Grand-oncle d’une des victimes de l’incendie dans le Vieux-Montréal, l’auteur craint d’autres catastrophes du genre devant le laxisme des autorités à faire respecter les lois et règlements en matière d’hébergement

La journaliste de La Presse Isabelle Ducas n’a pas eu besoin d’un personnel imposant pour découvrir en une journée qu’il y avait 4155 logements sur le site Airbnb dans le territoire Ville-Marie⁠1, 45 avec certificats d’occupation. Et elle a noté environ 1000 annonces de logements ou chambres dans le Vieux-Montréal, alors que cette occupation est interdite dans ce territoire.

Lisons bien ce que rapporte cette journaliste dans le numéro du 19 mars : « La Ville n’a pas d’inspecteur pour les règlements, s’en remettant au gouvernement du Québec, dont les inspecteurs n’ont pas le mandat d’appliquer les règlements municipaux. »

Comme dirait l’autre : voilà pourquoi votre fille est muette.

On ne peut faire comme si ces Airbnb illégaux n’existaient pas, car l’organisme Inside Airbnb indiquait qu’à Montréal, 92,8 % des locations sont sans permis, alors qu’à Toronto, c’est 55,8 %, et à Vancouver, c’est 28,5 %, selon le reportage de Radio-Canada2.Peut-on s’étonner qu’avec un tel résultat à Montréal, on risque d’autres désastres en devenir ?

Évidemment, l’excuse de manque de ressources et de personnel est tout indiquée pour éviter toute responsabilité. Avant, c’était la COVID-19 qui excusait tout, maintenant, c’est l’absence de main-d’œuvre.

Au nom des victimes de cette catastrophe, la Ville pourrait faire preuve d’un peu d’imagination pour remédier à ce fléau et à l’absence de contrôle de ces établissements illégaux.

Après tout, la première responsabilité de la Ville est de voir à l’application de ses règlements.

Dans le passé, lorsque la Ville faisait face aux problèmes des maisons de chambres, des mécanismes de collaboration efficaces avaient été mis en œuvre pour tenter d’éliminer ce fléau, et ce, avec l’apport de Québec, sans la technologie existante actuelle.

De nos jours, une panoplie de mesures légales peuvent être prises pour faire cesser rapidement ces occupations illégales (avis d’infraction, contraventions, plaintes répétées). Il faut que le milieu apprenne que la Ville est sérieuse dans sa volonté de s’attaquer à ce fléau et qu’il en coûtera cher à ceux qui ne se conforment pas à la loi.

Pour réussir, il faut s’assurer de la collaboration de Québec et arrêter de se renvoyer la balle.

La dernière question qui se pose concerne la protection des bâtiments patrimoniaux.

Comment se fait-il qu’un édifice patrimonial ne soit pas muni de toutes les protections en matière de sécurité et d’incendie ? Apparemment, ce n’était pas le cas.

Notre patrimoine n’étant pas aussi florissant que celui des pays d’Europe, il faudrait donc s’assurer que nos bâtiments soient inspectés et protégés adéquatement. Difficile de s’expliquer que ce ne fut pas le cas pour l’immeuble incendié.

Là où je réside, bien que le bâtiment soit assez récent, les pompiers viennent une ou deux fois par année inspecter les systèmes d’alarme et d’incendie. À partir des différentes données que possède la Ville, on peut sûrement créer un groupe d’inspecteurs, de pompiers chargés de procéder à un blitz des endroits ciblés, en demandant aussi la collaboration des inspecteurs du gouvernement du Québec.

Me petite-nièce ayant été une victime de cet incendie, je ne peux terminer mes propos sans profondément remercier, au nom de toute ma famille, les pompiers qui ont accompli un travail remarquable au cours de ce difficile combat. Ils ont été profondément affectés par ce sinistre et la famille a eu l’occasion d’en rencontrer quelques-uns qui retenaient à peine leurs larmes, déçus de ne pas avoir pu sauver tout le monde. Je n’oublie pas non plus les policiers et enquêteurs qui ont particulièrement aidé, avec toute leur compassion, le père et la mère de la victime à traverser cette terrible épreuve. On critique facilement le travail des policiers, mais on oublie trop souvent qu’eux aussi sont affectés par ces drames. Songez à ceux qui ont capté les appels au secours et aux policiers qui les ont entendus, mais qui, en fin de compte, se sont trouvés impuissants face à ce drame et à d’autres semblables. Merci encore pour ce que vous avez fait et continuez de faire.

1. Lisez l’article d’Isabelle Ducas « Des centaines de logements Airbnb illégaux dans le Vieux-Montréal » 2. Lisez le reportage de Radio-Canada : « L’inaction des autorités contre Airbnb montrée du doigt » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion