Une consultation du gouvernement du Québec est prévue le 15 mai sur « l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec ». Celle-ci arrive à point nommé, puisqu’elle permettra de prendre du recul sur le développement de notre électricité dans le cadre de la transition énergétique. Il s’agit d’une étape nécessaire afin de bien dessiner la feuille de route qui balisera son usage.

Avec l’adoption de mesures phares en faveur du climat aux États-Unis (Inflation Reduction Act), en Europe (REPower EU) et l’adoption du dernier budget fédéral canadien, qui prévoit quelque 80 milliards pour le développement des énergies décarbonées, l’enjeu de la transition énergétique est maintenant bien ancré dans l’agenda des décideurs publics.

Du côté citoyen, avec les pannes vécues chez nous lors du récent épisode de verglas, de même qu’aux États-Unis fin 2022, notamment au New Jersey, de plus en plus de gens prennent conscience de l’importance d’un réseau d’électricité robuste, capable de résister aux caprices du climat.

Cette robustesse du réseau électrique est en effet devenue impérative, car notre dépendance à l’égard de l’électricité s’en va croissant.

De plus en plus d’activités humaines (transport, industrie, numérique, etc.) reposent sur un approvisionnement en électricité.

La transition énergétique est en fait une transition vers l’électricité propre, doublée d’une utilisation plus efficace qu’autrefois de celle-ci qui devrait nous amener à en consommer moins pour le même niveau de confort ou de productivité.

Une mission complexe

Si, auparavant, la tâche principale des entreprises d’électricité était d’assurer un approvisionnement fiable au meilleur coût, leur mission est désormais plus complexe avec la transition et les changements climatiques.

Elles doivent dorénavant assurer un approvisionnement fiable, certes, mais aussi : faire face à une hausse importante de la demande pour décarboner l’économie, après des années de croissance faible ; répondre à cette demande avec des énergies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre, et ; bâtir des infrastructures modernes de production, de transport et de distribution plus à même de résister à des évènements climatiques extrêmes.

Il leur faut, au surplus, développer un réseau en misant davantage sur des technologies numériques, facilitant ainsi une participation plus directe des clients, donc bidirectionnelle, en plus d’intégrer des ressources décentralisées. Le microréseau testé à Lac-Mégantic depuis 2021 en est un bon exemple : il permet un fonctionnement autonome, y compris en cas de pannes de réseau, donc plus de résilience.

Voilà de bien lourds mandats.

Pour plusieurs régions, celles qui ne disposent pas d’hydroélectricité ou d’énergie nucléaire, décarboner signifie essentiellement implanter à grande échelle des parcs éolien et solaire. Ce sont des énergies renouvelables, à coûts compétitifs depuis 10 ans, mais intermittentes. Elles ne sont pas actionnables en tout temps. Elles apportent donc une contribution moins fiable en période de consommation de pointe.

Or, cette énergie à fournir en période de pointe coûte cher, d’où l’intérêt d’élaborer des stratégies de gestion de la demande visant à lisser la courbe de consommation.

Rappelons qu’Hydro-Québec a connu une pointe record cette année, début février, atteignant plus de 42 000 mégawatts.

En termes de stockage, les centrales hydroélectriques à réserve pompée sont de plus en plus considérées à l’échelle mondiale comme une solution de longue durée.

Mais ce n’est pas tout pour les électriciens. Cette énergie propre, il faut la transporter et, là encore, les délais d’approbation pour des lignes se sont considérablement allongés ces dernières années, partout dans le monde.

Dans un contexte où il faudra plus de lignes pour acheminer l’électricité propre requise par la transition et plus d’échanges entre différents territoires, cette question est devenue la roche dans le soulier des électriciens.

Aux États-Unis, le gouvernement fédéral en fait une priorité. Il est présentement en pourparlers avec ses différentes agences afin d’accélérer l’obtention des permis de construction de lignes. Le mot clé à Washington : rapidité. L’objectif est en effet de raccourcir les délais, sans perdre de vue les exigences environnementales et d’acceptabilité sociale.

Espérons que la consultation au Québec permettra de discuter sereinement de ces enjeux, et de bien d’autres, pour générer une meilleure compréhension collective des défis de cette transition, devenue le grand défi de notre temps.

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