Nous sommes un Collectif de fondations qui fédère 17 fondations philanthropiques mobilisées autour d’une préoccupation commune pour les inégalités au Québec, et animées d’une volonté de contribuer à les réduire.

En promulguant la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 13 décembre 2002, et en l’accompagnant d’une Stratégie nationale et de plans d’action, le gouvernement du Québec a souhaité que l’ensemble de la société québécoise se mobilise autour de cet objectif. L’actuel premier ministre du Québec, François Legault, en fut d’ailleurs partie prenante. L’adoption de cette loi avait été perçue comme une avancée importante et un engagement audacieux de la part des parlementaires. Nous pouvions être fiers de cette volonté de ne laisser personne derrière.

Vingt ans se sont déjà écoulés. Le gouvernement du Québec a manifesté son désir d’adopter d’ici l’automne prochain un plan d’action actualisé lui permettant de relever les défis que pose la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

En sus des rencontres privées que tient présentement la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire avec plusieurs acteurs sociaux, nous pensons que la nature même d’une telle politique gagne à s’inscrire dans une démarche ouverte permettant à toutes les organisations qui se sentent interpellées par cet enjeu de participer. À titre de Collectif de fondations, nous avons bon espoir que le gouvernement lancera des consultations publiques qui permettront aux citoyens et citoyennes, ainsi qu’à la société civile, dont les organismes communautaires, de nourrir les réflexions menant à l’élaboration d’un nouveau plan d’action. Nous sommes d’ailleurs persuadés que les solutions à mettre en œuvre seront porteuses de résultats durables en faisant appel à l’expertise de ces différents acteurs de la société civile.

Les consultations prébudgétaires du ministre des Finances du Québec étant terminées, nous voyons dans le dépôt du prochain budget une occasion de lancer officiellement une telle démarche.

Détérioration des conditions de vie

Faut-il le rappeler, les inégalités de revenu et de richesse ne cessent d’augmenter depuis plus de 25 ans. Malgré tout le travail déjà accompli, trop de personnes et de familles ont vu leurs conditions de vie se détériorer ces dernières années. L’actualité nous rappelle quotidiennement qu’il est de plus en plus difficile pour un nombre croissant d’entre elles de trouver un logement abordable. Le budget de l’épicerie augmente sans cesse. Le coût de la vie croît à vue d’œil. Cette détérioration des conditions de vie est plus marquée pour certaines personnes en raison de divers facteurs comme l’âge, le handicap, le genre, la monoparentalité ou l’origine ethnique, entre autres.

La situation économique actuelle, avec un taux d’inflation jamais vu depuis 40 ans, met une pression grandissante sur les dépenses essentielles (se loger, se nourrir, se déplacer, etc.). Selon un sondage Léger réalisé du 25 août au 2 septembre dernier pour le compte de Centraide du Grand Montréal, 85 % de la population disait ressentir une anxiété financière, avec une proportion plus grande chez les personnes ayant des revenus modestes. La pauvreté et les inégalités sont en hausse. Nombreux sont ceux et celles qui ressentent une pression financière. Les voyants sont au rouge.

Dans le contexte actuel, par souci de rester cohérents et d’obtenir des retombées positives pour toute la population, nous croyons que la réduction des inégalités devrait guider l’ensemble de l’action gouvernementale.

Au début du mandat actuel, nous avons exprimé notre espoir que le gouvernement utilise tous les leviers à sa disposition pour réduire les inégalités, et qu’il en mesure les effets. Nous réitérons ce souhait.

En tant que fondations, nous sommes appelées à faire notre part afin de nous attaquer aux effets des inégalités. Il en va de notre responsabilité commune. Pour les réduire cependant, c’est le gouvernement qui joue le rôle de premier plan.

À quelques heures du dépôt d’un nouveau budget par le gouvernement du Québec, nous invitons le ministre des Finances et l’ensemble du gouvernement du Québec à bien mesurer l’effet que les mesures budgétaires et fiscales peuvent avoir sur la réduction effective des inégalités.

Grâce aux politiques et aux programmes instaurés au cours des dernières décennies, le Québec se compare encore, et malgré tout, favorablement aux autres provinces canadiennes et à d’autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Or, devant la montée inflationniste de la pauvreté et des inégalités sociales, nous demandons que tout soit mis en œuvre pour s’assurer que le Québec reste une société où les inégalités demeurent les moins grandes en comparaison aux autres provinces canadiennes.

Consultez le site du Collectif des fondations québécoises contre les inégalités Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion