaisant, calme et solennel pour ce dernier au revoir. Nous aurions aimé lui offrir une option plus agréable.

Voulons-nous d’une société qui obligera les gens à mourir dans un lieu précis ou plutôt d’une société qui respecte le libre choix et qui permet aux gens de choisir le dernier souvenir qu’ils veulent conserver ? S’il y a la possibilité de mourir en regardant le lac de notre enfance, de regarder une projection pour avoir le sentiment de dévaler notre mont préféré, pourquoi nous contraindre à mourir dans une chambre d’hôpital ?

Les patients qui reçoivent l’AMM veulent choisir une date, une heure et un endroit. Est-ce que tous les bien-pensants de notre société sont capables de refuser cette dernière volonté ?

Je crois que les politiciens devraient écouter la population, pour connaître ce que les gens veulent, avant de monter aux barricades. Il faut un débat respectueux plutôt qu’accusateur.

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