Ces derniers temps, plusieurs se portent à la défense de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui vit assurément des moments difficiles et dont les missions particulières ayant présidé à sa création sont mises à mal. Bien que je me réjouisse de cet amour retrouvé, il ne faut pas tomber dans le misérabilisme.

L’UQAM n’est pas une université exsangue logée dans un quartier à l’abandon. Sans nier ses enjeux et ses défis, il faut se mobiliser positivement pour retrouver ses idéaux et permettre à l’UQAM de reprendre sa place, reprendre ses places !

Une trajectoire vers le haut

L’UQAM, c’est une force et une résilience inégalées. L’université est porteuse d’excellence, accessible et innovante depuis 50 ans, et assurément pour les 50 prochaines années.

Excellente parce qu’elle est l’université publique ouverte, qui a toujours cherché à offrir des apports tangibles à la société, tant en enseignement qu’en recherche et en création.

On ne le dit pas assez, l’UQAM se classe au premier rang en recherche au Québec et au huitième rang au Canada dans la catégorie des universités ne possédant pas de faculté de médecine.

Accessible parce que, dans sa courte histoire, l’UQAM aura diplômé plus de 300 000 étudiantes et étudiants, façonnant ainsi la société québécoise. L’UQAM a toujours eu, avant toute chose, cette mission unique de former les Québécois francophones de première génération.

Innovante parce qu’elle a traduit cette accessibilité sous des formes nouvelles et actuelles.

Sa place dans la société

Pendant la pandémie, un Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM, était sur la place publique pour nous aider à mieux comprendre ce virus et aider à la conception des politiques de santé publique. Un Charles-Philippe David, une Valérie Beaudoin et un Frédérick Gagnon, de la Chaire Raoul-Dandurand, sont en première ligne quand il s’agit d’expliquer les subtilités de la politique américaine. Une Rachel Chagnon, du département des sciences juridiques, nous aide à comprendre les enjeux juridiques complexes des identités de genre et des violences faites aux femmes.

Nous avons des expertises qui peuvent contribuer au développement de notre société en santé et en services sociaux (psychologie, sexologie et travail social) : rien de moins à côté d’un CHUM ! Nous avons des expertises qui peuvent contribuer au développement de l’histoire de notre société, en collaboration avec BAnQ. Nous avons des expertises qui peuvent contribuer à l’amélioration de la qualité de notre environnement, dans un Montréal qui cherche comment lutter contre les changements climatiques.

Sa place dans le cœur du gouvernement du Québec

Le sous-investissement de l’UQAM est un vrai problème depuis plus de deux décennies. Mais la réponse à ce constat ne peut pas se limiter à une longue et sempiternelle plainte. L’expérience des autres universités montréalaises indique clairement que le gouvernement semble toujours à l’écoute des projets rassembleurs et mobilisateurs portés par les institutions universitaires.

Nous devons proposer des solutions novatrices qui se concrétiseront dans des projets porteurs et les partager avec enthousiasme avec les divers ministères du gouvernement du Québec en tout respect de l’indépendance qui est au cœur de notre action.

Il faut retrouver cette place spéciale dans le cœur du gouvernement, qui lui-même a vu à la création de cette Université du Québec, seule et unique université issue de la volonté du gouvernement du Québec, avec un projet de société et d’ouverture sur le monde pour les Québécois.

L’UQAM est aujourd’hui, et plus que jamais, la porte d’entrée des cerveaux francophones et francophiles à Montréal. Ce rôle est crucial, car c’est à Montréal que le français recule au Québec. C’est à Montréal qu’il faut agir si l’on souhaite revitaliser la langue française. L’UQAM, par sa mission d’université francophone au cœur de Montréal, est un acteur incontournable de la prochaine stratégie de francisation du gouvernement du Québec. Pour bien jouer ce rôle, l’UQAM doit retrouver son attractivité.

Ici, il y a clairement un alignement stratégique entre l’université et le gouvernement qui justifierait des enveloppes particulières de financement. Pour cela, il faut une confiance mutuelle qu’il est important d’entretenir.

Sans surprise, plusieurs diplômés de l’UQAM siègent au Conseil des ministres, pensons entre autres à Pascale Déry, à Eric Girard, à Jean-François Roberge, à Martine Biron, à Christopher Skeete. Elles et ils connaissent très bien tout le potentiel de l’UQAM et sa capacité à accompagner le gouvernement du Québec dans ses divers chantiers.

Sa place dans la métropole

Soutenir l’UQAM, ce sera soutenir le redéploiement du Quartier latin, du Quartier des spectacles ainsi que du centre-ville. Créer un pavillon des arts au-dessus de l’édicule du métro Saint-Laurent permettra de raviver le quartier tout en apportant un dynamisme et une effervescence créative très importants pour Montréal. Enfin, l’UQAM pourra – par ses diverses et nombreuses expertises de pointe – accompagner la gouvernance de la métropole dans la revitalisation de l’est de Montréal.

Ce ne sont pas les talents qui manquent, c’est un sens, une direction, une vision qui doivent s’incarner dans un leadership empreint de confiance.

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