Nous remarquons tous que le portrait démographique de la population québécoise est en train de changer rapidement. Selon le bilan 2022 de l’Institut de la statistique du Québec, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent actuellement 20,8 % de la population. Elles comptaient pour 6,8 % de celle-ci en 1971 et en constitueront 25 % en 2031.

Le vieillissement de la population est loin d’être un phénomène nouveau ou imprévisible. Malheureusement, dans le discours public, la tendance est de considérer le vieillissement comme une fatalité et un fardeau, en se concentrant presque exclusivement sur son impact économique et son incidence sur les coûts du système de soins et services santé.

Une vision et un discours inclusifs

Et si nous misions plutôt sur la contribution des personnes aînées au dynamisme de nos collectivités, à la vitalité de notre secteur communautaire, à notre cohésion sociale, et même au développement économique et à la force d’une main-d’œuvre qualifiée et expérimentée ? En d’autres termes, considérons le vieillissement comme un actif à préserver et à faire fructifier.

Le vieillissement est un processus biologique pour le moment irréversible et il est évident qu’une population vieillissante est appelée à recourir davantage aux soins et services de santé si nous n’agissons pas en amont.

Toutefois, la recherche multidisciplinaire et intersectorielle a clairement mis en évidence que différents déterminants, comme les habitudes de vie, l’écosystème psychosocial et l’environnement socioéconomique, peuvent influencer de manière positive et significative le capital santé des personnes aînées.

Il devient donc urgent de créer des conditions permettant à un maximum de Québécois et Québécoises de vieillir en santé jusqu’à un âge avancé.

D’ailleurs, si l’on souhaite pérenniser notre système de santé, il faut innover en prévention et détection précoce. Il faut également identifier les interactions négatives entre différents facteurs de risque qui mènent à l’isolement et à l’exclusion sociale, au déclin cognitif, ainsi qu’à la perte de mobilité et d’autonomie.

Faire du vieillissement en santé une grande priorité de société

Les chercheurs et étudiants membres du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement rapportent souvent que le souhait le plus cher exprimé par les personnes aînées est : « Je veux garder ma tête et mes jambes pour pouvoir rester chez moi. » L’Organisation des Nations unies a d’ailleurs décrété que la décennie actuelle était celle du « Vieillissement en bonne santé », engageant un dialogue mondial sur ce défi.

La récente pandémie a donné une vitrine aux experts en santé publique et aux chercheurs permettant de démocratiser l’accès à la science et à la connaissance et d’attirer l’attention sur les conditions de vie des personnes aînées.

Le temps est maintenant venu de capitaliser sur cette conjoncture favorable pour sensibiliser l’opinion publique quant à l’importance de s’intéresser au vieillissement en bonne santé et de reconnaître que le vieillissement doit être un actif pour la société québécoise.

Le temps est également venu de développer une vision commune en ce sens, impliquant le gouvernement, les milieux communautaires, médicaux et de santé publique, ainsi que les chercheurs œuvrant dans le domaine du vieillissement (de la cellule à la société), afin de doter le Québec d’un plan d’action audacieux.

C’est d’ailleurs ce à quoi travaille ardemment la ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger, qui mène actuellement des consultations dans le cadre de l’élaboration du prochain plan d’action gouvernemental « Vieillir et vivre ensemble ».

La ministre a l’appui du milieu de la santé et la collaboration étroite des chercheurs en vieillissement, mais un engagement de l’ensemble de l’appareil gouvernemental et un appui de la population doivent être acquis.

* Cosignataires : Krista Lynn Best, Frédéric Calon, Rubens Da Silva, Gilles Gouspillou, Sébastien Grenier, Edeltraut Kröger, Frédéric Picard, Valérie Poulin, Nancy Presse, Véronique Provencher et Marie-Josée Sirois

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