En réponse au témoignage de Martine Landry, « Des drames évitables en santé mentale », publié le 30 mars1

Action Autonomie, le collectif pour la défense des droits en santé mentale de Montréal, souhaite réagir aux propos tenus par Martine Landry dans son témoignage publié le 30 mars.

Il ne s’agit pas ici de minimiser les difficultés vécues par les proches de certaines personnes porteuses de diagnostics en santé mentale. Cependant, nous avons la conviction que l’autoritarisme et la répression des libertés fondamentales des personnes concernées ne règlent rien et aggravent leur mal-être, notamment en détériorant la relation thérapeutique nécessaire à leur retour à l’équilibre.

Nous avons par ailleurs effectué des portraits détaillés du recours à la loi P-38, la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui, par les établissements de santé montréalais depuis son entrée en vigueur en 19982. Nous avons constaté une augmentation constante du nombre de requêtes (1500 en 1999, plus de 5000 en 2022) ainsi qu’une augmentation de la durée des autorisations de garde obtenues (la norme actuelle est de 30 jours).

De plus, nous avons observé des violations systématiques de la loi par les établissements, notamment en ce qui concerne la durée de la garde préventive, pour laquelle l’autorisation du tribunal n’est pas requise.

Dans un grand nombre de cas, la personne concernée n’est ni présente en cour ni représentée par un avocat. L’audience sur sa garde en établissement est alors expédiée en quatre ou cinq minutes et la requête est presque toujours accueillie par le tribunal.

La solution au problème réel soulevé par Mme Landry ne réside pas dans des privations préventives de libertés ou des allégements qui permettraient un recours encore plus fréquent à la garde en établissement. Elle nous semble passer bien davantage par la poursuite du développement de ressources psychosociales et alternatives qui tiennent compte de la globalité de la vie de la personne plutôt que de son seul diagnostic et qui ont recours à des outils autres que la seule médication pharmaceutique.

Ces ressources existent, elles ont fait leurs preuves. Reste à leur donner les moyens et l’autonomie nécessaires au plein accomplissement de leur mission.

1 Lisez le témoignage : « Des drames évitables en santé mentale » 2 Consultez l’étude d’Action Autonomie Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion