Les prochaines semaines seront cruciales pour les gouvernements du Québec et du Canada et la transition verte. Avec des investissements de 370 milliards de dollars américains dans l’économie verte d’ici 2032, l’Inflation Reduction Act (IRA) vise non seulement à accélérer la transition énergétique, mais aussi à rapatrier certaines chaînes d’approvisionnement stratégiques aux États-Unis.

La riposte européenne ne s’est pas fait attendre : le Conseil européen propose de renforcer la compétitivité de l’industrie européenne à zéro émission nette et de soutenir la transition rapide vers la neutralité climatique. Le plan s’articule autour de quatre piliers : un environnement réglementaire prévisible et simplifié ; un accès plus rapide au financement ; l’amélioration des compétences des travailleurs et des travailleuses et l’ouverture du commerce pour des chaînes d’approvisionnement résilientes.

Ces politiques de réindustrialisation, à travers la décarbonation des économies des deux plus grandes économies mondiales, viennent changer l’équilibre des forces avec des pays tiers comme le Canada.

D’amont en aval des grandes chaînes de valeur industrielle, de l’extraction des minéraux et matériaux critiques, en passant par la transformation et la fabrication de produits de tous les jours, l’effet IRA et du Green Deal européen sera gigantesque.

Nos gouvernements doivent faire des choix et agir résolument. Switch, l’alliance pour une économie verte qui regroupe depuis 10 ans des intervenants du monde des affaires, de l’environnement et de la finance, considère que le Québec et le Canada disposent de ressources naturelles critiques et stratégiques, de capacités manufacturières à empreinte carbone réduite, de créneaux économiques distinctifs, de technologies propres prêtes à compétitionner à l’échelle internationale, sans compter une réserve de créativité et d’innovation à faire rougir.

Afin de réaliser ce plein potentiel et dans le respect de l’écoresponsabilité, les programmes et le soutien aux entreprises ou aux projets industriels ciblés doivent certes bénéficier d’un environnement fiscal incitatif et de financement accru, mais surtout de critères d’attribution de ces précieux deniers arrimés avec la transition vers une économie plus verte et plus inclusive. Réussir la décarbonation de notre industrie domestique requiert des efforts massifs et soutenus d’investissements afin d’assurer l’accès à la bonne énergie, le développement et l’accès aux bonnes technologies, tout en assurant l’adaptation responsable et durable de notre main-d’œuvre. Le capital privé qui déjà ne peut suffire à la tâche est maintenant attiré ailleurs, fragilisant d’autant la transition de l’industrie québécoise et canadienne ainsi que les emplois de notre classe moyenne.

De même, à l’instar des partenaires européens et américains qui ne se gênent pas pour introduire de nouvelles mesures fiscales incitatives vertes, les gouvernements d’ici devront optimiser leur structure fiscale, en protégeant, voire en réduisant le fardeau fiscal global, et en la transformant afin d’inciter les contribuables à adopter des comportements plus durables.

Switch suggère au gouvernement de mettre sur pied un groupe de travail qui aura pour mandat d’optimiser l’écofiscalité notamment en poursuivant la diminution progressive et prévisible des émissions industrielles, en favorisant la production de biocarburants, en élargissant l’accès à la dépréciation accélérée des dépenses en capital aux secteurs ciblés et au crédit d’impôt à la recherche et au développement pour les PME en technologies propres et en coordonnant les changements à l’écofiscalité municipale.

Certains diront que la flambée des taux d’intérêt et de l’inflation impose des mesures de soutien immédiates à la population. Avec l’urgence climatique et le contexte économique, une approche durable est nécessaire pour préparer la transition verte et permettre d’assurer que nos travailleuses et travailleurs pourront continuer à prospérer de manière résiliente et n’auront pas à faire face à des délocalisations industrielles qui pourraient s’avérer désastreuses pour les ménages canadiens sur le plan économique, social et environnemental.

Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public la semaine dernière démontre que, sans réductions immédiates et importantes des émissions de gaz à effet de serre, il sera impossible de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. L’Alliance Switch rappelle qu’un sérieux changement de cap est urgent et nécessaire, le contexte actuel impose une redéfinition de notre politique industrielle afin de maintenir et d’accélérer la transition écologique permettant de décarboner notre économie.

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