« Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. »

Cette phrase, qui donne froid dans le dos, ne fait pas référence à une guerre ou aux changements climatiques. Elle fait référence à la vie : cette vie sur Terre qui nous offre sans rien demander en retour l’eau que l’on boit, l’air que l’on respire et la nourriture que l’on mange. Cette phrase a été prononcée il y a déjà quatre ans par Sir Robert Watson, président de l’IPBES, communément appelé le GIEC de la biodiversité.

Les scientifiques sont catégoriques sur l’état catastrophique dans lequel nous nous trouvons : la nature dont nous dépendons, celle qui nous maintient en vie, se dégrade plus vite que jamais.

Tous les aspects de notre vie, de notre économie et de notre société reposent sur des écosystèmes et des espèces en santé. Pourtant, nous traitons la nature comme si les humains n’en faisaient pas partie, en la détruisant, la surexploitant et la polluant.

Heureusement, il est encore possible de renverser la tendance, en s’attaquant aux racines du problème. Il faut s’attaquer aux causes sous-jacentes du déclin de la nature, grâce à des changements structuraux à la manière dont on consomme, on aménage le territoire, on produit notre nourriture et on extrait les ressources.

Plan nature 2030

Le 22 mai est la Journée internationale de la biodiversité. C’est donc l’occasion parfaite de réfléchir collectivement à ce que nous faisons subir à la nature, même ici au Québec. Dans les prochains mois, le gouvernement Legault nous offrira une rare occasion de le faire, avec l’élaboration de son Plan nature 2030, annoncé en grande pompe par le premier ministre à l’ouverture de la COP15 en décembre dernier à Montréal.

Ce Plan nature, qui sera doté d’un budget de 650 millions de dollars, sera la réponse québécoise au cadre mondial que les pays du monde entier ont adopté pour faire face au déclin de la biodiversité d’ici 2030. Le Québec possède une biodiversité d’une grande richesse et de vastes milieux naturels encore peu dégradés. Il a donc tout en main pour contribuer significativement à l’effort mondial de protection de la nature.

Pour y arriver, il faudra que le gouvernement Legault élabore un plan d’action intégré dans l’ensemble de l’appareil gouvernemental qui met à contribution tous les ministères et tous les organismes publics et parapublics. Il faut que la main droite arrête de détruire ce que la main gauche essaie de construire, comme dans le cas du caribou que le ministère de l’Environnement tente de protéger pendant que le ministère des Forêts autorise des coupes forestières dans les secteurs les plus névralgiques de son habitat.

Il faut aussi sensibiliser, mobiliser et outiller les Québécois pour qu’ils comprennent à quel point ils sont dépendants de la nature, à quel point ils en font partie et comment ils peuvent contribuer à la protéger à leur échelle.

L’ensemble de la société québécoise doit être consultée pour l’élaboration du Plan nature. Le gouvernement doit aussi faire un effort particulier pour s’assurer que les nations autochtones, qui protègent la vie sur Terre depuis des millénaires, fassent partie intégrante de cette démarche et qu’elles soient réellement écoutées.

Finalement, il ne faut pas avoir peur de s’attaquer aux causes sous-jacentes du déclin de la biodiversité et penser en dehors de la boîte. Des outils législatifs, des politiques et des mesures d’écofiscalité doivent être utilisés pour revoir nos pratiques agricoles et forestières, mettre un frein à l’étalement urbain et à la destruction des milieux naturels, diminuer la surconsommation de biens et protéger toutes les espèces.

La tâche qui nous attend est colossale, mais nécessaire. En tant qu’animaux dotés d’une conscience et d’une intelligence, c’est notre responsabilité de protéger la vie sur Terre, sous toutes ses formes.

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