Jamais les Afro-Canadiens et leurs descendants n’ont été aussi nombreux au Canada. En 20 ans, la diaspora africaine a plus que triplé, passant de 300 000 personnes1 en 2000 à 1,3 million2 en 2021.

Si on y ajoute les descendants afro-américains et afro-caribéens, la population afro-canadienne compte 1,5 million de personnes3, soit approximativement 4 % de la population canadienne. Ce pourcentage est appelé à croître substantiellement dans les décennies à venir, le continent africain étant l’une des principales sources de l’immigration au Canada.

Plus instruits et financièrement plus à l’aise, les Afro-Canadiens participent activement à la prospérité du pays. Comme on le sait, la diaspora africaine est l’un des groupes racisés les plus diplômés au Canada. En 20214, ils étaient plus susceptibles de détenir un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur que les Canadiens qui n’appartenaient pas à une minorité visible et qui n’étaient pas autochtones.

Ce qu’on ignore, c’est que depuis 1980, les entreprises appartenant aux immigrants, notamment la diaspora africaine, étaient à l’origine de 25 % des emplois nets créés dans le secteur privé canadien.

Pour contourner les barrières à son inclusion et à son intégration économique, la diaspora africaine s’est tournée vers l’entrepreneuriat. Entre 2005 et 2018, la proportion de propriétaires d’entreprises qui s’identifient à la communauté afro-canadienne a augmenté considérablement tant chez les femmes que les hommes, mais à des rythmes relativement différents. Elle représente aujourd’hui une part significative des entreprises constituées en société par les immigrants et cette part est en croissance continue.

Un trait d’union entre l’Afrique et le Canada

Les membres de la diaspora africaine au Canada constituent l’un des traits d’union entre notre pays et les 54 pays du continent africain. Ils ont l’avantage de connaître l’une et l’autre des deux parties, d’y avoir des liens et de participer à des réseaux personnels et professionnels dans leur terre d’origine et leur terre d’adoption. À ces formidables leviers s’ajoutent leurs expériences d’affaires y compris dans des domaines stratégiques, leur connaissance des institutions privées et publiques et leur familiarité avec les marchés des deux mondes : le grand marché continental nord-américain et le grand marché continental africain. Dans un avenir prévisible, ce dernier sera l’un des plus importants marchés du monde.

Je souhaite vivement que les décideurs et les gens d’affaires de notre pays développent une saine curiosité, suivie d’effets, à l’endroit de ce grand marché continental africain.

Je souhaite aussi que se créent des partenariats et, pourquoi pas, des alliances entre ces décideurs et ces gens d’affaires et les associations professionnelles et les chambres de commerce représentant la diaspora africaine au Canada.

Enfin, le Canada devrait attacher une grande importance aux anciens étudiants africains diplômés de nos universités et grandes écoles. Ces étudiantes et étudiants constituent une part spéciale de notre propre diaspora, la diaspora canadienne, sur le continent. Ils et elles sont nos amis, nos ambassadeurs au quotidien. Ils contribuent à renforcer indirectement la présence canadienne en Afrique. Je ne doute pas qu’Immigration Canada va résoudre urgemment la discrimination systémique qui affecte les jeunes Africaines et Africains désireux de venir étudier au Canada.

Pour un conseil canadien de la diaspora africaine

Tel qu’annoncé dans le document The United States and Africa : Building a XXIst Century Partnership, la diaspora africaine est au cœur de la vision africaine de l’administration Biden–Harris. Nos voisins du Sud ont mis sur pied un conseil de la diaspora africaine pour orienter leur stratégie en Afrique.

Sans vouloir reproduire la formule américaine, je souhaite vivement que soit créé un Conseil canadien de la diaspora africaine. Nul doute qu’un tel Conseil pourrait apporter un soutien appréciable à la diplomatie canadienne sur le continent.

Je formule cette proposition dans le contexte de la journée internationale dédiée à l’Afrique. La conviction se répand dans le monde que ce continent pourrait occuper un tout premier rôle dans ce siècle non pas en termes de puissance, mais en termes d’importance. Le Canada doit prendre acte.

1 Lisez l’étude de Statistique Canada 2 Consultez les chiffres de Statistique Canada 3 Lisez l’étude de Statistique Canada 4 Consultez les chiffres de Statistique Canada 5 Lisez l’étude de Statistique Canada Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion